Dans le Rouge

du 23 janvier au 18 février 2007
1 heure

Dans le Rouge

Un spectacle de clown pour adultes, intelligent et drôle, finement interprété par Lucie Valon, une jeune comédienne époustouflante.

Spectacle de clown pour adultes, intelligent et drôle.

Le goût pour la désobéissance
Ce que serait Dans le Rouge
Ce qu’aurait lu Dans le Rouge
Celles et ceux qui inspirent Dans le rouge

  • Le goût pour la désobéissance

Tout a commencé il y a quelque temps, le jour où l’on m’a demandé de faire une intervention, de lire un texte dans un cabaret « poélitique ». À l’époque, l’expression m’a donné envie de la tourner un peu en dérision. C’est le goût pour la désobéissance qui m’a menée à concevoir Dans le rouge. Comment faire pour traiter un texte polémique, pour ne pas le dénaturer, sans pour autant se prendre trop au sérieux, sans trop obéir à la loi du genre ?

C’est ainsi qu’est né mon personnage. Un personnage ? Ou pas. Une enveloppe plus qu’un être, une bulle, un matériau libre, qui voudrait rendre visible la maladresse humaine sans passer par l’interprétation d’un personnage en particulier. Un clown ? Maquillé, oui. Vêtu de rouge, oui. Mais sans nez. Ou pas tout de suite. Comme une citation pas très fidèle. Comme un sacrilège, comme un Auguste qui pourrait dire des textes. Des textes pas du tout fait pour le théâtre.

À l’origine, donc, une forme hybride, la rencontre avec des textes et, peu à peu, le sujet d’un spectacle : un voyage en enfer. Ce voyage m’a donc servi de piste pour explorer notre époque. Venu pour voir l’enfer de Dante -  un enfer de pâles, de rôtissoires, de ruisseaux de feu - mon personnage découvre tout autre chose… l’enfer d’aujourd’hui… l’enfer du décor… Dans cet enfer, comme dans celui de Dante, on retrouve bien les luxurieux, les peureux, les puissants. Mais, avec le temps, ils ont plutôt changé d’allure.

Chaleureusement accueilli au Théâtre de l’Aquarium, ce voyage a construit ses étapes sous le regard inventif et incisif de Julie Brochen, qui a non seulement soutenu le projet, mais s’est penchée sur l’ensemble du processus de fabrication de ce travail. Cet accompagnement actif a bien sûr dynamisé chacune des étapes de la création. Méthode hélas trop rare aujourd’hui…

Lucie Valon

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  • Ce que serait Dans le Rouge

Dans le rouge n’est pas un spectacle tragi-comique, Dans le rouge n’est pas un nouveau clown, Dans le rouge n’est pas une tarte à la crème, Dans le rouge n’est pas une déclaration de guerre, Dans le rouge n’est pas une femme, Dans le rouge n’est pas un homme non plus, ou alors si les deux, Dans le rouge n’est pas qu’une descente aux enfers, Dans le rouge n’est pas un cabaret, Dans le rouge n’est pas un hommage, Dans le rouge n’est pas une situation bancaire, Dans le rouge n’est pas un Auguste revisité, Dans le rouge n’est pas une diva infernale, Dans le rouge n’est pas une farceuse qui parade, Dans le rouge n’est pas un pantin métaphysique, Dans le rouge n’est pas là pour se faire engueuler.

S’il osait, Dans le rouge dirait qu’il est Dans le rouge.

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  • Ce qu’aurait lu Dans le Rouge

« On se croirait au spectacle - Au cirque -Au music-hall - Au cirque ».1

Dans le rouge ne se laissant pas facilement définir, on peut s’en approcher en allant voir du côté de ses lectures. Le personnage de Dans le rouge a beaucoup lu. De ces lectures, des morceaux de poèmes ressurgissent, de vieux lambeaux, des restes mythologiques, des traces, des silhouettes, des inspirations.

Dante d’abord : « Au milieu du chemin de notre vie/ je me retrouvai par une forêt obscure/ car la voie droite/était perdue. / Ah dire ce qu’elleétait est chose dure/ cette forêt féroce et âpre et forte/ qui ranime la peur dans la pensée !/ Elle est si amère que mort l’est à peine plus ;/ mais pour parler du bien que j’y trouvai, /je dirai des autres choses que j’y ai vues ».2

« Cerbère, bête étrange et cruelle/ hurle avec trois gueules comme un chien/ sur les morts qui sont là submergés./ Ses yeux sont rouges, sa barbe grasse et noire,/ son ventre large, ses mains onglées ;/ il griffe les esprits, les écorche et dépèce. » 3

Puis l’Entretien sur Dante, de Mandelstam : « Seule une taupe aveugle peut ne pas remarquer que tout au long de la Divine Comédie Dante est incapable de se comporter, ne sait pas marcher, ni que dire, ni comment saluer. […]. L’inquiétude intérieure, la maladresse lourde, embarrassée qui accompagnent chaque pas de cet homme peu sûr de lui, comme insuffisamment éduqué, malhabile à utiliser son expérience intime, à la traduire en cérémonial, de cet homme tourmenté, harassé - cela donne au poème tout son charme, son accent dramatique […]. Sous la capuche irréprochable et derrière le proverbial profil d’aigle se cachait une douloureuse maladresse qu’il fallait vaincre. Cette ombre qui à tous, de l’enfant aux vieilles femmes, inspirait de la crainte, elle avait peur elle-même - Alighieri passait du chaud au froid : des formidables accès de fatuité à cette lucidité quant à sa nullité absolue ». 4

« Impensable de lire les Chants de Dante sans les attirer vers l’époque contemporaine. C’est dans cette intention qu’ils ont été écrits. Ils sont des appareils à capter l’avenir. Ils appellent un commentaire au futur ».5

Dans le futur, on trouve la Lettre de Staline à ses enfants réconciliés, dans laquelle Raoul Vaneigem fait mine de laisser la parole à Staline : « Avec quelle éloquence j’aurais prêché qu’il n’est pas de confort paradisiaque sans un soupçon d’enfer ; que la rançon du bonheur à prix variable réside dans une universelle et galitaire prescription de respirer le même air contaminé, de manger des brocolis pareillement phosphatés, de contempler du Nord au Sud la ligne uniforme des paysages bétonnés, de payer redevance à la guerre menée partout au vivant pour les meilleures raisons qui soient. J’aurais même fait mienne sans vergogne la judicieuse observation d’un responsable du programme d’électricité que les habitants de Tchernobyl agaçaient de leurs préoccupations égoïstes : « de quoi vous plaignez-vous ? Avec les beaux champignons que vous trouvez, vous auriez de quoi vous enrichir en nourrissant toute la région ». 6

Et encore Philippe Muray dans Chers Djihadistes : « Cette époque exagère. L’exagération comique me paraît la meilleure réponse que l’on puisse lui apporter ».
« Il ne faudrait pas grand-chose pour que nous ne nous déplacions plus que dans un univers de Riquet à la houppe, de chats bottés, de petits poucets et de cendrillons. Nous y arriverons ».

« Vous nous imaginez vautrés dans des plaisirs et les loisirs qui nous ont ramollis. Eh bien nous lutterons comme des lions pour protéger notre ramollissement. Nous nous battrons pied à pied, mètre par mètre et minute par minute. Nous nous battrons. Nous nous battrons pour tout, pour les mots qui n’ont plus de sens et pour la vie qui va
avec. Nous nous battrons pour la vie jeune. Nous lutterons pour la réduction des émissions de gaz, nous nous battrons pour un millenium de n’importe quoi, pour les bateaux qui volent, pour la pilule d’éternité, pour les savants qui veulent cloner tout le monde et pour une opposition résolue à leurs sombres desseins. Nous nous battrons jusqu’au dernier pour bouger, changer, aller de l’avant. Nous nous battrons pour nos bébés, pour leur libre accès aux services culturels. Nous nous battrons pour la télévision, pour qu’elle continue de nous manger le temps de conscience qui nous restait. Nous nous battrons sans fin parce que notre fin est advenue depuis longtemps et que nous n’en gardons même pas la mémoire ». 7

1. Samuel Beckett, En Attendant Godot, Paris, Minuit, 1952.
2. Dante, La Divine Comédie, L’Enfer, Chant I, vers 1-9, traduction Jacqueline Risset, Paris, GF, 1985.
3. Dante, La Divine Comédie, L’Enfer, Chant VI, vers 13-18, traduction Jacqueline Risset, Paris, GF, 1985.
4. Ossip Mandelstam, Entretien sur Dante, traduction Jean-Claude Schneider avec la collaboration de Vera Linhartovà, Genève, La Dogana, 1989, p. 28.
5. Ibid, p. 52.
6. Raoul Vaneigem, Lettre de Staline à ses enfants réconciliés, Lagrasse, Verdier, 1998.
7. Philippe Muray, Chers Djihadistes, Paris, Mille et Une Nuits, 2002.

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  • Celles et ceux qui inspirent Dans le rouge

Philippe Caubère et son Roman d’un acteur, à cause de la performance d’un comédien interprétant plusieurs personnages ; Catherine Germain dans Le Sixième jour, à cause de la poésie d’une femme clown qui utilise tous les âges de la vie ; Les Colombaïonis, des clowns italiens, sans maquillage et pourtant classiques, l’un Auguste et l’autre clown blanc, l’un incarnant l’enfant, l’autre la raison qui ne tourne pas rond ; L’Ange bleu, à cause du clown qui rôde…

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Spectacle terminé depuis le dimanche 18 février 2007

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