Nous ne sommes pas séparés

du 11 janvier au 11 février 2007
1h15

Nous ne sommes pas séparés

Bauchau nous parle de sa relation au monde, de sa beauté comme de ses désastres afin d’élucider des chemins possibles d’espérances. Il nous raconte également son attachement à l’être aimé et l’inévitable rupture des liens des corps pour nous transmettre le témoignage poignant d’un homme seul à l’approche de la mort qui persiste dans son désir d’écriture
  • Note du metteur en scène

Pendant la création de Prométhée enchaîné, j’ai pu apprécier l’aide bienveillante de Henry Bauchau lors de mes interrogations et de mes doutes. Au cours de ces rencontres, j'ai découvert l'écrivain mais aussi l'homme et sa poésie, une œuvre qui ne cesse d'interroger l'histoire humaine, d'une façon singulière. Elle le fait en accordant une place nouvelle au travail du rêve, aux arts et aux mythes. Toujours en mouvement, son écriture ne cesse d'interroger l'infinitude de la vie, ce qui la lie et la délie comme ce qui la noue et la dénoue.

« C’est hors du travail de la conscience que se font les véritables rencontres », nous dit Bauchau à propos de sa langue et des forces souterraines, dont l’analyse, les rêves et l’écriture dictée constituent les principaux leviers de création. L’auteur nous invite donc à le suivre dans sa traversée des territoires de l’inconscient. En cet espace recréé par le travail de la matière, matière de verbes, d’images, de sons et de sens, il met en mouvement sa propre existence où la mémoire et le rêve, en se confondant, se matérialisent pour réinterpréter la réalité.

La langue du poète, instrument d’une transe onirique, d’un vertige contemplatif, force notre regard à se délivrer des obsessions de l’ego et de la banalité. Elle nous fait accéder à la clairvoyance de nos déchirures, de nos névroses, mais aussi de nos désirs d’équilibre, de sérénité et d’élévation. Elle nous entraîne dans les sillons de la conscience, de l'intime à l'universel et de l'infime à l'immense, à la recherche « de tout et de rien », comme si l'objet de son aspiration se situait au-delà de l'écriture.

Dans cette mise en abîme de la vie, Bauchau nous parle de sa relation au monde, de sa beauté, comme de ses désastres, afin d’élucider des chemins possibles d’espérances. Il nous raconte également son attachement à l’être aimé et l’inévitable rupture des liens des corps pour nous transmettre le témoignage poignant d’un homme seul qui persiste dans son désir d’écriture. Désir de fusionner avec la nature et les éléments pour mieux saisir ce qui est, et ce qui advient du monde. Désir d’emprunter des chemins possibles. Et l’écriture de son désir transcende la séparation pour atteindre le tout.

Ses poèmes les plus récents, Au jardin de Louveciennes ou Mandala pour un poème, nous font découvrir une langue épurée, au plus près du mot, de l'objet et du sens. Les Poèmes pour Laure et  Regards sur Antigone, portent un regard sur la séparation et la mort dont Laure serait le corps de chair, sa présence indicible, tandis qu’Antigone incarnerait le mythe, l'esprit qui l'anime.

Nous ne sommes pas séparés apporte un éclairage singulier sur l’œuvre d’Henry Bauchau en mettant à nu les affectations, les passions et les illuminations qui rattachent son Journal à sa poésie. Ce spectacle nous immerge dans le jardin de son existence, une existence dense de quatre-vingt-treize années et plonge au cœur du processus auquel l’écrivain se soumet entièrement pour penser le poème.

La mise en scène nous transporte au centre de l’aventure quotidienne du poète confronté à la fois aux impératifs matériels et à la volonté d’aller loin, toujours plus loin, dans la recherche de l’essentiel. Soutenue par deux acteurs évoluant dans un espace traversé par des corps et des sons, la parole du poète nous entraîne dans le courant du fleuve périlleux de la vie et des paysages inconnus que dessinent les remuements de l’âme.

Libérée de ses contraintes de papier, l'écriture de Bauchau devient le théâtre de la parole et de l'échange, des corps inattendus et des énergies en mouvement entre un homme et une femme que tout éloigne mais rien ne sépare.

Benoit Théberge

  • Extrait

"Nous ne sommes pas séparés de la Terre par la construction d’un tombeau ni par un chant de pierres d’églises, ni par voie de contemplation mais perdus, tout entiers perdus dans le grand paysage avec ses arbres, ses champs et cette incompréhension lumière.
Sur le bord de la route où l’ombre est rare et l’amour incertain nous ne sommes pas séparés de la vie au milieu des buissons et des choses communes."

Dans Nous ne sommes pas séparés, Actes Sud, Arles, 2006.

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Spectacle terminé depuis le dimanche 11 février 2007

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