Ophélie fait la grève de la faim avec Docteur X en arrière plan

du 20 au 29 mai 2004
1H20

Ophélie fait la grève de la faim avec Docteur X en arrière plan

Ophélie a pensé faire une grève de la faim. Ophélie est une mutante, ses cellules ne lui permettent pas de faire autre chose que ce qu’elle dit ou ce qu’elle pense. Son extrême honnêteté la consume comme un feu, et augmente sa température. Docteur X la soigne, et en même temps pompe doucement son énergie, dans l’espoir de cesser de refroidir : son corps est le résultat de tellement de mensonges accumulés, qu’il est devenu mutant, lui aussi. L’état du Docteur X et d’Ophélie est celui de ceux qui affrontent le mensonge et la trahison.

« Il n’y a jamais de crédits pour les projets fous. Et ce ne sont que les projets fous qui valent la peine… » Ophélie

« une pièce ordinaire, sur des choses extraordinaires »
La naissance de la pièce

Notes de mise en scène

Pourquoi, aujourd’hui, il est indispensable de montrer « Ophélie... »  ?

La Brigade des Amazones

Que raconte Ophélie dans son lit d’hôpital entourée par une équipe très perfectionnée, face au docteur X ?

Ophélie veut pouvoir se nourrir normalement... elle a pensé faire une grève de la faim, et elle s'est retrouvée tout de suite dans l'incapacité d'avaler même une gorgée d'eau. Elle est là, prête à subir toutes les manipulations pour être sauvée d’elle-même. Ophélie est une mutante, ses cellules ne lui permettent pas de faire autre chose que ce qu’elle dit ou ce qu’elle pense. Son extrême honnêteté la consume comme un feu, et augmente sa température.

Docteur X la soigne, et en même temps pompe doucement son énergie, dans l’espoir de cesser de refroidir : son corps est le résultat de tellement de mensonges accumulés, qu’il est devenu mutant, lui aussi. Sa température baisse, il se fige progressivement.

Aux deux extrémités de l’échelle des valeurs humaines, Ophélie et Docteur X s’aiment, comme seuls peuvent s’aimer deux êtres gravement malades : d’une manière sacrificielle et à vie. Sans le vouloir, Ophélie fait la démonstration de ce qu’est le refus de mentir, à travers son corps, sa vie et ses amours.

La pièce est une éloge au désir de vivre de cette micro-société.

Ophélie réussira t-elle à passer son énergie sans limites au Docteur X et à le réchauffer ? Le Docteur X réussira t-il a faire accepter par les cellules d’Ophélie la nourriture ? L’état du Docteur X et d’Ophélie est celui de ceux qui affrontent le mensonge et la trahison.

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“ J’ai écrit Ophélie fait la grève de la faim en mars 1983, pour dire à Antoine Vitez vers quoi se dirigeait notre société. Je le suppliais de ne pas se figer, j’étais prête à le renflouer avec mon énergie. Mon Ophélie était la réponse à celle qu’il venait de mettre en scène dans Hamlet de Shakespeare. Elle ne se noyait plus, ne souffrait plus. Elle était le soutien de Hamlet dans ce monde de rois et de nobles-brigands. Elle, dans sa folie, le rendait fort, prenait sur elle toutes les impossibilités d’Hamlet, parce qu’elle délirait...

En mars 1985, j’écoutais et regardais Hernani médusée. Car j’entendais Ophélie... Les mots, le rythme, les images, les détails dans les gestes, c’était mon texte, à peine couvert par le texte de Victor Hugo. Redjep Mitrovitsa, Don Carlos, l’adolescent futur roi, était, dans toute sa fragilité, Ophélie.

Antoine Vitez me disait souvent : “Maria, tu dis quelque chose, puis tu l’oublies. Mais ça arrive tel que tu l’as dit.” J’avais oublié Ophélie... et le théâtre, quand, dans un moment de rage contre la télévision - média à pensée unique - j’ai réellement fait durant 45 jours une grève de la faim très dure. C’était en 1989. Moi, je ne le savais pas, mais Antoine Vitez savait que je la ferais.

Il avait bien travaillé sur Ophélie fait la grève de la faim avec docteur X en arrière plan... j’ai décrit ma grève, jour après jour, dans Enfin, rompue la chaîne de la mort (édition l’Harmattan 2000)... Le théâtre a basculé dans la réalité. Je ne pouvais plus physiquement supporter le mensonge.

Quand nous serons morts, il ne restera rien des trésors que nous portions en nous. Mais ce qui restera, c’est l’effort que quelques uns feront pour comprendre... peut-être qu’ils auront la force psychique et physique de travailler dans les domaines scientifiques, spirituels, politiques, partout où cet effort est nécessaire pour prévenir et arrêter le mensonge, érigé en loi non écrite. Je fais confiance aux autres...” 

Maria Koleva, extrait de la préface

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La mise en scène est volontairement dépouillée... c’est une pièce d’acteurs. Il y a une table très simple, la table d’opération sur laquelle est Ophélie. Au début, il y a une chaise, la chaise de la garde-malade Andréa qui sera rangée ensuite. Quelques accessoires, comme un pèse-personne, une piqûre, le “mariage chimique”...

Ophélie est en chemise de nuit très légère, les autres en blouses blanches, c’est l’hôpital. Les comédiens restent toujours en scène, pas de sortie, c’est un huis-clos. Ils sont souvent collés, tel un même corps, un corps social à 5 têtes.

Les gestes et les regards des comédiens sont précis : A qui tu parles et qui t’entend ? Ils parlent simplement, pas de déclamation, et font des pauses habitées, définies dans le texte, le texte devient alors une musique... Chaque idée importante est mise en valeur par des changements d’état et des ruptures. A tout moment il y a un changement du comédien, en fonction de ses rapports avec le personnage avec qui il s’adresse, et il y a une évolution dans ce rapport.

Ophélie est l’occupation principale des autres personnages... ils la surveillent et en même temps la traitent comme si elle n’existait pas, ils parlent d’elle devant elle... Ophélie est innocente et taquine, elle fait tout sont possible pour émouvoir afin que l’équipe de l’hôpital ne la tue pas en en faisant un cobaye. Ophélie a réussi à toucher Andréa qui prend son parti. Les autres la considèrent dangereuse, à son contact on peut devenir comme elle, mutante biologique, mais le docteur X est près à se sacrifier pour partager sa chaleur.

Le docteur X est entouré de femmes, il flirte sans cesse. Son assistante ne le quitte jamais des yeux, elle est une partie de lui ; si est pouvait, elle s’enroulerait autour de lui comme le serpent sur le pommier du jardin d’Eden. La Déléguée à la nourriture est une femme qui l’aime autant qu’elle le réprimande quand il s’approche trop d’Ophélie. La Déléguée à la nourriture et l’assistante ne veulent pas que Docteur X se fige, elles ont peur de le perdre..

Mais le docteur X n’a de yeux que pour Ophélie, car elle possède un secret dont il a besoin : augmenter sa température... ils s’aiment en secret, et quand les autres femmes le permettent, ils peuvent presque se toucher...

Andréa représente le Peuple, son regard sur ce qui va se dérouler - l’opération sur Ophélie- est très important. La Déléguée à la nourriture représente le pouvoir, les autres la suivent et la craignent, elle juge très pragmatiquement tout ce qui se passe.

Dans cette science fiction, il est normal de voir des cas, des personnes, se figer progressivement, congeler progressivement jusqu’à ne plus pouvoir bouger. Cet effondrement de la température du corps se produit lorsque les paroles et les actes de la personne partent dans des sens opposés. L’oncle de La Déléguée à la nourriture est mort ainsi, il était maire du village... depuis, pour échapper à la congélation, elle fait toujours ce qu’elle dit.  Elle raconte cela comme un conte pour enfants...

La congélation menace Docteur X, il se fige au fur et à mesure de la pièce.

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Le vote massif des gens pour JM Le Pen aux dernières élections présidentielles se basait sur la conviction : « Il dit la vérité». Mais quelle vérité ? Pour pouvoir discuter en profondeur et s’opposer aux vérités de l’extrême droite, il faut déjà se souvenir comment on fait pour ne pas mentir sans cesse et partout : à la maison, dans la vie sociale et politique.

Il y a une nécessité presque urgente de montrer la pièce Ophélie fait la grève de la faim avec Docteur X en arrière plan dans les théâtres, dans n’importe quel espace où les gens puissent discuter ensemble après la représentation.

Dans la pièce, le docteur X dit : « Notre société [..] est arrivée à l’extrême décalage, discordance, contradiction entre les paroles et les actes, à l’extrême mensonge. »

La pièce est une science fiction très réaliste. Le corps d’Ophélie est en mutation ; ses cellules ne lui permettent plus de faire autre chose que ce qu’elle dit et même, ce qu’elle ose penser. C’est l’extrême honnêteté qui la consume comme un feu qui augmente sa température. Tandis que le docteur X se fige, frigorifié, parce que depuis longtemps déjà il ne fait jamais ce qu'il dit, donc sa température baisse. D’expérience en expérience sur le corps d’Ophélie, le docteur X essaie de la sauver pendant qu’elle se dévoue à augmenter sa température à lui, qui baisse - donc, de le rendre honnête. Le rendre honnête et donc, le sauver aussi.

Aux deux extrémités de l’échelle des valeurs humaines, Ophélie et le Docteur X s’aiment, comme peuvent s’aimer seuls deux êtres gravement malades, d’une manière sacrificielle et à vie.

La pièce est écrite en vers blancs, elle est une science fiction, donc, elle sera toujours actuelle. Ce qui changera en permanence dans la société, c’est le contenu des mensonges. J’espère que sa mise en scène inspirera les gens à résister au mensonge.

Maria Koleva

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Ophélie... est la 2ème création de la compagnie. En juin 2003, Sophie Raive et Sonia Russo ont créé Cinéma de luxe, cinéma de m.... et SARL Hamlet et fils de journalisme, deux pièces extraites de Grandeur et misère de la société de consommation (huit mini-pièces) de Maria Koleva.

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Spectacle terminé depuis le samedi 29 mai 2004

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