A Little More Blue

du 4 au 12 novembre 2006
1h30

A Little More Blue

En France, quand on parle de musique brésilienne, on entend des rythmes suaves ou trépidants, on pense sensualité, paillettes, corps qui ondulent, fête, joie, ivresse. On oublie que ces chansons ne sauraient se résumer à des slogans pour dépliants touristiques. Une rencontre qui en dévoile toute la dimension politique et poétique.

« la musique engagée la plus sexy au monde »
Hommage aux poètes brésiliens
Une idée à défendre

  • « la musique engagée la plus sexy au monde »

Maria de Medeiros ne tarit pas d’éloge quand la chanson brésilienne vient sur le tapis. « C’est la musique engagée la plus sexy au monde », s’enthousiasme-t-elle en connaisseuse. En France, quand on parle de musique brésilienne, on pense d’abord samba, bossa nova, carnaval, etc. On entend des rythmes suaves ou trépidants, on pense sensualité, paillettes, corps qui ondulent, fête, joie, ivresse. Autrement dit, une poignée de clichés, d’ailleurs pas tout à fait faux, transportés de ce côté de l’Atlantique par les images du carnaval de Rio et aussi par le film Orfeu Negro pour citer un exemple. Sensible à l’exotisme, on oublie que ces chansons ne sauraient se résumer à des slogans pour dépliants touristiques. Séduit par la musique, ignorant pour la majorité d’entre nous la langue portugaise, on n’imagine même pas que les paroles de ces chansons puissent être tout sauf anodines.

« La plupart du temps, les versions françaises n’ont plus grand chose à voir avec l’original, remarque à ce propos Maria de Medeiros. Il suffit de prendre l’exemple de Que sera, le tube archi connu de Chico Buarque, dans la version qu’en a donnée Claude Nougaro, les paroles ont perdu leur force poétique, sans parler des allusions politiques du texte original qui était écrit en langage codé mais aisément déchiffrable bien sûr ». Avec la complicité du metteur en scène Arthur Nauzyciel, la comédienne s’est dit que ce serait une belle idée de donner à entendre aussi le sens de ces couplets qu’elle chante accompagnée par deux musiciens, Jeff Cohen et Joël Grare.

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  • Hommage aux poètes brésiliens

En France, l'année du Brésil s'est achevée. C'est une raison suffisante pour continuer à chanter le Brésil, me semble-t-il. Je fais partie d'une génération de Portugais qui, non seulement a été bercée par la musique brésilienne, mais véritablement formée par des artistes tels que Chico Buarque, Caetano Veloso, Milton Nascimento, Gilberto Gil. Quand mes amis et moi étions adolescents à Lisbonne, c'était encore la révolution. Les artistes brésiliens ont fêté la période de joie et de liberté que l'on vivait au Portugal et de notre côté, nous écoutions passionnément leurs chansons, mais pas seulement comme l'on danse sur des rythmes époustouflants ou fredonne des mélodies d'une douceur hypnotique. Parce que nous avions le privilège de partager leur langue, nous savions que Chico Buarque ou Caetano Veloso ne sont pas uniquement des musiciens. Ce sont de très grands poètes, des penseurs, des résistants.

Ils étaient pour nous de véritables « maîtres à penser ». Écouter leur musique était une manière d'être et de voir le monde. Mais alors que nous vivions en liberté, ils étaient en pleine dictature. Ils ont été poursuivis, exilés. Leurs textes, très engagés, étaient des messages codés que nous savions déchiffrer, des missives remplies d'espoir, d'intelligence et de courage. C'est le cas de très nombreuses chansons de Chico Buarque, admirables de génie poétique et d'esprit de résistance. Contemporains des Beatles et des Rolling Stones, il y avait chez les jeunes musiciens du courant « tropicaliste » un formidable sens de la provocation et de la recherche. Leurs chansons étaient anticonformistes, sexy, débridées. Un artiste comme Caetano Veloso n'a jamais cessé d'explorer de nouvelles formes, aussi bien musicales que poétiques. On peut dire qu'il a tout essayé. Son œuvre est le reflet d'une pensée qui allie une perpétuelle curiosité, une audace constante et une sagesse à la fois inquiète et sensuelle.

Loin des plumes et des paillettes, des rythmes effrénés du Carnaval et des standards universellement connus de la Samba et de la Bossa Nova, c'est à ces chansons pleines de sens et aussi parfois du plus joyeux des « non-sens », ces poèmes qui ont « guidé mes pas » d'adolescente, qui m'ont appris à regarder le monde avec un esprit critique, avec sensualité, gravité et humour que je voudrais rendre hommage. C'est ainsi un peu en tant qu'actrice que j'aborde le répertoire brésilien. En restant très près du texte, en traduisant certaines des chansons qui m'ont le plus émue et accompagnée tout au long de ma vie, j'espère faire partager au public français une part de mon « Brésil intime ».

Maria de Medeiros

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  • Une idée à défendre

À sa demande, je vais accompagner Maria dans cette exploration très personnelle de son histoire. Interlocuteur, regard extérieur, c'est en fait la continuité d'un dialogue, d'une amitié qui a presque vingt ans. Je me rappelle d'ailleurs son premier voyage au Brésil, lors d’une tournée d'Elvire Jouvet 40. Il y avait aussi Éric Vigner dans ce spectacle. Je me rappelle les histoires qu'ils m'ont racontées à leur retour, les photos ; tout ça me faisait rêver.

C'est donc assez naturellement que j'ai accepté de répondreà cette invitation et que nous avons choisi de créer ce spectacle au CDDB-Théâtre de Lorient. Mais au-delà de l'amitié et du goût du voyage, il y a au centre de ce projet une idée importante à défendre aujourd'hui : le politique peut être poétique, la résistance sensuelle, et le populaire exigeant.

Arthur Nauzyciel

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Spectacle terminé depuis le dimanche 12 novembre 2006

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