Acteur protéiforme (n'a t-il pas été, à lui seul, vingt personnages dans Le Tour du Monde en Quatre-vingt Jours à la Comédie des Champs-Elysées), Scapin qui fit merveille au Théâtre des Variétés, aussi à l'aise dans le répertoire classique que dans le moderne, partenaire des plus grands, Jacques Marchand ne présente à mes yeux qu'un défaut : la modestie, Vertu peu gratifiante en ces temps médiatiques. Aujourd'hui, l'espace s'est singulièrement rétréci, nous allons au Machu-Pichu comme s'il s'agissait de se rendre à Montélimar ; notre globe est devenu un petit pois.

C'est en Polynésie que j'ai découvert Jacques Marchand ! Oui, à Papeete où il interprétait un de mes bagnards dans "Poivre de Cayenne". Jeu d'une extrême sûreté ; à la fois subtil et épicé et qui eut le don de mettre en liesse l'auteur et les spectateurs. Découvert : je veux parler aussi de l'homme dont l'attention aux autres, une véritable gentillesse, un esprit enclin à la gaieté en font aussi un accorte compagnon. On l'aura compris : par son talent et son "urbanité" comme on disait encore au début du XX, siècle, Jacques Marchant fait partie de ma famille.

René De Obaldia de l'Académie Française