Présentation
Un projet conçu, réalisé et interprété par Coco Felgeirolles
Morphine de Mikhaïl Boulgakov
Traduction Marianne Gourg
Un projet conçu, réalisé et interprété par Coco Felgeirolles
Avec la participation de : François Cabanat (Décor et lumières)
Dominique Bourde (Costumes)
Hervé Bourde (musicien et compositeur)
Dans la Russie de l’immédiate après guerre 14-18, Morphine retrace le destin douloureux d’un médecin affecté dans le dispensaire d’un canton rural, coupé du monde par un hiver rigoureux. S’efforçant d’oublier l’amour perdu d’une chanteuse d’opéra, se rendant insensible à la tendre dévotion d’Anna, la sage-femme, le docteur Poliakov tient le journal de sa tourmente. Carnet intime du double de Boulgakov (1891-1940), ce récit autobiographique est le joyau noir d'une œuvre unique, tardivement reconnue : la comédienne Coco Felgeirolles a choisi l’aventure de cet hommage vivant à un auteur surprenant d’audace dans sa vie et dans son écriture, figure emblématique de l’âme russe.
Ce spectacle, à partir du récit de Morphine, pourrait être un hommage, non pas solennel, mais vivant, théâtral, à un auteur surprenant d’audace dans sa vie et dans son écriture.
Je me suis passionnée pour Boulgakov quand j’ai connu ses lettres à Staline, en particulier celle de 1930 et le coup de téléphone qui suivit. Il m’est arrivé de me demander pourquoi cette lettre et ce coup de fil m’avaient tellement attachée à Boulgakov et je crois maintenant deviner pourquoi. Parce qu’il dit la vérité au tyran, prenant tous les risques, il croit à l’intelligence, aux arguments, et que personne ne peut-être aussi diabolique que l’on dit. Boulgakov est un grand humaniste, mais Staline est sans pitié ; Boulgakov n’obtiendra jamais le droit à l’exil, pourtant pendant la grande terreur peut-être grâce au coup de fil, il ne sera pas exécuté.
Cette compassion qu’il confère à l’autre, l’écrivain Boulgakov l’a connue tout au long de son exercice de la médecine : « mes doigts se promenaient sur la peau sèche et brûlante ; j’examinais les pupilles, je donnais quelques légers coups sur les côtés, j’écoutais le battement mystérieux du corps et ne portais en moi qu’une idée : comment le sauver ? Celui-là aussi, il faut le sauver. Et celui-là ! Tous ! » extrait des Récits d’un jeune médecin. Il n’y a pas de thérapeutique sans acharnement thérapeutique. Dans Morphine le héros est le médecin et le malade : les deux réunis en un seul ! L’acharnement à sauver les malades dans Les récits d’un jeune médecin et l’acharnement méthodique à se détruire dans Morphine sont l’envers et l’endroit d’une même pulsion, participent de la même passion, dans la même douleur d’exister, du même sentiment de scandale devant la mort. Quand nous sommes mis en demeure d’accepter l’inacceptable, que la lutte devient vaine, nous pouvons être amenés à fuir, à chercher l’apaisement, l’oubli par les drogues. Dans les années inoubliables de neiges et de tempête, les années 1917-1918, le héros médecin Poliakoff les trouve dans la morphine. Boulgakov, en tant qu’écrivain, vaincra ses angoisses grâce à la littérature en expulsant dans l’écrit les figures diaboliques, le réel dédoublé…
Je voudrais que dans notre projet scénique nous puissions à l’aide des lumières, du concret présent sur scène - les outils médicaux, la table de chirurgie – avec la musique créer une vraie théâtralité avec une seule actrice, accompagnée d’un musicien, et que nous puissions faire vivre Bomgard, Poliakoff et aussi les autres personnages. Les faire vivre dans cette imbrication du merveilleux et du quotidien, dans ce surgissement de l’impossible, du fantastique le plus traditionnel au cœur de la réalité la plus concrète.
Ce travail avait été amorcé lors de lecture dans l’espace en 1994 au C.D.N.de Nancy et à Malakoff. Ce texte ne m’avait jamais vraiment quittée. J’ai souhaité le reprendre et donner une forme théâtrale achevée, à ce projet.
Coco Felgeirolles
45 rue Richard Lenoir 75011 Paris