Le début de l’A. (version japonaise)

du 15 au 19 octobre 2008
1 heure

Le début de l’A. (version japonaise)

« Ce que je raconte est ce moment unique du début du sentiment amoureux que l’on voudrait ne jamais voir finir. Quand enfin tout commence. (...) On peut voir la version japonaise ou la version française. C’est le même corps. Avec le même coeur qui bat. » Pascal Rambert

Note d’intention Pascal Rambert
Courriels entre JB et PR
Entretien
Extraits

Version française surtitrée en japonais.

  • Note d’intention Pascal Rambert

« En fait, j’ai écrit Le début de l’A. à Paris durant le mois d’août 2000. J’écris rarement à Paris. Mais là j’ai écrit à Paris. Dans la chaleur de Paris au mois d’août. Dans la solitude. Et dans le manque de la femme que j’aimais. Pour de vrai. Nous venions de réaliser un projet beau et éprouvant ensemble : l’épopée de Gilgamesh pour le Festival d’Avignon, en référence à la première guerre du Golfe en 1991. Elle faisait partie de la distribution américaine et le Festival fini elle rentrait à New York. Mon corps et mon esprit comme après chaque spectacle étaient comme dévastés.

J’étais dévasté et comme après chaque spectacle j’étais plus pauvre qu’avant. C’est dans cette pauvreté que j’ai écrit. Dans cette guerre. Et je n’ai rien caché. Tout y est vrai. Tout ce que je raconte est vrai. Sauf l’accident à la fin qui nous voit mourir. Mais tout est vrai. Je n’ai même pas pensé à donner des noms aux personnages : ils s’appellent comme nous. Je n’ai rien caché. Je n’ai fait qu’écouter ce que me disait mon manque. J’ai retranscrit. J’ai observé en moi. J’ai dialogué muettement chaque jour avec l’être aimé. J’ai fermé les volets en plein jour et j’ai serré les dents. Ce que je raconte est ce moment unique du début du sentiment amoureux que l’on voudrait ne jamais voir finir. Quand enfin tout commence.

Et que tout continue à Tokyo à l’invitation de Oriza Hirata dans son théâtre et en Japonais au printemps 2007. Le même spectacle. Le même air. La même respiration. Le même calme. La même douceur. Les mêmes mouvements. Le même blanc. C’est cette version qui revient en France à Gennevilliers. On peut voir la version japonaise ou la version française. C’est le même corps. Avec le même coeur qui bat. »

Pascal Rambert

Édité aux Solitaires Intempestifs.

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  • Courriels entre JB et PR

JB : L’amour / S’agit de toucher à l’essence universelle de l’amour ?
PR : Non, au contraire, il s’agissait d’aller au plus près d’un sentiment personnel. Une histoire personnelle. La plus personnelle possible.
JB : Quel est le rapport entre une histoire vécue et une histoire jouée ?
PR : C’est cette chose incroyable qui fait que j’ai décidé un jour de ne plus raconter que des choses que j’avais vécues. Que je ne savais faire que ça.
JB : L’amour / De quoi l’amour est-il le début ?
PR : De la mélancolie car on sait dès le début que ça durera pas, et cette Mélancolie là est le début d’un plaisir : revivre et faire revivre aux autres ce moment là en y repensant ou en l’écrivant.
JB : Quel est le rapport entre la version française et la version japonaise ?
PR : C’est exactement le même spectacle. Je n’ai pas 20 mises en scènes de mes textes. Ils doivent être tels que je les présente. La façon dont je les monte est souvent pensée au moment de l’écriture. Là ce n’était pas le cas. Et puis finalement si j’ai fait deux fois la même mise en scène, c’est que ce devait être comme cela.
JB : Est-ce que la langue brute est essentielle dans ton travail ?
PR : De plus en plus. Je supporte de moins en moins le côté « écrit » des textes de théâtre. Je recherche en fait depuis le début une langue. Sans doute la mienne. en propre. J’espère la trouver avant de mourir.
JB : Comment mettre de la vie sur scène ?
PR : Avec de la présence. De l’écoute. Un regard.
JB : Est-ce que le réel est poétique ?
PR : Oui. Trois fois oui. Bien plus que tous les poèmes malheureusement. Ce qui nous rend toujours un peu vains dans notre pratique d’écrivain.

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  • Entretien

Jean-Pierre Jourdain : Dans quelles circonstances avez-vous écrit ce texte constitué d’un dialogue entre une femme et un homme, entrecoupé de refrains ? Sa facture, à la fois libre, ouverte, n’empêche pas les paroles de tendre un fil de plus en plus ténu entre les protagonistes, au point de les apparenter à des équilibristes pour lesquels on craint le faux-pas, qui ne pourrait être que fatal.

Pascal Rambert : Les circonstances sont totalement autobiographiques. Je n’ai pas d’imagination. Je n’aime que le réel. Je le dis depuis des années, on le prend souvent comme une boutade, mais avec le temps chacun peut voir que c’est vrai tout simplement. Je sortais d’une expérience très dense, je venais de réaliser avec une équipe d’une vingtaine de personnes Gilgamesh dans un champ de tournesols, pour le Festival d’Avignon.

Le plein air c’est à la fois magique, terrifant et au bout du compte épuisant. J’étais à la fois heureux et vaincu. Kate, qui était dans la distribution américaine, a surgi, et le texte est né de cette rencontre. Il est sorti quasiment d’un seul mouvement, ce Début de l’A. entendez le début de l’Amour. Instants où se mêlent l’euphorie et le doute. Tout se condense, pas droit à l’erreur, tout va si vite que vous n’êtes plus que réflexe.

Réflexe et confiance. Ce qui n’empêche pas la conscience de travailler et de pointer les risques, les gouffres possibles, les chutes. J’ai toujours aimé le « concept-album » de Gainsbourg L’Homme à la tête de chou. Cette forme me plaisait, c’est ainsi qu’entre ces dialogues, qui font fi de toute distance, de toute réalité, et de tout réalisme psychologique, j’ai écrit des refrains pour lesquels je précise qu’ils doivent être « chantouillés ». Fredonner on sait, on connaît, chantouiller cela doit s’inventer, c’est quelque part entre chant et chatouiller. Il est essentiel pour moi que les acteurs ne soient pas dans une attitude « théâtrale », au sens de la profération ou du chant.

Il existe une tonalité, habituelle et reconnaissable, de théâtre, dont je me tiens à distance. C’est pour moi un piège. Et puis ce texte était une commande de France Culture donc écrit dans l’optique d’une diffusion radiophonique. Comme je craignais par-dessus tout que les acteurs s’en emparent en se mettant à « jouer » et à « chanter » j’ai écrit pour qu’ils soient dans l’obligation de trouver une voix intime, personnelle, et qu’ils ne fassent aucun effort de phonation. Je garde d’ailleurs cette option avec les comédiens d’aujourd’hui au Studio-Théâtre. Ils auront des micros. Parler fort peut aussi être comme un masque, une convention qui ne permet pas de s’approcher du secret, du grain de la voix et aussi de la pensée qui est ici une tension vers l’Autre. C’est presque du bouche à bouche, du bouche à oreille. J’aime le réel comme si c’était de la poésie. Je n’ai pas de goût pour la fiction. Je n’aime pas le faux, l’accessoire, le costume… je suis à la recherche de coefficients de réalité. Je suis sensible à la force esthétique d’objets issus du réel.[…]

Entretien réalisé lors de la création du début de l’A. au Studio de la Comédie-Française, 2005.

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  • Extraits

Le Souhait

Le Parisien à la flèche :
Tu as un contrat
Ce contrat est ton premier contrat
Tu n’en connais pas d’autre
Ce contrat s’ouvre en deux exemplaires :
d’une part le contractant
De l’autre la contactée
Tu descends dans la chaleur de Paris
Au centre de juillet
Le coeur léger
Dans la chaleur de juillet
ton contrat rédigé par la pudeur
Tu pars au rendez-vous

La Contactée :
Dans la chaleur de juillet
En plein coeur
Tu reçois son contrat chargé de sa
pudeur
Tu es la contactée
À New York
Dans la ville
Dans la chaleur de l’été
Tu pars au rendez-vous […]

L’avion (la lettre de l’arrivée)

Le Parisien à la flèche :
Quand tu arriveras mon amour on aura vu mille ans courir sur le fil du temps des hordes de gazelles des biches et cent goélands auront croisé ma démarche légère vers toi des vagues de flamands bleus des aigrettes des rossignols dormiront sous l’ombre géante des avions le rhinocéros la grue le grand cerf le pélican on les verra immobiles à Roissy sur la Terrasse des Arrivées la gélinotte l’ours boréal la girafe du sud et le lynx rapide tisseront un dais d’or parce que tu le mérites tout simplement le lion t’aime la panthère t’aime le cheval et le paon t’aiment le dromadaire et le renard le tigre l’éléphant le serpent l’aigle vert la pie le mulot la gentiane l’iris le glaïeul la rose abondante et la perdrix qui tarde à se poser t’aiment
Quand tu arriveras mon amour il est possible que le Ruisseau le goutte-à goutte des océans les rivières s’arrêtent tout simplement je crois

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Théâtre de Gennevilliers (T2G)

41, avenue des Grésillons 92230 Gennevilliers

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  • Métro : Gabriel Péri à 464 m
  • RER : Les Grésillons à 1 km
  • Bus : Marché de Gennevilliers à 15 m, Place Voltaire à 293 m, Gabriel Péri - Métro à 371 m
  • Transilien : Asnières-sur-Seine à 2 km
  • Voiture : Porte de Clichy, direction Clichy-centre. Tout de suite à gauche après le Pont de Clichy, direction Asnières-centre.
    A 86 Sortie Paris Porte Pouchet. Au premier feu tourner à droite, avenue des Grésillons.

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Théâtre de Gennevilliers (T2G)
41, avenue des Grésillons 92230 Gennevilliers
Spectacle terminé depuis le dimanche 19 octobre 2008

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Spectacle terminé depuis le dimanche 19 octobre 2008