A la renverse

du 4 avril au 30 mai 2006

A la renverse

Michel Vinaver met lui-même en scène cette nouvelle version de sa pièce écrite en 1979 : Bénédicte, la princesse au hâle légendaire, aujourd’hui condamnée, entraînera-t-elle dans sa chute l’entreprise Bronzex, leader des produits solaires... ? Une rencontre théâtrale rare avec l’écriture singulière d’une tragédie contemporaine.

Une « tragédie » contemporaine
De l’esquisse à la mise en scène
Note sur la mise en scène (auto-interrogatoire)
Notes d’écriture *

  • Une « tragédie » contemporaine

Alors que l’entreprise Bronzex, productrice de la fameuse crème solaire Mi Fa Sol, se prépare à connaître un nouveau rayonnement, une menace surgit, qui soudain bouleverse le paysage.

Chaque samedi soir sur Antenne 2, une présence médiatique nouvelle s'impose aux Français. Elle s'appelle Bénédicte. Bénédicte de Bourbon-Beaugency. Elle a tout pour elle : son nom, sa fortune, son charme, sa jeunesse. Il lui reste peu de jours à vivre, en raison d'un mélanome malin, cette variété de cancer cutané s'observant dans les rangs de ceux et de celles qui vouent aux bains de soleil un amour immodéré. Dans une série d'entretiens avec le journaliste Michel Beuret, semaine après semaine, elle décrit l'évolution implacable de sa maladie. Sa nouvelle et ultime passion, c'est qu'à tout prix son message passe, que sa mort ne soit pas inutile.

Et le message passe. Il passe même trop bien. Les stations balnéaires sont désertées. Les ventes de produits solaires sont en chute libre. Les grands couturiers s'apprêtent à lancer la mode de la peau blanche... Quelles conséquences les confessions de Bénédicte auront-elles sur le sort de Bronzex ? Quels retentissements sur le destin de ses employés, depuis les ouvrières sur les chaînes de remplissage des tubes et flacons, en passant par les cadres, jusqu’au sommet de la hiérarchie ?

Une première version de la pièce, écrite en 1979 pour 6 acteurs, a été créée le 25 novembre 1980 au Théâtre National de Chaillot dans une mise en scène de Jacques Lassalle. Le texte en a été publié aux Editions de l’Aire, Lausanne, en 1980, puis dans le Théâtre complet de Michel Vinaver, Actes Sud, en 1986.

C’est une version entièrement nouvelle de A la renverse, pour 20 comédiens, datant de 2002, qui a fait l’objet de l’Atelier Mettre en scène l’écriture contemporaine organisé par les Chantiers Nomades en mars-avril 2004. Cette nouvelle version est publiée à l’Arche dans le tome 4 de la nouvelle édition en 8 volumes (parue chez Actes Sud et l’Arche) du Théâtre complet de Michel Vinaver.

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  • De l’esquisse à la mise en scène

Au printemps 2004, sous l’impulsion de Frédéric Plazy, directeur des Chantiers Nomades, vingt comédiens participent à un chantier de recherche et de formation autour de l’écriture contemporaine, mené par Michel Vinaver et Catherine Anne (metteur en scène et directrice du Théâtre de l’Est Parisien). Un travail de mise en jeu de A la renverse s’amorce et la rencontre des acteurs avec le texte et son auteur prend corps. La justesse de cette première esquisse de mise en scène donne à cette compagnie éphémère l’envie de poursuivre le processus de création…

Pour l’équipe des Athévains et du théâtre Artistic Athévains, il y a eu, au moment de la création des Travaux et les jours en 2000, la rencontre, essentielle dans notre parcours artistique, avec Michel Vinaver. Aussi, c’est tout naturellement, après avoir vu la maquette de A la renverse, que nous avons proposé de produire la création de ce spectacle.

Un projet hors de toute norme : Michel Vinaver a écrit A la renverse comme une partition pour 29 protagonistes, brassant toutes les classes sociales (ouvrières à la chaîne, cadres subalternes, cadres dirigeants, grands patrons de multinationale, aristocrate, animateur de télévision), mêlant de multiples thèmes, se déroulant sur une période longue et dans une diversité de lieux… et c’est à travers cette pièce, réputée offrir toutes les résistances à la représentation, qu’il a choisi de se confronter pour la première fois à la mise en scène… avec une distribution de 20 comédiens.

Dominique Bourde et Anne-Marie Lazarini

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  • Note sur la mise en scène (auto-interrogatoire)

Quel principe vous a guidé pour la mise en scène de A la renverse ?
Le rond. Il fallait que l’espace soit rond… ou d’une forme s’en approchant : ellipse, carré, rectangle, l’idée étant que le public entoure l’aire de jeu. Avec un dispositif de ce type, nombre de mes préférences en matière de mise en scène sont d’emblée acquises : il n’y a pas l’invisible quatrième mur ni, donc, l’amorce d’une indiscrétion, tout est carte sur table ; il n’y a pas de hiérarchie entre face, dos et profil ; il n’y a pas l’organisation d’un tableau, avec son centre et ses côtés ; il n’y a pas d’illusion ; il n’y a pas de décor.

Vous dites tout ce qu’il n’y a pas. Etes-vous un amateur du « pas » au théâtre ?
Bon, disons ce qu’il y a. Il y a la proximité : où qu’on soit assis on est tout près. Il y a que ce à quoi on assiste est unique et lié au hasard : si j’étais assis ailleurs je verrais autre chose. Surtout, il y a que l’action est toute entière dans le texte tel qu’il passe dans les voix, visages, postures, gestes des acteurs ; dans l’entre-deux des visages, des corps ; dans la géométrie des figures que tracent, les uns par rapport aux autres, leurs mouvements. Et rien pour vous en distraire.

Et ça se fait tout seul ? Sans intervention du metteur en scène ?
Il est le metteur en rythme. Le travail de répétition est pour une large part une mise en rythme du texte. Le rythme de la production de la parole est ce qui va ouvrir accès au rire, au sourire, à une émotion, à une vibration, au sens, et à ce qui est le but ultime : le plaisir. Les acteurs inventent leur jeu à partir de l’objet sonore constitué. Parmi leurs propositions, le metteur en scène happe celles qui sont les mieux accordées à l’objet sonore.

Vous privilégiez l’oreille plutôt que l’œil ?
La beauté de ce que reçoit le regard, il ne faut pas s’en préoccuper. Elle vient toute seule, elle s’invite au repas si la justesse de la relation entre jeu et texte est au rendez-vous.

Vous avez toujours dit que la mise en scène, ce n’est pas votre affaire.
Oui. Je m’étais délivré un brevet d’incompétence, pour la raison que quand j’écris je ne vois rien. Rien n’aurait pu me décider d’entreprendre une mise en scène. Il aura fallu ce stage sur A la renverse, l’année dernière, qu’à reculons j’ai accepté de conduire. J’ai bien senti qu’en trois semaines il s’était produit un événement hors norme.

Comment l’expliquez-vous ?
Un aveugle a trouvé son guide. Au long de mon parcours d’écrivain de théâtre, il m’est arrivé peu de choses aussi réjouissantes, aussi captivantes. Impossible de prévoir un résultat pareil.

Est-ce le début d’une nouvelle carrière ?
Moquez-vous. Mais je suis récidiviste, avec Iphigénie Hôtel, en rond, aux Amandiers, regroupant les mêmes vingt acteurs, en juin, dans la foulée des représentations d’A la renverse aux Athévains.

Michel Vinaver, 19 février 2006

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  • Notes d’écriture *

Du lieu
Choisir le champ du travail pour inscrire un texte de théâtre, cela ne veut pas dire que l'on a une approche descriptive, documentaire, d'information. Cela veut dire qu'on s'approprie le champ qui est devenu, plus que tout autre, conducteur de ce qui est théâtralement intéressant : un système de tensions, de conflits entre les personnages, entre le personnage et ce à quoi il appartient, entre le personnage et lui-même. Chacun est constamment partagé, et de façons diverses, dans son rapport au travail. L'erreur est peut-être de penser que « le travail c'est faire quelque chose ». Non : le travail, c'est être dans quelque chose.

Des personnages
Je perçois que ce qui se passe dans mes pièces à l'égard des personnages, c'est qu'ils se révèlent dans leurs manques, mais qu'ils ne sont pas dénoncés, ils échappent à tout épinglage alors qu'on s'attendrait à les voir d'une certaine façon jugés... ils sont. Je vois bien que la clémence est le lieu de mon rapport aux personnages et du rapport des personnages au monde.

Du dialogue
... une réplique d'un personnage qui n'est pas du tout en situation dramatique par rapport au personnage dont la réplique précède va pourtant influer sur la situation dramatique en question. Il y a là comme un phénomène de fusion métallurgique. Et c'est également un moyen de distancer en même temps que l'on rapproche. On arrive à signifier, par les résonances de paroles hors situation, des choses sur la situation d'un personnage ou d'un groupe.

De la peinture abstraite
Oui, ça peut évoquer certaine peinture non-figurative, à caractère aléatoire, celle qui semble s'approcher d'un état explosif, Kandinsky des années 1911-1912 par exemple, c'est la réalité avant qu'elle ait pris figure. Et toute la pièce est une poussée vers la figuration.

Du rire
... quelque chose dans ces textes est constamment décalé (...) Le décalage varie dans ses intensités ; au minimum il produit un léger gauchissement, au maximum il produit l'explosion burlesque. Toutes mes pièces comportent une forte dose de burlesque. Ce qui les retient (je le regrette...) d'acquérir le statut de « farces », c'est l'oscillation, sans doute, de la parole tout au long de cet axe qui va du décalage lourd au décalage léger et vice-versa. La farce ne trouve pas le temps de s'installer.

De l'auteur
Je serais mieux dans ma peau si j'étais peintre. Je partirais alors de ce qu'il y a de plus indifférencié dans les matières, les formes, les tonalités, les rythmes. C'est du reste avec des peintres, plus qu'avec d'autres écrivains, que je me crée des relations de compagnonnage. Ce sont des peintres, comme Braque quand j'étais adolescent, comme Dubuffet plus tard, comme Rauschenberg, Tapiès, Hantaï ou comme Motherwell récemment que je mobilise pour qu'ils m'accompagnent dans mon itinéraire, et pour qu'ils me rassurent. Je me sentirais mieux peintre, ou bien compositeur de musique.

De l'écriture
Ma démarche consiste à prendre des éléments de réalité brute, plate, et à les dissocier les uns des autres en les recomposant par la méthode du montage, du collage, de l'assemblage, du lacérage... Ce qui les fait percevoir dans toute leur étrangeté. Là intervient un travail de « frottement » des éléments les uns aux autres, de glissements, d'entrechocs, de bavures, de dérapages, qui utilisent le rythme et la consonance des paroles, des phrases. Une continuité verbale se constitue à partir de la discontinuité des éléments de réalité et provoque des « jointures ironiques » illimitées et imprévues. C'est une manière de déranger l'ordre des choses sans le dénoncer.

Du sens
L'écriture, c'est ma manière de creuser à la recherche de sens. Chaque pièce est un chantier de fouilles. Mais je ne cherche pas un sens (au monde, à la vie, etc ... ). Je cherche à raccorder des choses, avec l'espoir que cela donnera naissance à des bouts de sens et ainsi de suite, d'une façon discontinue et plurielle.

* Michel Vinaver, Écrits sur le théâtre tomes 1 et 2, L’Arche

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Artistic Athévains
45 rue Richard Lenoir 75011 Paris
Spectacle terminé depuis le mardi 30 mai 2006

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