Dommage qu'elle soit une putain

Nogent-sur-Marne (94)
du 5 au 6 décembre 2006
2h15

Dommage qu'elle soit une putain

Une comédie qui parle de sexe et de la vengeance d’un mari cocu, une tragédie qui voit la mort de ses héros. C’est l’amour dans toute sa beauté et dans toute son horreur presque surnaturelle…

A partir de 14 ans.

L’amour dans toute sa beauté et dans toute son horreur
Un cristal noir

La presse

Poète et dramaturge anglais, John Ford publie ses premières œuvres en prose et en vers dès 1606. En raison de la noblesse de ses héros et de l'intensité de leurs passions, il est considéré comme le dernier des grands dramaturges élisabéthains.

Yves Beaunesne signe sa première mise en scène en 1995 puis a notamment monté L'Eveil du printemps de Wedekind (Théâtre de la Ville) et La Princesse Maleine de Maeterlinck (Théâtre National de la Colline).

Pour cette pièce, il prend la liberté de réduire l'histoire à ses ingrédients premiers et de travailler sur la transgression et le mouvement des corps, car il n'y a pas de pièce où la chair soit plus terrible, où les reptations soient plus animales. C'est la violence du monde dans lequel ils vivent qui amène les personnages à choisir un chemin extrême de libération.

Cette pièce est à la fois une comédie, où l'on parle du sexe ; une tragi-comédie où l'amour d'un frère pour une sœur se mêle à la vengeance d'un mari cocu ; une tragédie qui voit la mort des deux amants. C'est l'amour dans sa force, dans toute sa beauté et dans toute son horreur presque surnaturelle.

Traduction de Marion Bernède et Yves Beaunesne. Par la Compagnie de la chose incertaine.

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"Pourquoi offre-t-on des rhododendrons ? On offre des roses par amour, des bleuets par délicatesse, des marguerites par fidélité, des fuchsias par gentillesse, des giroflées par compassion, des violettes par candeur, des dahlias par reconnaissance et du houblon par dérision, pour dénoncer la méchanceté. Mais pourquoi offre-t-on des rhododendrons ?

Le disparate est dans la nature de Ford ; ses pensées sont sans domicile fixe, il fait de la philosophie sur les choses du sexe, l'hémoglobine, les Enfers, les rongeurs, les alcôves, les gastéropodes. Le dragon, son contemporain, lui a glissé qu'il ne fallait pas regarder les choses ordinaires d'un regard ordinaire, avec des sentiments et des pensées ordinaires, que les phrases peuvent agir comme des formules magiques, qu'il faut savoir mélanger christianisme et whisky, que seuls les instincts donnent la force. Tout se fond et se confond pour accoucher d'une chimère épicée mais gustative. Car ce n'est pas là un auteur à écrire sur le lait des oiseaux, la délicate étreinte de la beauté angélique, les grappes de rosée, la cascade des gazelles, les lourdes mamelles des femelles. Ils ne savent pas écrire avec un pinceau de cristal, ces Élisabéthains : pour eux, l'écriture est une protestation, pas une parade.

Ford part de l'idée qu'il faut penser la famille en termes politiques, car elle est le lieu premier et dernier des affrontements, et c'est là que les dominations, aux jours de misère, sont les plus violentes dans la lutte pour l'affection. Ici, une famille sans autre mère qu'une nourrice aveugle, et sans autre père qu'un père qui a peur d'avoir peur, maléfique à force d'entêtement. En face, un moine au bord de la rupture de ban. Puis le frère, Giovanni, et la sœur, Annabella.

Ford est quelqu'un qui a toujours eu la mer dans sa vie et qui n'a pas peur de se casser les yeux sur les récifs de l'amour. Ford sait extraire un charme de la maladie de Giovanni, car il décrit là la combustion d'un être tout entier dans son effort incessant pour entretenir une température élevée de sa vie. Tout contre lui, Annabella, malade d'un désir qui l'enverrait aujourd'hui à l'asile. Ils sont tous deux prêts aux choix les plus risqués avec la conscience que cela peut les mener à un destin fatal. Car il n'y a pas de pièce où la chair soit plus terrible, où les reptations soient plus animales. Mais c'est la violence du monde dans lequel ils vivent qui les amène à choisir un chemin extrême de libération, un chemin qui cache une sentimentalité religieuse inversée et invertie : celui d'une messe noire où seul l'amour incestueux vaut d'être vécu.

Chez Ford, il n'y a que des anges et des démons unis les uns aux autres par leurs contradictions. L'auteur n'a pas peur de lâcher ce qui pourrait détruire les liens sociaux et familiaux en fourbissant les armes de ces jeunes gens, les armes de la subversion. Quitte à virer au cynisme, ce romantisme des temps élisabéthains, quitte à ne servir que des causes désespérées, pour la noblesse de l'échec. Mais un bourbier qui engendre une telle tragédie ne peut être dédouané. Et le malheur passé ne protège pas du malheur à venir.

Pourvu qu'il y ait, dans la plus petite silhouette, une once d'humanité, cela me suffit. Je préfère un être qui aime trop à celui qui finit par ne plus aimer assez.

Dans l'adaptation, nous prenons la liberté de faire mijoter la transgression, de réduire l'histoire à ses ingrédients premiers pour faire cuire dans la marmite le sel du désir noir. Le grand casse-tête consiste à l'y faire entrer intact et sans mélange, et à le garder prisonnier le temps de s'en approprier l'essentiel. Toute œuvre est un mouvement lancé à la recherche des proportions de l'éternité. C'est pourquoi le travail sur l'espace - personnage à part entière - et le mouvement des corps seront premiers : les images doivent parler au cœur et aux yeux. Il s'agira d'aller avec Ford au-delà des frontières, là où il n'y a plus que des desperados et des corps en flagrants délits.

Commençons par ne parler de rien, nous finirons bien par ne pas tout dire. Le monde n'est pas définitivement prévu. Même si d'entrée de jeu, Giovanni dit à sa sœur : « Les philosophes nous ont appris que le globe terrestre sera un jour réduit en cendres en moins d'une minute ». Nous sommes en 1628…

On offre des rhododendrons parce qu'on aime la vie, tenace, gloutonne et lascive qui continue à fleurir au milieu de la pourriture."

Yves Beaunesne

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  • La presse

« Yves Beaunesne s’inspire du Caravage pour signer, une version féroce et racée du drame élisabéthain. On sort de là, admiratif devant la beauté du spectacle, sa rigueur, son aristocratique dimension. » Le Figaro

« Beaunesne réussit un spectacle sec, net et nerveux… Il trouve le geste juste pour ramener aux rives contemporaines ces âmes palpitantes et révoltées d’un temps jadis. » L’Express

« Scène géométrique et dépouillée, jeu fiévreux, expression infiniment raffinée de la sauvagerie. Le spectacle nous prouve qu’Yves Beaunesne est bien l’un de nos grands hommes de théâtre. » Les Echos

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Spectacle terminé depuis le mercredi 6 décembre 2006

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