
Avec son nouveau spectacle créé au Parc de la Villette, le cirque Romanès nous invite à partager la joie et l'émotion d'un mariage gitan et nous entraîne dans le tourbillon de la fête.
Quoi de plus fort qu'une noce pour témoigner de la puissance de la vie et désenvoûter le temps par les "gestes qui rapprochent". Ils sont jeunes, encore des enfants et les voilà mariés, partis pour la vie. Les musiciens jouent, la famille chante, les petits dansent et les femmes pleurent, la fête est belle, la nuit est courte. Après la noce, le cirque Romanès donnera sa représentation sous le voile de la mariée…
Cinq musiciens des Balkans (violon, contrebasse, accordéon, cymbalium, clarinette), une chanteuse et huit acrobates, jongleurs, funambule, trapézistes, contorsionniste… nous invitent dans l'univers chaleureux et émouvant des fêtes tsiganes…
Le cirque Romanès n'est pas un cirque traditionnel, ni un nouveau cirque, c'est un cirque ouvert, où les gens du voyage nous regardent en même temps que nous les regardons. La tradition du spectacle est pour eux une culture, celle des familles du voyage…
Ma famille fait du cirque depuis la guerre de 14-18.
Avant, mon arrière grand-père allait de village en village avec ses trois femmes, ses
enfants et un ours. "L'embêtant, disait-il, c'est l'ours."
A 25 ans, j'ai quitté le cirque familial, le cirque de mes parents ressemblait de plus en plus à un hangar pour avions, j'ai jeté l'éponge, je suis parti. Pendant quelques années j'ai fait mon numéro d'équilibre dans la rue. J'étais depuis longtemps attiré par la poésie, j'ai rencontré des poètes : Jean Genet, Lydie Dattas, Jean Grosjean, Dominique Pagnier, Christian Bobin, Abdelmajid Bnejelloun, Thierry Metz…
J'ai travaillé à l'élaboration d'un spectacle de cirque avec Jean Genet.
Il y avait assez de matériel pour faire 4 heures de spectacle. Quand il a fallu passer à la
réalisation, j'ai pris ma voiture et je suis parti sur les bords de la Loire faire des paniers
en osier.
Dix ans plus tard, je redécouvre le cirque dans le camp tsigane de Nanterre. J'ai acheté
un morceau de toile, un vieux camion, quelques caravanes. Délia m'a suivi, nous avons
fait quelques enfants et nous avons pris la route, quelques gitans dans une piste, Délia
au chant, entourée d'un violon, une contrebasse, un accordéon.
Même dans mes rêves les plus fous, je n'aurais jamais imaginé avoir autant de succès
avec un spectacle aussi simple, aussi dépouillé.
Yehudi Menuhin m'a dit : "Jusqu'à mon dernier jour je penserai à vous."
La vie n'est jamais comme on croit.
Alexandre Romanès
211, avenue Jean Jaurès 75019 Paris