
Cheikh Ahmed Jalmam
Chrara, création pour calligraphie et corps de Nja Mahdaoui et Latika
Fekiri
Cheikh Ahmed Jalmam ( chants sacrés de Tunisie) suivi de Chrara, une création pour calligraphie et corps de Nja Mahdaoui et Latifa Fekiri
Cheikh Ahmed Jalmam est aujourd'hui le chanteur le plus adulé de Tunisie. Agé de 36 ans, il vit dans une ancienne Zawiya au coeur de la vieille médina de Tunis. Tous les vendredi on peut entendre son appel à la prière diffusé du haut du minaret de la mosquée Sidi Bachir, ainsi que ses cantillations des versets du Coran. Ahmed Jalmam n'est rattaché à aucune confrérie, mais il baigne dans cet univers spirituel et sacré depuis son enfance quand, orphelin, il allait trouver un peu de réconfort et de chaleur dans les mosquées.
Les cassettes qu'il a enregistrées avec son groupe composé de cinq chanteurs et d'un joueur de nay s'arrachent sur le marché et sont allègrement piratées. Pendant le Ramadan, cheikh Ahmed Jalmam et son groupe sont sollicités par les familles tunisiennes, des plus riches aux plus pauvres. Ils vont dans les maisons réciter des versets du Coran, et interpréter des chants de fête, ainsi que des textes soufis qui ont été intégrés à la tradition populaire. Mais Ahmed Jalmam et son groupe sont surtout connus pour le " Hizb al Latif ", cette série de 7 versets du Coran dans lesquels Dieu est mentionné par le mot " Latif ", un de ses attributs, suivis des prières et invocations qui apportent la baraka (bénédiction) dans une nouvelle maison et qui conjurent le mauvais œil.
L'art d'Ahmed Jalmam s'inscrit dans la pure tradition des muezzin et des récitants coraniques : sa voix à la fois puissante, tendue et souple se prête à merveille à ce style vocal dont la beauté réside avant tout dans les mélismes et une parfaite maîtrise des modes musicaux. Ainsi dans les litanies du Hizb al Latif, ses longues envolées vocales qui semblent planer avec une apparente liberté sur les invocations obsédantes de ses chanteurs nous rappellent par leur évidente sensualité que l'Islam est aussi religion de l'amour.
Nja Mahdaoui, le grand artiste calligraphe tunisien a imaginé et créé Chrara (étincelle), un spectacle qui associe le corps à l'écriture.
La comédienne Latifa Fekiri élabore graduellement à l'aide du jeu et de la danse son itinéraire initiatique, transgressant toute aspiration de sacralité rituelle. Elle improvise et exécute une danse inspirée des graphismes élaborés par Nja Mahdaoui pour cette performance. Elle sculpte dans l'espace de nouvelles formes, célèbre la lettre d'une culture de mutation, et met en valeur l'esthétique et la beauté abstraite des calligraphies de Nja Mahdaoui.
Après les chants sacrés , cette dernière partie nous fera découvrir une nouvelle approche du corps en terre d'Islam.
101, boulevard Raspail 75006 Paris