Le Mariage de Le Trouhadec

du 21 novembre au 16 décembre 2001

Le Mariage de Le Trouhadec

Un professeur de géographie avide de gloire mais sans talent, Yves Le Trouhadec en personne, est le pantin idéal pour le directeur d’un journal conservateur qui cherche un chef au Parti des Honnêtes Gens. Un seul souci : il serait de bon ton que le chef du parti vécût conformément à son programme. Reste pour lui à se défaire de sa maîtresse actrice pour épouser la fille d’une baronne férue de politique…

   
Présentation

Notes du metteur en scène

Post Scriptum
Jouvet et Le Mariage de Le Trouhadec

Un professeur de géographie avide de gloire mais sans talent, Yves Le Trouhadec en personne, est le pantin idéal pour le directeur d’un journal conservateur qui cherche un chef au Parti des Honnêtes Gens. Un seul souci : il serait de bon ton que le chef du parti vécût conformément à son programme. Reste pour lui à se défaire de sa maîtresse actrice pour épouser la fille d’une baronne férue de politique. Heureusement que la nature a doté le savant d’un triple titre à être père, qualité chère aux Honnêtes Gens. Mais, attention ! Entendez « honnêtes » au sens politique du terme ; pensée unique et langue de bois, la mécanique politique, dépeinte ici au pied de la lettre, s’emballe avec une inquiétante fantaisie. 
Jules Romains est l’un des auteurs contemporains favoris de Louis Jouvet. Après M. Le Trouhadec saisi par la débauche (1923), avant Donogoo-Tonka (1930), Jouvet crée la deuxième pièce de la trilogie Le Trouhadec à la Comédie des Champs-Elysées, le 31 janvier 1925. Il interprète lui-même le rôle du géographe.

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Depuis 1913, au Vieux-Colombier, chez Copeau, Louis Jouvet se fait applaudir pour d’irrésistibles compositions. C’est un jeune homme, mais il tient l’emploi des vieillards bouffons. Il est Sir André Aguecheek de la Nuit des Rois, le Géronte des Fourberies de Scapin.
Au lendemain de la Grande Guerre, Jules Romains, comme Jouvet, vient de franchir la trentaine. Sur la rive gauche, loin du boulevard, il s’engage pleinement aux côtés de Jacques Copeau. Dramaturge-poète de Cromedeyre-le-Vieil, il devient, en 1921, directeur de l’Ecole du Vieux-Colombier.
Ce sont les Fourberies, leur « géométrie allègre », leur « rigueur excitante », qui donnent à Jules Romains l’idée d’une farce. Il veut une comédie pure, sans déploiement matériel, une comédie de grand style et de couleurs pures, soumise aux fertiles contraintes du tréteau nu. Il s’emprunte à lui-même, pour les jeter sur le théâtre, le Bénin des Copains et le Professeur Yves Le Trouhadec, héros d’un « conte cinématographique » dont il a naguère honoré une commande de Blaise Cendrars. Ces deux-là seront les premiers types de la commedia moderne. Et c’est à Jouvet, à Jouvet-Géronte, qu’il destine d’emblée le rôle-titre, celui de l’imbécile solennel, du « chef négatif » dont la nullité favorise l’assomption.
Le temps passe et Copeau tarde à programmer la création de la pièce nouvelle. De report en report, l’auteur s’exaspère. Voici l’heure des brouilles. Retirant sa pièce au Vieux-Colombier, Jules Romains la confie à Jouvet qui vient d’entrer en dissidence et va bientôt régner sur la Comédie des Champs-Elysées. Monsieur Le Trouhadec saisi par la débauche y sera son spectacle inaugural. Au soir du 14 mars 1923, la partie est gagnée. Et déjà la suite est prête : Le Mariage de Le Trouhadec pourrait, dans la foulée, être mis en répétitions.
Or une urgence s’impose. Une autre comédie, initialement destinée à la Maison de Molière, mais que Jules Romains, lassé des tergiversations de l’administrateur général, vient d’offrir encore à Jouvet. Cette autre comédie, c’est Knock (14 décembre 1923). Le triomphe imprévu de Knock a-t-il fait de l’ombre au Mariage ? Ce retour à la farce a-t-il été perçu comme régressif ? Le public a-t-il mal supporté qu’à l’aimable sourire du premier Le Trouhadec succède le grand méchant rire du second ? S’est-il effarouché de ses audaces ? Sous le burlesque et le sarcasme, a-t-il ressenti l’angoisse ? Quoi qu’il en soit, le succès, cette fois, ne fut pas au rendez-vous.
Tant pis pour le public du 31 janvier 1925 et des quelques représentations qui suivirent. Qu’il soit plaint d’avoir boudé son plaisir. Qu’il soit remercié de nous avoir laissé le soin d’inventer le nôtre. Le Mariage de Le Trouhadec, canular sublimé, cauchemar politique, est théâtre de bonne garde. Goûtons-le aujourd’hui.

Jean-Marie Villégier

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L’on m’interroge sur mes intentions de mise en scène. Voici trois réponses, au choix.
1) Mes intentions sont les meilleures du monde, les plus pures. L’enfer en est pavé. Heureusement, ce n’est pas avec des intentions que l’on fait une mise en scène.
2) Pour le fun, comme Bénin, j’actionnerai les ressorts de l’unanime jobardise. Mais c’est jouer avec le feu.
3) J’invoque le secret-défense. Je ne dévoilerai mon plan que s’il réussit, mes objectifs qu’après les avoir atteints. En cas d’échec, le secret ne sera levé que cinquante ans après ma mort.

J.- M.V- Octobre 2001.

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« Romains et Jouvet ont le même goût pour ce théâtre sec, limpide, incisif. Ils se sont reconnus un plaisir identique à ciseler le texte, réplique par réplique, à obliger les comédiens à un strict respect de la langue et du mouvement d’une scène.» Olivier Rony, Jules Romains ou l’appel au monde, Paris, Laffont, 1992.
Le 31 janvier 1925, Louis Jouvet met en scène Le Mariage de Le Trouhadec. A l’époque, Jules Romains explique son projet à la presse :
« Le Mariage n’est ni le pendant ni la réplique du premier Le Trouhadec. Il en diffère par le ton, par le mouvement, par la nature même du comique. Le premier se maintenait dans une harmonie tempérée et recherchait volontiers les teintes subtiles. Ici je n’ai pas craint des effets plus violents, un rire par endroits plus populaire. La part de « pur divertissement » est beaucoup plus grande. […]». Paris-Midi, 30 janvier 1925.
La pièce est jouée pendant 35 représentations.  Mais malgré le plaisir que trouvèrent les journalistes à revoir Jouvet dans la silhouette désormais célèbre du géographe, la critique se montre moins enthousiaste que sur le premier volet de la trilogie : 
« Abondance d’exagérations, action conventionnelle et développement assez lent » Le Journal, 31/01/1925.
« Une caricature à la Molière de « mentalités » contemporaines : bouffonneries malicieuse, fantaisies extravagantes, c’est de la farce et de la satire et cela reste dans la meilleure tradition moliéresque ». Le Figaro, 31 janvier 1925.
« Louis Jouvet nous montre ce qu’est devenu notre cher maître sous la débauche. L’aphasie et l’ataxie l’ont touché. Sa majesté est devenue de la torpeur. La composition est remarquable, mais quasi-pénible, presque douloureuse. ».Commedia, 1er février 1925.

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Spectacle terminé depuis le dimanche 16 décembre 2001

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