Sidonie Gabrielle Colette est née en 1873 à Saint-Sauveur-en-Puisaye.
Au sortir d'une adolescence passée dans cette "Bourgogne pauvre" qu'elle évoque si souvent, notamment dans Claudine à l'école, (1900), elle épouse (1893) l'écrivain H. Gauthier-Villars (Willy) qui l'incite à décrire la " vie remuante d'oisifs affairés " des milieux parisiens.
Peinture pleine d'une curiosité mêlée de mépris, d'une effronterie de commande, la série des Claudine (1900-1903), signée du nom de Willy, connaît un succès "scandaleux" (Mes apprentissages, 1936).
Après son divorce (1906), Colette fait l'expérience de la scène, en tant que mime (L'Envers du music-hall, 1913), années d'errance dont elle livre le récit transposé dans Les Vrilles de la vigne (1908), La Retraite sentimentale (1907) et La Vagabonde (1910).
Remariée (1912) à H. de Jouvenel, avec lequel elle collabore au Matin (Les Heures longues, 1917 ; Dans la foule, 1918 ; Aventures quotidiennes, 1924), puis, en 1935, à Maurice Goudeket, Colette va désormais, de livre en livre, retracer les étapes de sa vie, recherche d'un équilibre calqué sur celui de la nature, choses et bêtes.
Tôt éveillées aux troubles de la sensualité (Le Blé en herbe, 1923), ses héroïnes s'efforcent d'harmoniser leurs sentiments avec leurs sens (L'ingénue libertine, 1909) ; souvent déçues, excepté dans Mitsou (1919) et Gigi (1943), et comprenant que "l'amour n'est pas un sentiment honorable", elles préfèrent s'enfuir (La Vagabonde, 1910) ou renoncer (Chéri, 1920) avant que ne viennent les désillusions. Dans la solitude et au sein d'une nature exaltée avec lyrisme (La Naissance du jour, 1928), elles retrouvent cette "effrayante pureté de la nature que l'homme abîme par le désordre de son ordre et par les verdicts absurdes de son tribunal" (J. Cocteau).
Imitant la patience humble et fervente de sa mère Sido (célébrée dans La maison de Claudine, 1922, et Sido, 1930), Colette à son tour refuse la vulgarité des humains (Julie Carneilhan, 1941) en lui opposant la courtoisie hautaine des bêtes (La Chatte, 1933).
Elle excelle à évoquer le pays natal, qui reste "une relique, un terrier, une citadelle, le musée de (sa) jeunesse", et sait appréhender le mystère de l'âme animale (Dialogues de bêtes, 1904 ; Prisons et Paradis, 1932 ; Chats, 1936).
Lucide et impitoyable connaissance de soi et des autres, appréciation sensuelle et passionnée du monde, l'œuvre de Colette (jusqu'aux derniers ouvrages, L'Etoile Vesper, 1947 et Le Fanal bleu, 1949) est servie par une prose la fois précise et savoureuse, presque gourmande, d'un art toujours très sûr.
Le Petit Robert
En 1945, elle est la première femme élue à l’Académie Goncourt. Elle s’éteint à Paris en 1954 dans son appartement du Palais-Royal et reçoit des obsèques officielles civiles.
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