La face cachée de la lune

La face cachée de la lune
Chercheur d’or sonore, Thierry Balasse rejoue en direct sur des instruments d'époque l'un des disques les plus renversants de l'histoire du rock psychédélique, The Dark Side of The Moon des Pink Floyd.
  • Objet sonore non identifié

Neuf musiciens sous la direction de Thierry Balasse rejouent l’album mythique des Pink Floyd, daté de 1973, The Dark Side of the Moon. Tels des puristes de la musique baroque, ils ont retrouvé les instruments d’époque, le synthétiseur AKS, le piano Wurlitzer, ou la caisse enregistreuse qui scande le si célèbre morceau Money pour rendre hommage à cet album séminal, sauf que, progrès technique aidant, ils pourront faire sur scène ce que les Pink Floyd furent obligés d’enregistrer en studio.

Sorti en 1973, The Dark Side of the Moon, huitième album du groupe britannique Pink Floyd est souvent considéré comme leur chef-d’oeuvre. Révolution musicale conduisant la musique rock là où elle n’était encore jamais allée, l’album des Pink Floyd est aussi une véhémente prise de proposition philosophique : « Don’t be afraid to care » y entend-t-on par exemple : ne craignez pas de prendre soin, de vous soucier des autres, d’être attentionné.

Roger Waters, bassiste et compositeur du groupe, rappelle dans un documentaire tourné en 2003, trente ans après donc les folles heures d’enregistrement épuisantes en studio, que cet album était « une expression d’empathie politique, philosophique et humaniste qui éprouvait l’urgence profonde de se rendre publique. » « Money, » par exemple, l’un des plus fameux titres de l’album déplore qu’on s’intéresse plus à nos investissements pécuniaires qu’à nos relations humaines.

Cet engagement philosophique n’est pas ce qui intéresse au premier chef Thierry Balasse, même s’il n’y est pas insensible. Explorant le monde de l’électroacoustique depuis sa rencontre en 1998 avec Pierre Henry, le compositeur Thierry Balasse a au moins deux idées en tête avec la reprise scénique de The Dark Side of the Moon.

D’une part, il veut revivifier l’électro-acoustique analogique tombé en désuétude sous les coups de boutoir du numérique. Il arrive finalement aux Pink Floyd la même chose qu’à certains compositeurs de l’Ircam. Au début des années 80, ces derniers croyaient écrire pour les instruments de l’avenir, et leurs instruments sont devenus si vite obsolètes que leurs musiques ne peuvent même plus être jouées parce que les instruments, les logiciels, ont disparu. D’où l’idée de Thierry Balasse de jouer sur instrument d’époque, de tenter de ressusciter la matière sonore si particulière de l’analogique, de faire revivre une autre épaisseur sonore que notre oreille a oublié. Auteur d’un travail de recherche universitaire sur les liens entre perception visuelle et perception auditive, Thierry Balasse s’est toujours beaucoup intéressé à la réflexion abstraite, autant qu’aux expérimentations, sur le son.

L’autre enjeu de ce spectacle est de donner à voir sur scène un disque que les Pink Floyd n’ont jamais pu jouer live parce qu’ils manquaient de moyens techniques pour le faire. Aujourd’hui, cela est devenu possible, et la scène du Théâtre de la Cité, moquette intime au sol, va se transformer en une somptueuse capsule à voyager dans le temps, direction les mythiques studios d’Abbey Road, juin 1972.

  • Rencontre avec Thierry Balasse

Pourquoi avoir décidé de remonter cet album des Pink Floyd ? Par attachement personnel ou pour d’autres raisons ?
Thierry Balasse : Il y a deux raisons : une très personnelle, puisque l’écoute de ce disque pour la première fois, alors que j’avais 14 ans, au casque qui plus est, m’a profondément marqué. J’en ai un souvenir très précis. Ce disque est lié à mon histoire d’adolescent, de musicien débutant, et lié à mon frère qui m’a tellement encouragé à faire de la musique. Mais c’est aussi un album qui parcourt toutes les dimensions du sonore qui m’intéressent : le chant, la musique instrumentale, le synthétiseur, le bruitage, la voix parlée... C’est un album d’une incroyable richesse. Et puis pour finir, il y avait là quelque chose que personne (à ma connaissance) n’avait fait, et après avoir rencontré Laurent Dailleau, j’avais la sensation que nous étions les bonnes personnes pour aborder un tel projet.

Comment avez-vous travaillé ? Existe-t-il des partitions écrites, des documents qui vous ont aidés ?
De l’écoute, de l’écoute, beaucoup d’écoute. Les partitions, elles existent pour les chansons, mais sont très mal faites et ne traduisent pas tout (c’est d’ailleurs toujours le cas ! ! !). Mais allez trouver la partition de « Speak to me » ou «On the run»... Impossible. Donc beaucoup d’écoute, de lecture d’interview des musiciens et de leur ingénieur du son, Alan Parsons. C’est la partie la plus importante du travail, qui s’est étalée sur un an, avec énormément d’échange email entre Laurent Dailleau et moi.

Depuis une vingtaine d’années, la figure du reenactement (reconstitution) est très présente dans les arts comme façon de réfléchir à l’histoire. Vous inscrivez-vous dans ce courant du reenactement comme le laisse penser le fait de vouloir jouer sur «instruments d’origine» ? Est-ce une façon de réfléchir à l’histoire de votre pratique ?
Je ne m’inscris dans aucun courant. Je fais les projets qui me sont importants quand ils me viennent. Ce n’est pas pour moi de la reconstitution, mais c’est vrai que cela correspond à une réflexion sur ma pratique. L’idée est juste d’aller ré-établir un lien qui s’est perdu avec la balayage radical qu’a causé le numérique (années 80). Une lutherie formidable a été développée dans les années 70 avec les synthétiseurs analogiques, et on les a très vite laissés de côté. Par ailleurs, le son d’aujourd’hui, même sur scène, même avec des machines analogiques au départ est presque toujours numérisé avant d’arriver à nos oreilles. Et là encore, s’il ne s’agit pas d’être dans le regret (j’aime aussi utiliser l’ordinateur), il faut reconnaitre qu’un synthétiseur analogique branché sur un système tout analogique vous donne des sensations inégalables. C’est une grande émotion de retrouver ces sensations, pour nous musiciens, et visiblement aussi pour le public, même ceux qui ne connaissent rien à ces questions. Et puis, dans ma pratique de musicien lié à l’électroacoustique, c’est vrai que j’ai décidé de porter attention à la qualité du son. L’électroacoustique a remis la question du timbre en avant, on ne peut pas tout abandonner de cet aspect et affirmer nonchalamment que la qualité du son n’a pas d’importance, que le « contenu » (sous entendu les notes) est le plus important, et que tout est possible avec un ordinateur. C’est drôle, utiliser un synthétiseur analogique et le revendiquer vous fait passer pour un « puriste »... Que dire d’un violoniste alors ? !

Une différence essentielle entre le disque et votre projet, c’est que vous jouez sur scène. En quoi cela change-t-il la musique ? La nature du son est-elle fondamentalement différente ?
Là encore, cette question est liée à la question du numérique, en tout cas en partie. Ecouter le disque chez soi ne permet pas de ressentir tout le potentiel émotionnel du travail réalisé en studio, à moins d’avoir un très bon disque vinyl (donc analogique...), et ensuite une chaine haute fidélité exceptionnelle avec des hauts parleurs énormes (ce que je n’ai pas moi même !) La scène nous permet de donner à entendre la richesse des timbres de cette époque, et c’est une sensation très forte.

Comment avez-vous travaillé la scénographie ? Y a-t-il de grands principes qui la guident ?
L’idée était de reconstituer l’ambiance d’un studio, avec un placement inhabituel des instruments, en mettant les synthétiseurs et les systèmes de bruitage en avant. La moquette au sol, les praticables, les lumières, tout cela nous permet de nous sentir « chez nous », dans une ambiance concentrée studieuse. On se situe à l’opposé du « show pop ».

Avez-vous appris des choses sur cette musique que vous ne soupçonniez pas avant de la jouer vous-mêmes ?
Pas vraiment, sauf peut être que les musiciens qui sourient en pensant que cette musique est « facile » devraient s’y coller quelques instants pour comprendre (mais le peuventils ?) que la musique n’est pas qu’affaire de partitions et de mélodie...

Comprenez-vous aujourd’hui pourquoi la musique des Pink Floyd a eu finalement si peu de descendance ?
C’est la bonne question. C’est aussi l’intérêt de notre projet. Nous reprenons le système son et instrumental du groupe, et nous continuons le travail là où il a été abandonné... Je ne prétend pas savoir pourquoi elle n’a pas eu de « descendance » marquante. Ce qui est sûr, c’est que le synthétiseur demande une approche de la musique inhabituelle, et que c’est finalement plus dans le domaine de l’électroacoustique qu’on peut y voir des prolongements jusqu’à aujourd’hui (ma musique par exemple, mais je ne suis pas rentré dans l’histoire de la musique. Dans la pop, on peut quand même considérer que Radiohead porte une partie de l’héritage.

Entretien réalisé par Stéphane Bouquet, juin 2012

  • La presse

« Pink Floyd n’a jamais joué sur scène son album fétiche… des passionnés s’en chargent. » Télérama

Sélection d’avis du public

La face cachée de la lune Le 29 novembre 2012 à 12h47

j'ai vu ce spectacle à Arras, c'est une redécouverte de la musique des Pink Flyod, l'occasion d'entendre en direct Dark side of the moon comme si on était avec le groupe en studio. à ne pas manquer !

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La face cachée de la lune Le 29 novembre 2012 à 12h47

j'ai vu ce spectacle à Arras, c'est une redécouverte de la musique des Pink Flyod, l'occasion d'entendre en direct Dark side of the moon comme si on était avec le groupe en studio. à ne pas manquer !

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Théâtre de l'Agora - Evry

110 Terrasse de l'Agora 91002 Evry Cedex

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Spectacle terminé depuis le mardi 24 janvier 2017

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