Présentation
La compagnie La Troppa
Revue de presse
En pleine révolution industrielle, deux êtres visionnaires et omnibulés découvrent
des indices pour parvenir au centre de la terre. Ces indices sont retrouvés sur un vieux
papyrus oublié, codifié par lalchimiste Arné Saknussemn, condamné au bûcher
pour hérésie et brûlé avec ses livres.
Le périple quentament alors le savant Professeur Lidenbrock (Juan Carlos Zagal) est
son neveu Axel (Jaime Lorca) est clairement un voyage initiatique et contient tous les
éléments romantiques et daventure si caractéristiques du célèbre romancier
français.
Il sagit certainement dun défi. Et pour se rendre compte que les membres de
La Troppa nont pas peur de le relever, il suffit de voir le spectaculaire réalisme
de la locomotive à vapeur placée au centre du plateau.
Cette croisade au centre de la planète est présentée comme un voyage
dintrospection spirituelle dans lequel limagination et la soif de connaissance
tiennent un rôle prépondérant. Le plus important pour les membres de la Troppa,
cest de réfléchir sur lévolution de lhomme en utilisant le voyage
comme métaphore de changement et de croissance intérIeure, comme sil
sagissait de faire des recherches sur les conduites, les émotions et les attitudes
des êtres humains confrontés au mystérieux et à linconnu.
La compagnie La Troppa est née en 1987 alors que ses fondateurs terminent leurs
études dArt Dramatique à lEcole de lUniversité catholique du Chili.
A ce jour, les trois comédiens et responsables de la compagnie (Laura Pizzaro, Jaime
Lorca et Juan Zagal) ont réalisé sept créations collectives :
- El Santo Patrono, spectacle créé au Centre Culturel Mapocho, avec
laide de lAmbassade dItalie, 1987.
- Salmon Vudu, qui a remporté le prix du IIIème Festival de
théâtre de lInstitut chilien-nord-américain, 1988.
- Rap de Quijote, créé au Théâtre de lUniversité catholique.
Nominé par la presse théâtrale comme meilleur spectacle, 1989.
- Pinocchio, créé à lInstitut culturel de la Municipalité de
Las Condes en 1991 avec laide de linstitut de Coopération Iberoamericain
(ICI). Le spectacle a remporté les prix de meilleur spectacle de lannée et
meilleur montage 1991, attribués par le Cercle des critiques dArt et par
lassociation des journalistes de spectacles du Chili.
- Lobo, en 1992, spectacle lauréat du concours lancé par le Ministère
de lEducation pour réaliser une tournée à travers le Chili en tant que théâtre
itinérant. Pinocchio fait également partie de la tournée.
- Voyage au centre de la terre, créé en 1995 au Théâtre de
lUniversité catholique du Chili.
- Gemelos, créé au Centre culturel Mapocho en janvier 1999.
Il sagit du roman fantastique de Jules Verne raconté à la manière ludique du
talentueux groupe La Troppa. Un géologue et chercheur, allié de son neveu et disciple,
profite de la trouvaille dun manuscrit médiéval et suivant la même route,
emprunte une descente dans les profondeurs de la planète.
Laventure contient également un niveau symbolique, cest le voyage des
personnages vers leur propre intériorité inconnue, imprévisible, hors du contrôle de
la raison. Les trois interprètes de La Troppa usent à nouveau de la méthode de
création collective en re-élaborant librement un texte littéraire et narratif. Ils
co-dirigent et interviennent étroitement dans la scénographie et le design des
accessoires, et Juan Carlos Zagal compose en plus la musique. La mise en scène déborde
dimages théâtrales pleines denchantements et dinventivité
prodigieuse, avec dabondants recours aux bandes dessinées et aux vieux films
daventures. Cest comme un stimulant scénario mental que la propre imagination
dun spectateur très actif doit compléter. En plus de Zagal et Jaime Lorca, le
troisième protagoniste est la locomotive de bois, objet sculpture ou énorme jouet qui
est à la fois symbole de voyage, de force, et scénographie ; les acteurs le transforment
en espaces requis par lhistoire. Une fête de pure magie théâtrale dont peuvent
profiter les petits, mais qui se destine surtout à lenfant quil y a en chaque
adulte.
Pedro Labra, La Segunda, Santiago du Chili, s/d
Le groupe La Troppa a trouvé son chemin dans lart de la représentation avec un
sceau caractéristique au sein de la création de groupe : ladaptation de textes, le
dessin et lélaboration minutieuse de scénographies, dobjets et
dappareils mobiles, une musique composée spécialement pour chaque montage,
lintégration de la technologie et la vision dun monde moderne changeant. Tout
ici rend compte dune forme dynamique de faire du théâtre, avec des recours
scéniques très ingénieux et dune grande force visuelle, en un style qui place ce
groupe à la tête des créateurs nationaux. (
)
Le groupe La Troppa réalise un travail dune véritable envergure créative, partant
dun espace scénique choisi pour représenter laventure des voyageurs au
centre de la terre : une locomotive de taille quasi réelle, installation qui se
transforme en micro-scène, en labyrinthe, en définitive en lieu symbolique où la
pensée, le rêve, le temps et lespace se mélangent pour faire de chaque instant un
épisode fantastique.
(
) Juan Carlos Zagal est le professeur Lidenbrock et Jaime Lorca, son neveu Axel. Un
duo qui entame dés le début une relation de maître à élève pleine
détincelles, dintelligence et denchantement. Laspect scientifique
est amené part ces acteurs de manière amusante.
(
) Tout est au service de lhistoire, transformée par LA Troppa en une
représentation qui illustre, raconte, admire, surprend et exalte le monde de Jules Verne.
Comme peu souvent sur nos scènes, dans Viaje al centro
, le public applaudit à
plusieurs reprises, fasciné par la créativité des jeux proposés, par la solution
imaginative à la narration même et par le naturel du travail des acteurs. Cette
derbière création de La Troppa réunit lattrait dune histoire qui ne perdra
jamais son essence et le talent dun groupe qui a su comment la redécouvrir. Les
enfants et les adultes pourront profiter pleinement de ce voyage.
Carola Oyarzun, Crética de teatro, s/d, Santiago du Chili
(
) Le groupe chilien La Troppa demande aux spectateurs quand ils vont toucher le
fond de cette aventure quest le Voyage au centre de la terre. Le spectateur à son
tour, guettant depuis lautre côté de labîme, qui est labîme même
des personnages, répondent à lunisson : « on ne touche pas encore le fond ».
Et cest que le collectif chilien sintéresse à labîme qui contient
dun côté la tendresse et de lautre, le jeu : le jeu des émotions, du
suspens, de lattente. Viaje al centro
ne pourrait pas se comprendre sans un
spectateur complice qui abandonne le rationnel et entreprend un voyage vers la
périphérie de lui-même. (
) La Troppa se pose face à cette pièce classique avec
des éléments contemporains, en une mixture qui traverse les couloirs du cinéma, de la
BD et de la télévision ; seule une dramaturgie intelligence empêche que ce risque se
transforme en un mélange incohérent et, au contraire, La Troppa avance vers les
territoires de ce que Fellini appelait « la construction en abîme » : le cinéma dans
le cinéma, et dans ce cas, le théâtre dans le théâtre. Parfois le spectateur regarde
une pièce dans une autre, par le fait que le professeur Lidenbrock et son apprenti Axel
laissent leur rôle pour assumer celui du narrateur, en une manifestation évidente
dintercommunication avec les émotions du public.
Si lesthétique narrative du Viaje al centro
est intelligente et sagace,
larchitecture du recours scénique lest encore plus : entre le train et les
objets quon manipule sur scène se construit une sorte d « imposture » dans
laquelle le mensonge et la vérité conforment lunivers de cet art ancien : être
essentiel dans le jeu et contemporain dans le langage.
Wilson Escobar Ramirez, La Patria, journal de Manizales, Colombie, s/d
Si on vénère Jules Verne pour ses prophéties scientifiques et ses fictions
spectaculaires, il faut applaudir les Chiliens de La Troppa pour leur manière,
complèxement simple, de nous présenter une prodigieuse adaptation du roman français.
Ils nous transportent dans un voyage hallucinant et exhibent les profondeurs du langage et
de sa communication : un travail artisanal de spéléologie théâtrale.
(
) Le déchiffrage dun cryptogramme motive le professeur Lidenbrock et son
neveu Axel pour débuter lexpédition. Ils suivent donc les pas de Arne Sarnussen,
vieil alchimiste et auteur de lénigmatique contenu. A partir de là, le rosaire
daventure a tant et tant de beaux mystères que les litanies sont rodées et
parfaites.
(
) Les recours du groupe ne se limitent pas à lexpression parlée, car
leffet visuel joue un rôle très important dans lexposition. La façon dont
Jaime Lorca et Carlos Zagal rêvent avec le voyage en ballon jusquen Islande est
très ingénieuse, de même que la réduction de petites marionnettes pour traduire la
descente à lintérieur de la terre. Le travail de lumières a également un rôle
majeur, défini jusquà lextrême ; cest la même chose pour
lemploi de la voix pour traduire lécho ou le lointain. Lemploi du micro
a été essentiel.
Alberto Garayoa, Spéléologie théâtrale, s/d.
(
) Voyage au centre
pourrait se conceptualiser comme un voyage à
lintérieur de nous mêmes ou comme un retour vers les régions perdues de
lhomme et de ses essences. Visionnaire, Verne publia cette uvre en 1864 et
situa laction un an plus tôt, en plein démarrage de la Révolution Industrielle,
avec la bourgeoisie régnante et lhomme croyant tout dominer à travers la raison.
Lidenbrock et son neveu sont les représentants de cette société. Ils sont deux
scientifiques préoccupés par la configuration moléculaire ; des intellectuels
romantiques qui, bien quils assument les conditions de la vie européenne du 19e
siècle, sengagent dans des réponses fondamentales et analysent le microscope en
tentant de sexpliquer lorigine de lhomme et de lunivers.
(
) Zagal : « Ce sont des types sédentaires qui croient que la vie est comme ça.
Mais tout à coup ils frappent à sa porte et laventure les appelle. Et ils se
rendent compte quils ne peuvent pas continuer à vivre comme dhabitude ».
Viaje al centro de la tierra traverse les interstices du globe terrestre, mais aussi les
possibilités de lesprit humain, sa dualité et ses changements, sa mutabilité, sa
capacité de transformation et de perfectionnement. IL sagit dun urgent «
carpe Diem » qui pousse les deux scientifiques à ne pas perdre leur temps.
« Le parchemin leur enlève leur carapace. DE bourgeois ils se transforment en ermites,
en ^tres de grande profondeur, qui appliquent leur savoir à des réponses fondamentales
», ajoute Zagal.
Cest pour ça que ce Voyage au centre quentreprend La Troppa est un voyage au
centre de chacun et de tout. « Cest comme recommencer à
» dit Lorca. «
Renouer avec quelque chose qui sest perdu » ajoute Zagal. Lidenbrock et Axel,
lentement, se dépossèdent de tout. Et en ayant besoin de la maquette quils ont
construite, ils retrouvent lauthenticité. (
) Les personnages sont allés
mourir, changer de peau, renaître. Leur ciel, leur centre, ce nest rien
dautre que ce quils seront à partir de maintenant.
Juan Antonio Munoz H, 1995
La Troppa est une de ces compagnies dont le travail laisse le parterre de fauteuils agréablement surpris. Le groupe chilien réalise dans son Viaje al centro une uvre authentique de génie novateur. Le montage, de même que le texte écrit par Jules Verne à son époque, abonde en imagination, cest un véritable exercice dexplorateurs, et dans ce cas de recours théâtraux. La Troppa analyse le monde de la BD, de la caricature, du mouvement, du premier plan, de lhumour, et dépense également une énorme vitalité. Mais il ny a pas que le langage de La Troppa qui soit novateur. Leur conception de lespace scénique mérite une mention spéciale. Sur les planches, une locomotive remplie de mécanismes se transforme en labyrinthe magique à lintérieur duquel se dessine une micro-scène. Cest au travers de ses tripes que La Troppa voyage vers ce mystérieux centre de la terre, où le temps et la réalité se mêlent à la fantaisie et aux recours ludiques. Viaje al centro de la tierra est plus un exercice dinnovation théâtrale quune expérimentation imaginative. La Troppa cherche et trouve une nouvelle formule de narration sur scène, utilise un sans fin de recours mis au service de lhistoire. Rien nest gratuit. La Troppa, en définitive, plus quun souffle dair frais, est une surprenante tornade chargée de bon goût et de travail dinvestigation. Et, le plus important, cest que le public répond à cette proposition à la perfection et que chacun rit sans se freiner.
José Maria Moreno, Un ouragan de génie, s/d
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