Un mec sympa

Romans, articles, pièces et sketches, Antoine de Caunes compose un florilège des textes incisifs de son ami et partenaire de toujours, Laurent Chalumeau. Ces deux complices à l’humour et au charme ravageurs, s’allient dans un projet de lecture décalée, insolent et rock : un spectacle qui s’écoute dans la jubilation.

Le Rock est un rythme de baise, un peu comme il existe des chansons de marche. Et aussi un monde où règnent les monstres sacrés : « L’élément intéressant, là, c’est la totale normalitude du keum. La rapidité avec laquelle on oublie qu’on est en face de « Springsteen ». On est juste avec un ricain cool, quasi de la même génération, qui a écouté les mêmes disques, vu les mêmes films... »

Dans le cadre des Lectures monstres. Une table, une chaise, une voix. Des lecteurs d'exception fouillent quelques figures de monstres cousues sur mesure ou prêtes à porter. Histoires, nouvelles, récits, témoignages  ; ils font entendre des textes aux sujets monstrueux.

 " Oui, enfin ! Lorsqu’on joignit la parole qui les décrivait aux gestes qu’on exécutait depuis déjà belle lurette, retentit son nom de rock & roll dans l’Amérique frustrée. Pour ceux qui avaient encore le moindre doute, c’était désormais marqué dessus. Cette contagieuse exhortation aux mouvements de hanches portait désormais un nom qui était tout un programme, une leçon de danse - ou de débauches plus graves encore : Rock, puis roll, et recommencez autant de fois que nécessaire. Injonction dont l’obscénité n’apparut pas aussi clairement en France que si l’on avait pris la peine de traduire le nom de ce nouveau rythme en provenance des Etats-Unis. Alors, si un caprice d’académicien avait exigé une transposition, il eut fallu choisir entre Zig-Zig, Zizi-Panpan, Radada, Roploplo, Zigouigoui, Perlin-Panpan, Bourre-et-Bourre ou même Ratatam, Touche-Pipi, Frottis-frottas, Rentre-etsort, Glisse-et-Bouge, Pousse-et-lime, vaiséjeviens – voire pire encore. Ainsi, aux Amériques, ce monde qui aura très vite paniqué devant sa propre nouveauté, le Rock est-il la mimique de tout ce qui veut profiter de la jeunesse de son corps et des espaces qui l’entourent. La mimique de l’envie d’être noir. "  Laurent Chalumeau