Daniel Humair, 67 ans, batteur, compositeur, peintre. Depuis la fin des années 1950, cet artiste avance dans le jazz comme il peint ses toiles, de façon introspective, guidé par l’urgence de créer. Il a collectionné les prix, joué aux côtés de géants, comme les saxophonistes Cannonball Adderley et Dexter Gordon, le pianiste Martial Solal, la chanteuse Helen Merrill, et s’est mis à l’avant-garde avec Michel Portal.

Daniel Humair a tout connu de l’histoire du jazz et de ses mystères : “La chance des musiciens de ma génération est d’avoir eu la possibilité de côtoyer les plus grands à une époque où l’échange se vivait au quotidien. Tout le monde jouait avec tout le monde et je pense que c’est la meilleure façon d’apprendre”. Ainsi parle modestement ce batteur émérite, également peintre de talent, qui continue de tremper ses baguettes, ses balais et ses pinceaux dans le creuset coloré et chatoyant d’un art libre, fécond, sans cesse renouvelé.

“Pour moi, le jazz, c’est un type qui vient avec des copains et qui fabrique, sur scène, une musique fondée sur l’échange. C’est une conversation entre des gens qui connaissent parfaitement cette musique, de Louis Amstrong à l’avant-garde, et qui se promènent dans le même bois pendant toute leur vie, y découvrant des chemins, des arbres et des fruits qu’ils n’avaient vus auparavant.” Daniel Humair, L’Express, le 30 mai 2005