Et si, pour les musiciens du dancefloor, le moment était arrivé de reconquérir, sur scène, le geste instrumental ? Et si l’on pouvait faire danser les foules, non plus à l’aide de deux platines, un ordinateur, un synthé ou une boîte à rythmes, mais à l’aide d’un instrument plus physique et ancestral, obéissant aux gestes précis d’un musicien ?
C’est l’ambition et l’inspiration du nouveau projet solo du percussionniste et batteur, Antonin Leymarie. Sous le pseudonyme de Hyperactive Leslie, le musicien français explore une forme singulière de musique ouverte et rythmique, à mi-chemin entre l’acoustique et l’électronique, inspirée à la fois par la techno minimale et par les percussions de l’Afrique de l’ouest. « Avec ce nouveau projet musical » dit-il, « c’est comme si je devenais moi-même le séquenceur, comme si je remplaçais le cerveau de la boîte à rythmes ».
Plus prosaïquement, Antonin est aux commandes d’une batterie qu’il définit comme « augmentée », sur laquelle sont disposés des objets et des matières comme des petits bouts de métal ou de gomme, du Gaffer, de petites percussions cassées comme des karkabous d’Afrique du Nord, des tambourins ou même une vieille cithare, dont les cordes et la résonance apportent des harmoniques particulières.
Ces objets, ainsi que certaines parties de l’instrument, sont par ailleurs équipés de micros dits « piezo » qui captent en direct son jeu de batterie. Ces micros transmettent le signal à travers différents procédés de transformation et de traitement du son (delay, filtre, réverb) ainsi qu’à travers un instrument nommé Pearl Syncussion. Ce petit synthétiseur percussif des années 1970, très prisé par Aphex Twin, permet en retour de délivrer de très beaux sons de basse, dont Antonin peut contrôler le timbre et la durée.
Ainsi, contrairement à la plupart des musiciens électroniques actuels qui jouent sur scène, Antonin contrôle en direct l’ensemble de son jeu et de son dispositif, sans l’aide d’un ordinateur ou de séquences préenregistrées. Pour autant, Antonin, qui vient d’une pratique ouverte et curieuse du jazz, n’a rien contre l’electro et la techno. « Avec ce dispositif » continue-t-il, « j’obtiens un son plus mat que la batterie traditionnelle, moins résonnant, qui évoque directement celui de la techno minimale qui m’a beaucoup inspiré pour ce projet et dont j’admire des figures comme Robert Hood, Jeff Mills ou Richie Hawtin ».
Antonin n’est pas le seul musicien, passé par les conservatoires, doté d’une solide formation musicale, rodé au classique, au contemporain ou au jazz, à s’intéresser aux innovations de la scène électro. « Il y a en effet toute une scène émergente » confirme-t-il, « qui rassemble en France des gens comme Cabaret Contemporain et leur pianiste Fabrizio Rat, en Allemagne le trio Brandt Brauer Frick, ou encore les new-yorkais de Dawn of Midi. Chacun d’eux pratique une forme musicale rythmique et répétitive, traduisant leur vision subjective de l’électro et de la dance music, exempte des solos caractéristiques du jazz, et qui démontre leur envie de se confronter à un public debout, sur le dancefloor, comme en club. » Au-delà de la techno, ce sont aussi des musiciens hors-norme comme Billy Martin du trio Medeski Martin & Wood, Laurence Pike ou encore Ian Chang, qui l’on poussé à explorer ce libre univers musical où la batterie se réinvente à travers l’improvisation, l’expérimentation ou la fusion avec les machines.
Le chemin d’Antonin vers cette singulière réinvention de l’électro a été long. Né en 1977 aux Lilas, il s’initie au solfège, au piano et aux percussions classiques au conservatoire Hector Berlioz de paris, au cours de son enfance et de son adolescence. À l’âge de 18 ans, au lieu de poursuivre sa formation classique, il préfère se tourner vers l’Afrique et part régulièrement dans des pays comme le Mali, pour se former aux percussions traditionnelles (tambour, djembé, dum dum).
À Paris, il continue toutefois à se former à la batterie-percussion et à la batterie traditionnelle, avant de partir jouer sur les routes au sein de la troupe du cirque contemporain, Les Colporteurs. En 2003, il décide toutefois de renouer avec les études et entre cette fois-ci au prestigieux conservatoire du CNSM de Paris, où li se forme alors aux percussions jazz. Dès lors, il participera à de nombreuses aventures musicales à la lisière du jazz et d’une musique contemporaine et curieuse.
Tout d’abord au sein du grand ensemble du Surnatural Orchestra, un ensemble de 20 musiciens, avec la compagnie Imperial Orpheon (dont il est l’un des fondateurs) et son Imperial Quartet, sans oublier, à partir de 2006, une longue collaboration avec le célèbre metteur en scène et dramaturge Joël Pommerat, pour lequel il compose la musique de nombreuses pièces.
Enfin, entre 2012 et 2020, il fonde le Magnetic Ensemble, un groupe au croisement de l’électronique et de l’acoustique, dont les nombreux concerts et l’album Rainbow (2018) lui inspirent cette nouvelle direction en solo avec Hyperactive Leslie. Ce pseudonyme a pour origine la « cabine Leslie », une enceinte et un résonateur en forme de cube, qui apporte au mythique orgue Hammond, dont Antonin est fan, sa sonorité si chaleureuse et organique.
Photo : © Gaëlle Astier-Perret
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