Dee Dee Bridgewater

Dee Dee Bridgewater

Biographie
Discographie

Les jazzophiles français découvrent Dee Dee Bridgewater par une chaude nuit d’août 1973. Autour de minuit, sous un ciel étoilé, avec les cigales en fond sonore et la Grande Bleue pour décor. Cheveux ras, silhouette et port de princesse Masaï, visage d’ange et voix de velours, la jeune femme (23 ans) n’interprète que trois titres mais cela lui suffit pour subjuguer public et critique : «Vint enfin Dee Dee Bridgewater, merveilleuse chanteuse que l’on attend très grande d’ici quelques années», écrit alors Alex Dutilh dans le numéro 298 de la revue Jazz Hot. Ce soir-là, Dee Dee officie au sein du Jazz Orchestra que codirigent le trompettiste et arrangeur Thad Jones et le batteur Mel Lewis, l’une des formations les plus attendues du Festival de Chateauvallon et la plus brillante des grosses cylindrées new-yorkaises. La Belle a séduit l’Hexagone, mais nul ne sait encore qu’elle viendra s’y établir définitivement onze ans plus tard.

Denise Bridgewater naît sur les rives du Mississippi, à Memphis, Tennessee, le 27 mai 1950. Jazz et blues l’attendent au coin du berceau : son père, le trompettiste Matthew Garrett, l’une des pointures de la sphère swing locale, enseigne à la Manassas High School de Memphis (parmi ses élèves : Booker Little, Frank Strozier, George Coleman, Charles Lloyd, Harold Mabern, Phineas Newborn...). Lycéenne à Flint, Michigan, où elle a grandi, Dee Dee opte pour le chant et monte un trio vocal spécialisé dans le rock et le rhythm’n blues. En 1970, inscrite à l’Université de l’Illinois, elle rencontre et épouse l’un des piliers de l’orchestre maison, le trompettiste Cecil Bridgewater, puis le suit à New York lorsqu’il est embauché par Horace Silver.

Les années 70 commencent et, avec elles, les choses sérieuses. Dee Dee joue désormais dans la catégorie professionnels et s’attaque à pleine dents à la Grosse Pomme. Premier vrai job, dès janvier 1971 : la place de chanteuse dans le big band de Jones et Lewis, qui se produit tous les lundis soirs au Village Vanguard. Elle y retrouve mari et beau-frère (Ronald Bridgewater, saxophoniste ténor et clarinettiste) et y reste jusqu’en 1974, peaufinant son apprentissage et gravant au passage le mémorable The Great One (Suite for Pops, A&M Records, 1972). Miss Bridgewater ne s’en tient pas là. Elle explore avec avidité, du Nord au Sud, d’Est en Ouest, tous les lieux du Manhattan syncopé et collabore à un grand nombre de projets ou expériences. Entre autres : le Loud Minority Big Band du saxophoniste et arrangeur Frank Foster, la formation du bluesman Buddy Terry, celle, modale et libertaire, du saxophoniste Pharoah Sanders, les groupes du batteur Norman Connors, du percussionniste M’Tume ou du bassiste Stanley Clarke qui, entre free, funk et références afro, inventent une voie parallèle au jazz-rock…

En juillet 1973, dans le cadre du festival Newport in New York, la chanteuse participe à une relecture publique, à la St. Peter’s Church, de la sulfureuse et difficile Freedom Now’s Suite du batteur Max Roach (dans le quartet duquel joue aussi Cecil, décidément fort demandé en ces années-là) : sa réputation, parmi les musiciens, grimpe en flèche. S’enchaîneront alors quantité de gigs aux côtés, notamment, de Roy Haynes, Sonny Rollins, Dexter Gordon, Dizzy Gillespie, Cecil McBee, Billy Harper, Reggie Workman, Roland Kirk, Jeanne Lee, Heiner Stadler, Cecil et Ronald Bridgewater… Afro Blue, son premier album personnel, paraît en 1974, quasiment sous le manteau, produit par le label japonais Trio Records. A partir de 1976, Dee Dee, qui vient de se séparer de Cecil Bridgewater, signe pour une major (Warner) et abandonne peu à peu les sentiers escarpés du jazz pour emprunter les lisses autoroutes du funk, de la disco et de la FM Music. Sur label Atlantic ou Elektra, elle publie une série de faces commerciales d’un intérêt aujourd’hui des plus limités. Sur scène, elle apparaît à Broadway, dans la comédie musicale The Wiz.

En 1984, tête d’affiche d’une autre revue, Sophisticated Ladies, Dee Dee est à Paris. Divorcée une deuxième fois, en quête d’une vie plus douce, moins stressante, moins violente que celle de New York ; en quête, aussi, d’authenticité, elle décide de s’établir en France. C’est le départ d’une seconde carrière, l’amorce de son retour au jazz et l’aube d’une notoriété et d’un succès qui ne vont plus aller, désormais, que croissant. Au fil des ans, Dee Dee tisse sa toile parisienne. Elle tient le rôle de Billie Holiday dans la pièce Lady Day, participe à la création de l’opéra Cosmopolitan Greetings de George Gruntz et Allen Ginsberg, fait salle comble, au New Morning, à la tête d’un tout nouveau quartet où brillent le pianiste Hervé Sellin, le bassiste Tony Bonfils et le batteur André Ceccarelli…

En 1990, consécration suprême, elle enregistre un duo avec Ray Charles, Precious Thing, qui la propulse au sommet des charts ! A l’instar de Josephine Baker dans les années 30, la diva Black est devenue la coqueluche du public français, dont elle a adopté langue, manières et mode de vie. Télévisions, concerts, clubs, festivals… on la voit partout. Alors qu’Ella Fitzgerald, Billie Holiday, Sarah Vaughan, Dinah Washington, Carmen McRae et Betty Carter ont disparu, elle est l’incarnation universelle de La chanteuse de jazz, experte ès-scat, à l’aise en tout contexte et sur tout tempo, sensuelle, nuancée et expressive. Ici, la sublime héroïne d’un Cabaret follement déjanté signé Jérôme Savary. Là, la soul sister accomplie de Bad for Me, ballade funky enregistrée en compagnie de sa fille China (China, Source 1996). Ou encore la prestigieuse invitée vedette de l’orchestre de Claude Bolling pour quelques recréations «ellingtoniennes» de derrière les fagots…

Dee Dee Bridgewater enregistre, dans d’excellentes conditions, et produit de remarquables disques de jazz pur. Keeping Tradition (1992) la présente en quartet avec Thierry Eliez (piano), Hein van de Geyn (contrebasse) et «Dédé» Ceccarelli. Love and Peace (1994), consacré à la musique d’Horace Silver, la voit croiser le fer avec le maître lui-même, Jimmy Smith à l’orgue et les incontournables frères Belmondo - Stéphane (trompette) et Lionel (sax ténor) -, champions du groove made in France. Dear Ella, enfin, gravé à New York, Los Angeles et Londres en 1997, somptueux hommage rendu à Ella Fitzgerald, affiche un casting éblouissant : Lou Levy (piano), Kenny Burrell (guitare), Milt Jackson (vibraphone), Ray Brown (contrebasse), Grady Tate (batterie), Slide Hampton (trombone), Cecil Bridgewater (trompette), Antonio Hart (saxophones)…

Tout dernier opus, saisi à vif dans un club d’Oakland (Californie) les 23, 24 et 25 avril 1998, Live at Yoshi’s est un véritable feu d’artifice. Soutenue par une section rythmique superlative - Thierry Eliez (piano et orgue), Thomas Bramerie (contrebasse) et Ali Jackson (batterie) -, Dee Dee Bridgewater est tout simplement impériale. Une musicienne à part entière, conjuguant énergie, virtuosité, swing, grâce, humour et bonheur de jouer pour un tour d’horizon complet des atmosphères jazzy. Caressante ou joviale, soyeuse ou canaille, sombre ou extraordinairement lumineuse, la voix explore tour à tour scat, bop et tradition mainstream (Undecided, What a Little Moonlight Can Do et Cotton Tail, pris sur tempi d’acier), ballades (Slow Boat to China, Stairway to the Stars, Midnight Sun), hard-bop musclé (Cherokee) et funk plus ou moins relevé (un court Get Up I Feel Like Being a Sex Machine, preaché façon James Brown et un long (14 mn) Love for Sale délicieusement déstructuré et revisité à la manière du Herbie Hancock de la période Headhunters). Live at Yoshi’s confirme avec éclat ce que nous soupçonnions déjà : Dee Dee Bridgewater est l’une des artistes majeures de cette fin de siècle et, concernant le jazz vocal, l’une des plus belles promesses pour le prochain.

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This is new,  Universal Jazz/Verve Avril 2002
Live at Yoshi's Universal/Verve 2000
Dear Ella Polygram Jazz/Verve 1997
Prelude to a Kiss: The Duke Ellington Album Philips Classics 1996
Dee Dee Bridgewater Compilation Album MCA/BMG 1995
Love and Peace (A Tribute to Horace Silver) Polygram Jazz/Verve 1995
Keeping Tradition Polygram Jazz/Verve 1993
In Montreux Polygram Jazz 1991
Victim of Love feat. Ray Charles Polydor 1990
Live in Paris MCA/Impulse 1987
Dee Dee Bridgewater Elektra 1980
Bad for Me Elektra 1979
Just Family Elektra 1978
Dee Dee Bridgewater Atlantic 1976
Afro Blue Trio Records 1974

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De 1999 à hier - Dee Dee Bridgewater

Barrière Enghien Jazz Festival : Dee Dee Bridgewater / Irvin Mayfield

Théâtre du Casino d'Enghien, Enghien-les-Bains

le 25 juin 2015
MUSIQUE & DANSE Concert Festival Jazz, blues & gospel Terminé
  • Avec : Dee Dee Bridgewater, Irvin Mayfield
La chanteuse Dee Dee Bridgewater et le trompettiste Irvin Mayfield se sont unis pour rendre un hommage scénique et discographique au berceau du jazz qu’est la Louisiane. Pour leur première date en France, les deux complices seront soutenus par l’exceptionnelle qualité musicale de The New Orleans 7, formation issue du New Orleans Jazz Orchestra (NOJO) fondé en 2002 par Irvin Mayfield.
Dee Dee Bridgewater & Ramsey Lewis

L'Olympia, Paris

le 1 juil. 2013
MUSIQUE & DANSE Terminé
  • Avec : Dee Dee Bridgewater, Ramsey Lewis
Deux légendes du jazz réunies sur un même plateau pour le projet The Soul Of Jazz : Dee Dee Brigdewater & Ramsey Lewis, ensemble en concert exceptionnel le 1er juillet 2013 à l’Olympia !
Dee Dee Bridgewater - Red Earth, a Malian Journey

Rutebeuf, Clichy La Garenne

le 16 nov. 2007
MUSIQUE & DANSE Coup de cœur Terminé
  • Avec : Dee Dee Bridgewater
Dee Dee Bridgewater’s Malian project représente une nouvelle étape dans la carrière de la Diva américaine. Ce projet souhaite mettre à jour les rapports intimes de deux mondes musicaux, la fusion naturelle de la musique malienne avec le jazz. Première partie : China Moses.
Dee Dee Bridgewater - Red Earth, a Malian Journey

Théâtre du Casino d'Enghien, Enghien-les-Bains

le 1 juil. 2007
MUSIQUE & DANSE Coup de cœur Terminé
  • Avec : Dee Dee Bridgewater
Dee Dee Bridgewater’s Malian project représente une nouvelle étape dans la carrière de la Diva américaine. Ce projet souhaite mettre à jour les rapports intimes de deux mondes musicaux, la fusion naturelle de la musique malienne avec le jazz. Première partie : China Moses.
Dee Dee Bridgewater

Avant-Seine, Colombes

le 8 mars 2005
MUSIQUE & DANSE Terminé
  • Avec : Dee Dee Bridgewater
Dee Dee Bridgewater est l’une des artistes majeures de cette fin de siècle et, concernant le jazz vocal, l’une des plus belles promesses pour le prochain.