Déshabillages (Comédie mortelle)

du 7 mars au 5 avril 2003

Déshabillages (Comédie mortelle)

A la surface des nuits, six Ladies, dont un homme, s'amusent à prendre des plaisirs et à les jeter par les fenêtres, pour les spectateurs, parce qu'elles sont très dépensières, de leurs corps, de leurs âmes, de leurs gorges, de leurs langues, de leurs ongles de pied, de leurs prunelles, de leurs muscles qui jouent avec délicatesse sous leur peau délicate, de leur mort, enfin, et de leur résurrection, ce qui au théâtre, Ô bonheur marche ensemble.

Présentation
Que se passera-t-il sur le plateau ?
Déshabillages (extrait)
Esquisse explicative d'un texte qui paraît sans histoire
La Compagnie, parcours

A la surface des nuits, six Ladies, dont un homme, s'amusent à prendre des plaisirs et à les jeter par les fenêtres, pour les spectateurs, parce qu'elles sont très dépensières, de leurs corps, de leurs âmes, de leurs gorges, de leurs langues, de leurs ongles de pied, de leurs prunelles, de leurs muscles qui jouent avec délicatesse sous leur peau délicate, de leur mort, enfin, et de leur résurrection, ce qui au théâtre, Ô bonheur marche ensemble.

A la surface du plateau, elles rencontrent des dieux (les anciens, ceux qui bandaient), des ménades en folie, des envolées mystiques, des travelos en taule, des guillotines de pacotille, des fantômes de tyrans. Elles tuent les tyrans, nos girls nocturnes et très dévêtues, elles égorgent les pouvoirs du jour, c'est-à-dire ceux de la guerre et de la rapacité. Elles se déshabillent pour quelque chose : pour tuer la guerre et la rapacité. Il semble que ce ne sera pas suffisant, mais qui sait ?

Elles dansent, elles chantent dans la nuit que la nuit est un théâtre puisque les dieux ont fabriqué les nuits pour que le théâtre existe. Elles chantent que ce théâtre est un cabaret, ce cabaret une comédie, cette comédie une tragédie, de celles dont le sang n'est pas absent, n'est pas obscène, mais rouge, comme un Caravage, ou comme leurs ongles, ou leurs lèvres, toutes leurs lèvres à nu. Elles livrent leur nudité à la nuit, comme elles l'ont livrée au jour de leur naissance et la livreront à la nuit de leur mort. Parce que dessous nos nudités gisent la mort et la nuit.

Jean-Michel Rabeux

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C'est un cabaret, les filles s'y déshabillent
C'est pas que leur peau, les filles qu'elles déshabillent
Elles déshabillent l'homme, les filles, jusqu'aux démons
Elles déshabillent l'âme, les filles, jusqu'aux bas-fonds

C'est une comédie, les filles t'enlèvent la peau
Dessous, dessous, dessous, elles te caressent les os
Dedans ton corps, les filles, elles te mâchent le cœur
Elles te croquent les yeux, tes belles perles de mateur

Une comédie de la nuit des corps qui t'prend au cœur
Une comédie pour rien qu'en rire
Rien que ta peur, rien que ta mort, rien que l'amour
Rien que ta peur
Des spectateurs

Chanson extraite de
Déshabillages (Comédie mortelle)
de Jean-Michel Rabeux

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Du sang sur le plateau pour moins de sang dans les guerres…
Il y a du sang dans ma comédie, comme il y a du sang dans Bacon. Voilà. Du rouge . Il y a plus que du rouge, j'espère, l'effroi de la mort, ce saisissement, un pendu qui agonise, ses doigts se crispent sur sa robe de travesti qu'il retrousse inconsciemment dévoilant, en mourant, l'appareil qui fait naître. Il y a mort et il y a rire de la mort, en même temps, parce qu'une tête tranchée qui roule sur le plateau horrifie et fait rire, en même temps, (c'est ça mon travail), les poignards pénètrent les poitrails, ça tranche dans la vie en grotesque. Du sang sur le plateau pour moins de sang dans les guerres, aussi bien les guerres familiales qui tuent beaucoup elles aussi, le plus souvent sans effusion de rouge liquide, mais pas moins pires pour autant, qui tuent l'âme des enfants pour toujours. Telle est mon Utopie.

…Eros et Thanatos…
Il y aura Mort donc il y aura Sexe (et non coïts, libidineries, ou autre X). Parce que les deux zigotos sont les deux piliers de l'édifice de tout théâtre, en tout cas devraient, comme ils le sont de toute vie. Eros et Thanatos, pas très original, mais ça va mieux en le disant. 

…le Roi et le pouvoir…
Je mets en scène un Roi - le Pouvoir - mais je ne me contente pas que ce roi soit un roi. Il est, en moi, en vous, le Roi et le Pouvoir. Quand j'attaque le Pouvoir, le goût du Pouvoir, les abus du Pouvoir, j'entends m'attaquer aussi à moi, pas seulement à Bush qui de toute façon n'est pas digne d'apparaître sur un plateau.

…la transgression de l'ordre du théâtre…
Je mets en scène le " théâtre dans le théâtre ", ce qu'est d'une certaine façon le cabaret, qui lui, ne prétend pas ignorer la présence du public. Taïaut ! Taïaut ! Tous les moyens sont bons pour la Révolution !!! Toutes les robes fendues, tous les tutus, les talons aiguilles et avoués comme tels, de même les apartés, les adresses au public, les descentes dans la salle, toutes les théâtralités sont bonnes dont celle, classique après tout, de transgresser l'ordre du théâtre en parlant de théâtre au théâtre, de public au public etc. Transgresser en complicité, c'est bien de jouissance qu'il s'agit.

… rêve de cabaret …
Il y aura cabaret, en décors et en costumes, en lumières et en maquillages, mais non achevé, pas " à l'allemande " c'est à dire une façon qui impose une vision exclusive de la chose. On frôlera le cabaret, on ne se vautrera pas dedans. Les codes y seront, mais lisibles à d'autres niveaux, ouverts à d'autres rêves que ceux du cabaret seulement. Ca entre vite, ça sort vite, ça salue le public. Chaque scène est un numéro de cabaret et, en même temps, une scène de théâtre. Il n'est pas question d'une copie des conventions du cabaret. Du cabaret le spectacle doit être toujours le rêve, parfois le cauchemar. Voilà, c'est un rêve ce cabaret-là.

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Canevas désordonné
Une Reine des Nuits et des plaisirs, une maîtresse de la Mort, Reine du Temps, hors d'âge, elle a 20 ans, elle en a 1000, descend (ou remonte) sur la terre, c'est-à-dire le plateau d'un théâtre, entraînant avec elle ses quatre Dames, ses Ladies, et un jeune homme - il en faut bien un - qui d'abord amant/marin, quasi gigolo, objet des désirs royaux jusqu'à ce que mort très sanglante s'ensuive, réapparaît comme roi, Roi d'or, Tout Puissant, assassiné dans ce rôle aussi, et c'est bien fait pour lui, un peu dévoré par des bacchantes lubriques, puis maquillé par elles, pour renaître en travesti, aïe, aïe, aïe, écroué comme tel, évidemment, suicidé comme tel, évidemment, ressuscité de ce parcours initiatique pour, enfin, ouf, saluer son public chéri.

Il n'est pas seul, dans cette Revue, à mourir pour ressusciter. C'est une comédie : à la fin tout le monde est vivant.
Il n'y a évidemment pas d'histoire au sens classique, mais des façons de numéros imbriqués dans une logique dramatique : le spectacle va vers la mort en riant de plus en plus jaune.

Comme j'ai envie de m'amuser il se terminera par une chanson très déshabillée, mais c'est pour mieux vous manger mon enfant.
Désordres du désordre CONTRE désordres de l'ordre

Les Ladies sont Ladies, et Queen est reine de Revue, mais toutes sont parfois garçons, danseuses, putains (je n'ai pas d'autre mot sous la main quoique l'argent n'ait rien à voir), chanteuses, bacchantes donc, musiciennes, voleuses, mystiques ou même, parfois, actrices, eh oui ! du genre imprécatrices, du mauvais genre.

Toutes, jeune homme compris, viennent dire, en ne le disant pas, toutes viennent faire chatoyer les désordres amoureux, leurs excès mortels, leurs délices, leurs ridicules, leurs obscénités, leurs libertés. Cette panoplie (non du tout exhaustive) des désordres des corps, que les protagonistes livrent avec générosité, en strip-tease, en travestissements de toutes les sortes, en chantant, disant, jouant de la musique, s'aimant jusqu'au sang, s'envolant dans les cieux, etc. etc. Tout cet attirail, toute cette machinerie n'est pas seulement mise en route pour donner du plaisir. Nos déesses posent leurs armes avec grâce, mais elles les disposent CONTRE. Elles sont CONTRE.

Elles les opposent, ces désordres là, à d'autres désordres, qu'on va dire ceux de l'Ordre, ceux de la Guerre, de la Famille avec-enfantement-obligatoire-parce qu'une-femme-sans-enfant-n'est-pas-vraiment-une-femme, du Religieux (et non du sacré), de la Loi et de ses geôles, etc. etc. Dionysos, dieu d'orient, contre Mars, dieu de fer, ou contre Dieu l'Unique, Dieu de la Règle et de l'Inquisition. Ô charmant monothéisme, contempteur terrorisé des corps et de leurs jouissances, haïsseur de vie par lâcheté devant le néant, mais bourreau très efficace des différences fascinantes que chaque corps de chaque homme recèle en puissance ou en secret.

On ne le dirait pas, mais cette Revue de Girls est une œuvre morale.

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2003 Déshabillages (Comédie mortelle) de Jean-Michel Rabeux, à la Rose des Vents de Villeneuve d'Ascq, au Théâtre de la Bastille à Paris, au Théâtre Garonne, à L'Agora - scène nationale.

2002 L'Homosexuel ou la difficulté de s’exprimer, de Copi, mise en scène de Jean-Michel Rabeux, reprise au théâtre de la Bastille.
Arlequin poli par l’amour, de Marivaux, mise en scène de Jean-Michel Rabeux et Sylvie Reteuna, reprise en tourné : 32 représentations en France, Belgique et Suisse.

2001 Arlequin poli par l’amour, de Marivaux, mise en scène de Jean-Michel Rabeux et Sylvie Reteuna, création au Théâtre Garonne, reprise à la Rose des Vents de Villeneuve d'Ascq, au Théâtre de Gennevilliers, et en tournée.
L'Homosexuel ou la difficulté de s’exprimer, de Copi, mise en scène de Jean-Michel Rabeux, création au Studio de l'Ermitage.
· Le Labyrinthe, de Jean-Michel Rabeux et Sylvie Reteuna, reprise dans le cadre des Rencontres des Cultures Urbaines de La Villette, au Théâtre de L'Agora d'Evry et à la Rose des Vents de Villeneuve d'Ascq, et tournée internationale.

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Informations pratiques

Théâtre de la Bastille

76, rue de la Roquette 75011 Paris

Accès handicapé (sous conditions) Bar Bastille Salle climatisée
  • Métro : Bréguet-Sabin à 377 m, Voltaire à 391 m
  • Bus : Commandant Lamy à 2 m, Basfroi à 243 m, Charonne - Keller à 244 m, Voltaire - Léon Blum à 384 m
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Plan d’accès

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76, rue de la Roquette 75011 Paris
Spectacle terminé depuis le samedi 5 avril 2003

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