Prunus Armenica, 7 miniatures pour Paradjanov

Présentation
La prune d'Arménie, l'abricot
7 miniatures pour Paradjanov

Présentation

La renommée de Sergueï Paradjanov parvient en France en 1966, avec le film Les Chevaux de feu qui révèle au monde un cinéaste poète et provocateur en complète rupture avec l’esthétique, alors en vigueur, du réalisme socialiste. Malgré les brimades continuelles et de longues années d’enfermement, Paradjanov a créé, de Sayat Nova (Couleur de Grenade) à La Légende de la forteresse de Surami ou Achik Kérib, tout un univers à l’écoute de l’Orient de son enfance, ludique et sensuel, rempli des légendes du Caucase. Il voulait en mêler les différentes composantes et dépasser ainsi les replis nationalistes et identitaires qui n’ont pas manqué de se manifester dans cette région après la fin du régime soviétique.

Personnage extravagant, Paradjanov est aussi un créateur aux talents multiples, faisant œuvre de tout. Il dessine, collectionne et fabrique costumes, chapeaux, collages. Il transforme sa maison de Tbilissi en un musée personnel des cultures du Caucase.

À sa mort en 1990, cette maison est reconstituée à Erevan. C’est en découvrant son imaginaire foisonnant, fantasque, onirique dans ce lieu totalement magique, îlot au milieu d’un pays exsangue et isolé, que nous avons rêvé d'un spectacle mosaïque, collage de fragments, à la croisée du théâtre et de la danse.

Xavier Marchand
Olivia Granville

La prune d'Arménie, l'abricot

Les abricots d'Arménie n'ont pas le même goût que ceux d'ici. Qu'on les ouvre et perle une goutte de jus sucré et délicieux : une larme disent volontiers les gens de là-bas. Le pays a traversé tant d'épreuves, que des larmes, certains n'en ont plus à force d'en avoir trop versées. C'est dans le bois d'abricotier qu'on taille le düdük, cette petite flûte simple à hanche double, aux plaintes et au son nostalgiques, dont les maîtres tirent des chants et des couleurs à vous renverser l'âme.

C'est dans un champ d'abricotiers que les funambules, de père en fils, préfèrent dresser leur fil, lien tracé entre le ciel et la terre. Et sur le sol, le comique, grotesque et ridicule, commande aux trois musiciens la musique et tente de faire oublier par ses facéties que ces majestueux équilibristes risquent après tout leur vie.

7 miniatures pour Paradjanov

La vente aux enchères : où l'on vend des objets et des âmes. L'homme y achète une machine à coudre Singer, une prononciation rarissime française, un cheveu doré ayant appartenu à Madame Paradjanov.
L'enfance : où le manteau qui porta malheur flotte dans les rues de Tbilissi.
La légende : où le héros coiffe le casque et revêt la cuirasse du fabuliste.
Le procès : où seules sont jugées les choses : la chaise, le journal et le chapeau.
L'enfermement : au camp d'emprisonnement, où les tôlards adorent les chats.
La lamentation : où vibrent la fureur poétique de Grégoire de Narek et les plaintes du kamantcha.
Madame Germain ou l'enterrement d'un siècle.