Jordi Savall - Magnificat Jubilate

À la Chapelle Royale.

Alors que paraît son splendide enregistrement de la Messe en Si de Bach, Jordi Savall a tenu à proposer, pour le Tricentenaire de la Paix d'Utrecht (1713) qui venait clore une douzaine d'années de guerre entre la France et la moitié de l'Europe, un programme réunissant quatre chefs d'œuvres emblématiques de la musique sacrée européenne, de surcroit quatre compositions en langue latine, pour solistes, chœur et orchestre, quatre compositions magnifiant la grandeur divine, le pouvoir royal et la force de la paix.

En 1660, Louis XIV a 21 ans, et se marie à l'Infante d'Espagne. Il n'entamera son règne absolutiste qu'en 1661. Lully (28 ans, il ne deviendra Surintendant de la Musique du Roi que l'année suivante), célèbre devant la Cour (Anne d'Autriche et la jeune Reine Marie Therese) par son Jubilate Deo la Paix du Nord, qui vient parfaire le Traité des Pyrénées de 1659 : la guerre reviendra hélas régulièrement en Europe avant qu'à la fin du règne de Louis XIV, un demi siècle plus tard, la Paix d'Utrecht ne scelle à nouveau la stabilité entre France et Espagne.

Ce quasi « premier » Grand Motet de Lully est déjà une œuvre splendide, aux vastes proportions chorales et aux mélodies qui feront ensuite le succès de ses tragédies lyriques. Aucune production européenne de cette époque ne semble si aboutie, ni si « magnifique ». Ce style français à la Pompe déjà si reconnaissable, va conquérir l'Europe...

Composé en 1700, le Gloria de Vivaldi a la force de conviction des pièces d'apparat célébrant la gloire divine, avec l'étourdissante virtuosité du maestro vénitien. Écrit pour le fameux chœur de l'Ospedale della Pietà, l'œuvre est d'une inventivité rare, et la trompette de la renommée en scande avec bravoure l'envolée musicale.

Haendel a composé son Jubilate pour célébrer la Paix d'Utrecht, en 1713, dans un style qui croise les traditions purcelliennes et le métier déjà sûr de Haendel à peine arrivé d'Italie. Œuvre fastueuse, elle célèbre la gloire de la Cour d'Angleterre tout autant que la paix...

Enfin le Magnificat de Bach reste une référence de perfection dans l'œuvre du Cantor, utilisant plus que jamais les combinaisons d'écriture contrapuntique et les figures mathématiques pour créer une œuvre à la beauté et à l'éloquence enthousiasmantes, véritable tour de force pour le chœur.

Adoration par la Vierge Marie du Christ naissant, le Magnificat serait-il le chef d'œuvre choral de Bach ?

Au programme :
Johann Sebastian Bach : Magnificat (1733)
Georg Friedrich Haendel : Jubilate pour la Paix d'Utrecht (1713)
Jean-Baptiste Lully : Jubilate Deo, Motet pour la Paix (1660)
Antonio Vivaldi : Gloria (1700)

Avec La Capella Reial de Catalunya
Avec Le Concert des Nations