Vice-versa

du 14 mai au 6 juin 2009
1 heure

Vice-versa

Bull est un bon gars, rugbyman. Alan Margoulis est son médecin. Il a une charmante secrétaire. Bull débarque un jour avec une drôle de plaie derrière le genou… L’intrigue peut sembler mince, très vaudeville. C’est sans compter sur l’esprit délirant de Will Self, romancier anglais qui convoque de manière farfelue certains de nos fantasmes les plus…tortueux. ildi!eldi fait de ce roman surréaliste une mécanique de théâtre hilarante et de haute précision.

Machine théâtrale hilarante
Extrait
Une forme d’anticipation sociale...
Entretien
Le collectif Ildi!eldi

  • Machine théâtrale hilarante

Will Self appartient à une brillante génération d’écrivains britanniques (Martin Amis, Jonathan Coe, Ian McEwan) qui se sont attaqués à la société anglaise contemporaine avec les armes de la dérision et de la satire, un des traits d’ailleurs dominants de la tradition littéraire nationale. Cock and Bull, donc, ou deux nouvelles sexuelles et déjantées qui ont comme ennemi commun l’Angleterre de Margaret Thatcher, traduites Vice-Versa en français.

Bull est un bon gars, rugbyman. Alan Margoulis est son médecin. Il a une charmante secrétaire. Bull débarque un jour avec une drôle de plaie derrière le genou... L’intrigue peut sembler mince, très vaudeville. C’est sans compter sur l’esprit délirant de Will Self, qui convoque de manière farfelue certains de nos fantasmes les plus... tortueux.

Mais comment créer une machine théâtrale sur mesure à partir de ce roman ? C’est la question du collectif ildi!eldi, en l’occurrence Sophie Cattani, Antoine Oppenheim et François Sabourin, dont le projet se déclare clairement festif et burlesque. Moins qu’à la forme théâtrale, ils s’avouent sensibles au sens : « La forme est le fond qui remonte à la surface, alors on se concentre sur le sens, et la surface se créera quasiment d’elle-même. » Dans un rapport simple et complice avec le public, le collectif trouve ainsi les moyens de faire voir (et surtout entendre) le sexe sans le mettre directement sous les yeux.

Par le collectif Ildi!eldi, d’après la traduction française Vice-Versa du roman anglais Cock and Bull deWill Self, traduit par Marie-Pierre Pasquier, éd. du Seuil.
Libre adaptation Sophie Cattani, François Sabourin.

  • Extrait

''... Quand bien même ces réflexions rationelles pourraient aider Alan à sortir du labyrinthe psychologique dans lequel il s'est aventuré à dix heures moins dix, le voilà soudain bloqué tout net par un nouvel élan lubrique. Elan qui lui impose une vision de l'anatomie de Bull, baignant dans une lumière toute différente, bijou rose nacré tendrement érotique... Alan voit Bull posant nu dans l'ombre zébrée des stores vénitiens : un peu comme Richard Gere dans American Gigolo. Il pivote gracieusement sur une jambe, tel un discobole, présentant le creux de son genou au regard du voyeur muet. Son pubis numéro deux, enserré dans une toute petite culotte..."

Vice-Versa, Will Self

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  • Une forme d’anticipation sociale...

Le nom du collectif Ildi!eldi sonne étrange, quelque chose d’un peu suisse peut-être, tendance montagnes et Heidi, mais il n’est en fait que la retranscription phonétique d’une situation de parole extrêmement fréquente : une personne raconte quelque chose à une autre, dans un bar ou dans un ascenseur, et cela donne : alors elle dit…, alors il dit…, alors elle dit… etc.

En linguistique, ces signes du discours portent un nom savant : impact théâtral du discours direct rapporté, parce que les « il dit » « elle dit » permettent de jouer en partie avec les ruptures prosodiques et les imitations de l’énonciation, comme pourrait le faire un acteur sur une scène. Il s’agit, en fait, autant de jouer la situation que de la raconter, ou plutôt de se situer dans l’entre-deux : un peu on joue, un peu on raconte. Un peu on accélère le rythme de la parole, un peu on met le ton, un peu on prend la voix d’un autre.

Que Sophie Cattani, François Sabourin et Antoine Oppenheim, les trois membres du collectif ildi!eldi aient choisi un tel nom à leur compagnie n’est évidemment pas anodin. C’est déjà un engagement dans une certaine forme de théâtre : « On a vraiment le goût du jeu, du théâtre et de la langue. ildi!eldi c’est une façon d’annoncer qu’on va dire les choses plutôt que les montrer. On s’est rendu compte ensuite qu’il y avait un exercice de Brecht qui avait cette forme. Les acteurs devaient raconter quelque chose avec ces il dit, elle dit. Cette façon de raconter, au final, crée une sorte de distanciation, un espace où s’engage la conscience, et moins l’affect. C’est vrai qu’on serait pas loin de ça en théorie. »

Ce que révèle leur première pièce, Vice-Versa, une adaptation d’un court texte de l’écrivain anglais Will Self, c’est aussi qu’ils ont le goût des situations à la fois ordinaires et cocasses, tout à fait le genre de situations qu’on pourrait se raconter entre soi. Sophie Cattani, à sa première lecture du texte de Will Self, a d’ailleurs eu le sentiment d’être face à une langue à dire, et que cette nouvelle de Self était un bon texte pour le théâtre. Une langue à dire c’est-à dire « une langue qu’on a envie de mâcher et de faire entendre, une langue qu’on a besoin de sortir de la lecture intime, une langue qu’on perçoit en situation avec quelqu’un qui la dit et quelqu’un qui l’écoute. » Le genre de langue parfaite pour un plateau.

L’autre trait qui attire le trio chez Will Self est la forme d’anticipation sociale qu’il donne à ses textes : en général un livre de Will Self commence par un violent déplacement du réel. Dans Les Grands Singes, par exemple, les humains se mettent à agir à l’imitation des singes bonobos. Dans Vice-Versa, c’est une certaine cicatrice derrière un genou qui va changer le cours d’une vie. Ce déplacement du réel qui ouvre les vannes d’une science-fiction soft permet de s’engager dans une exploration en profondeur de l’humain, avec en même temps une bonne dose d’humour décalé et de truculence.

Stéphane Bouquet

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  • Entretien

La truculence est importante chez un trio qui a le goût de la fête ?
Il y a une utopie : partager une expérience ensemble. Tout le monde le dit, mais ce n’est pas si fréquent. On avait envie de faire de la vie. Comment faire du théâtre une fête ? Calmer l’angoisse du spectateur ? créer un endroit de détente ? C’est pour cela qu’on est déjà là quand le spectateur entre, on veut lui dire qu’on est ensemble, et ça nous permet de créer un spectacle en interaction. Non pas que les spectateurs interviennent mais ça se fait dans un aller-retour : si la salle est timide, nous nous tenons plus en retrait, nous y allons de façon plus douce. La forme de la pièce se modifie en fonction de la salle.

On pourrait dire que vous voulez atteindre une communauté tranquille ?
« Oui, on pourrait le dire comme ça. Comment créer de la convivialité comme quand un moment de fête est réussi. Qu’est-ce qui fait qu’il se passe quelque chose dans une soirée ? C’était l’idée aussi de ce petit théâtre entre amis. S’affranchir du désir des metteurs en scène, faire ce qu’on veut, quand on veut, avec les gens qu’on aime. Un des critères pour avancer pendant les répétitions, c’étaient les fous rires. Tant qu’il se produisait des fous rires, on se pensait sur la bonne voie. On n’est pas des révolutionnaires, on est des babas –mais des babas exigeants. C’est de là qu’est venu la volonté de ne pas se concentrer sur la forme, de laisser quelque chose d’informel, à la fois déjà commencé et pas encore, un bordel qui crée une sorte de détente. Il y a eu beaucoup de travail pour réussir à atteindre cela. Mais il n’y a pas de choix ou de direction préétablis.

Est-ce que ce goût du bordel influence aussi vos techniques de jeu ?
On a tous une formation classique et on sait tous incarner ou jouer des personnages. Mais on s’est aperçus que quand on racontait des histoires au café, c’était vivant et drôle, alors que tout devenait rigide, tendu, sur un plateau. Donc, on a voulu trouver un état de vie comparable sur un plateau et ça nous a donné l’idée de décliner les codes d’un mauvais théâtre, comment frôler un mauvais jeu, comment faire comme si tout cela était du vaudeville sans qualité et puis dépasser cela. Produire quand même de la qualité.

Comment s’est passé l’adaptation du roman ?
On a lu tout Will Self, ce qui nous a permis de comprendre les rouages de son univers. Et puis on s’est rencontrés sur une intrigue. L’idée était qu’il fallait en même temps servir l’univers de l’intrigue et nous servir nous trois, créer des espaces de jeu. Le texte a la particularité de jouer beaucoup des effets de zoom et de dézoomage. Il est très large et d’un coup resserre sur un élément très précis.

Il y a un goût du détail qui sert la précision de la pensée. On se disait que si on était très clairs sur le sens, sur la transmission du sens, alors un horizon pourrait apparaître. On a donc voulu donner des choses au spectateur selon des effets de boucle, avec une même situation de départ. A chaque nouvelle boucle, le spectateur sait de quoi il s’agit, il peut accumuler des infos de plus en plus, et composer lui-même ses propres focales, faire son propre tri dans le bordel environnant.

La thématique de Will Self dans Vice-versa tourne autour de la sexualité. Cela a-t-il été important aussi dans le choix de ce texte ?
Oui, parce qu’en lisant Will Self, on s’est rendu compte de ce que cela produisait sur notre propre intimité. C’était étrange de lire ce texte dans le métro par exemple, au milieu des autres, et d’avoir en même temps des pensées gourmandes et coquines. C’est notre question finalement : est-il possible de faire cette expérience intime à plusieurs sans que ça soit ni provocateur, ni vulgaire, ni que cela mette les gens mal à l’aise. C’est aussi ce qui a décidé nos choix de scénographies, notre bande-son, nos lumières. Tout était au service de cette intimité qui se propage et qui s’ouvre petit à petit.

Propos recueillis par Stéphane Bouquet.

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  • Le collectif Ildi!eldi

"Nous avons constaté que la farce permet de manière totalement magique de parler de tout car, si c’est léger, on accepte tout, on prend directement dans le ventre, ça passe par les trous du corps et moins par l’intellect, comme si le sourire était une porte d’entrée directe vers les sens. Une chose mystérieuse se produit en tout cas, nous ne savons pas exactement quoi, mais lorsque l’on sourit on est prêt à tout entendre.

La difficulté arrive alors : comment ne pas tomber dans la bêtise, la vulgarité et la lourdeur ? Trouver la festivité. L’un des objectif du collectif est d’essayer de créer le moment théâtral comme on prépare une fête, organiser le tout pour faire danser les gens, pour que leur intimité implose en un moment précis. Un endroit où tout est donné pour l’audience, où le spectacle est aussi dans la salle, où les acteurs regardent les spectateurs, tenter un moment rare où l’auditoire danse immobile. Nous avons au fur et à mesure du travail constaté que la forme était le dernier de nos soucis, la forme dans le sens de l’esthétique, de l’emballage. La forme est le fond remontée à la surface, alors on se concentre sur le sens, et la surface se créera quasiment d’elle-même.

Ildi!eldi

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Sélection d'avis des spectateurs - Vice-versa

RE: Vice-versa Le 27 mai 2009 à 22h37

Enfin un spectacle contemporain joyeux et crééatif! Dès les premières répliques vous rentrez dans un univers absurde et drôle. Au travers d'un mise en scène diablement articulée, trois personnages se livrent avec gourmandise au plaisir des mots et des situations cocasses. Ils racontent une histoire de sexe, de rapport masculin/féminin, d'homosexualité, de jouissance. Une initiative rare, rendue possible grâce à une adaptation intelligente du roman anglais de Will Self, Cock and Bull qui vous plonge dans l'ivresse de la sexualité du monde!

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RE: Vice-versa Le 27 mai 2009 à 22h37

Enfin un spectacle contemporain joyeux et crééatif! Dès les premières répliques vous rentrez dans un univers absurde et drôle. Au travers d'un mise en scène diablement articulée, trois personnages se livrent avec gourmandise au plaisir des mots et des situations cocasses. Ils racontent une histoire de sexe, de rapport masculin/féminin, d'homosexualité, de jouissance. Une initiative rare, rendue possible grâce à une adaptation intelligente du roman anglais de Will Self, Cock and Bull qui vous plonge dans l'ivresse de la sexualité du monde!

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