La valse des caïmans

• Un univers chaotique

Responsable de service aux multiples personnalités, candidats psychotiques à des postes improbables, employés démotivés et totalement démotivants, dépeignent avec non-sens la vie quotidienne de cette entreprise moderne.

On rit – autant que l'on s'inquiète – pour le devenir de cette firme et de ses employés pas tout à fait modèles... Une fable contemporaine où la morale ironique et mordante plonge dans un univers chaotique et pourtant si proche de notre quotidien.

• Note d'intention

La Valse des Caïmans signe mon retour à la comédie après deux spectacles d'atmosphère, prégnants et ténébreux. Alors adieu meurtres, incestes, névroses et bonjour nawak, non-sens et chococrispies ! Au commencement l'écart entre les genres pouvait sembler grand à s'en déchirer l'entrejambe, mais c'était sans compter sur mon naturel qui nonchalamment est revenu au trot pour s'engouffrer dans les interstices, ce vaste champ des possibles laissé par l'auteur entre chaque réplique. Et si La Valse des Caïmans se présente comme une pièce évidente, légère, au premier degré assumé, il y avait là, tapi sous l'absurdité, le fil d'une réflexion beaucoup moins iconoclaste et que je me suis empressé de tirer. Dès lors l'équation était posée : comment concilier cet humour potache que ne renieraient pas les Nuls avec ce reflet du monde de l'entreprise, reflet déformé certes mais néanmoins lucide, que nous renvoie La Valse des Caïmans ? J'avais mon casse-tête, la fête pouvait commencer !

En premier lieu, ne pas brimer les comédiens, les laisser s'amuser, s'épanouir, s'exprimer et faire souffler un vent de folie dans l'open-space. Lors de nos premières séances de travail, je leur ai dit de considérer chacun de leurs dialogues comme un duel, manifestation des luttes de pouvoirs qui se jouent entre collègues, avec un supérieur, un client ou un compétiteur, chaque rencontre est un clash désamorcé par le rire. Si la vie est un théâtre, le monde du travail est une arène où l'on lutte vainement pour la gloire de César. Mais point de prise au sérieux ici, La Valse des Caïmans prend définitivement et totalement le parti pris d'en rire à gorge déployée. Le cadre est fixé : nous aurons ici un open-space et là le bureau du patron, les employés seront assis plus bas que leur supérieur, on sera encostumé, cravaté uniformisé dans la perspective de tout démonter.

Tirant mon fil d'Ariane, j'en découvre un nouveau dont il m'est difficile de parler ouvertement sans révéler le fin mot de ce qui se trame dans les locaux de Roudoudoulescotonstigestellementdouxquemêmepasilstirritentlesoreilles corporation. Car l'open-space est aussi un palais des illusions où l'on joue à être quelqu'un d'autre, où l'on porte un masque et où l'on devient autre. La musique, le décor et les costumes joueront alors une autre partition, celle-ci en mode mineur et qui sonnera comme un rappel qu'il ne faut pas prendre tout cela trop au sérieux. A moins que... mais je ne peux pas en dire plus si ce n'est en mode d'énigme : Philippe est la clef.