Invisibles

Paris 20e
du 7 au 18 février 2012
1h50

Invisibles

Une Française, un Algérien, un couple défait par le regard des autres et la rage de l’Histoire… Un homme de 35 ans venu sur les traces de son père, avec dans les mains un coffret, et dans la tête les derniers mots de sa mère qui cachent de lourds secrets…
  • Une enquête au croisement de la France et de l'Algérie

Au sein d'un foyer de la Sonacotra (Société nationale de construction de logements pour les travailleurs), Martin, 35 ans, venu sur les traces de son père, avec dans les mains un coffret, et dans la tête les derniers mots de sa mère qui cachent de lourds secrets, croise le chemin de Driss, Hamid, Majid, El Hadj, Shériff, des vieux émigrés taiseux, les cheveux blanchis, le corps usé, les rêves en-allés.

Tous échoués là par les mauvais hasards de la vie. Ils sont venus… Ils sont restés là, blottis dans l’inconfort des habitudes, comme des enfants perdus sans famille, leurs souvenirs enfouis sous des tonnes de silences, la mémoire ensevelie dans les décombres de l’oubli, les espoirs brisés sur l’insolence du destin et la férocité des exploiteurs.

Avec ce trublion surgi d’un au-delà qu’ils avaient cru pouvoir oublier, ils vont reconstituer une part de leur passé. L’histoire va, peu à peu, se tisser, se retisser, avec dans le lointain de la vie, la voix d’Emma, la mère, et son amour brisé. Une Française, un Algérien, un couple défait par le regard des autres et la rage de l’Histoire…

- D’habitude vous parlez de quoi ?
- Rien. C’est chacun tout seul, chacun dans sa chambre. On s’occupe pas les affaires des autres. C’est silence.

  • Note d'intention

Parfois on en croise un dans la rue et subitement on le voit. On le voit parce qu’il est arrêté avec une attention particulière, au milieu des passants pressés, il regarde. Concentré, immobile, silencieux, il regarde pendant des heures, le travail des grutiers, des manoeuvres qui s’agitent, casques sur la tête. Puis il s’éloigne à petits pas, il est vieux, il a mal à la jambe, on se demande où il va… (...)

Qui sont-ils ? Des travailleurs immigrés, écartelés entre les deux rives de la Méditerranée, qui ont vieilli ici, en France. Ils sont restés seuls, pour des raisons diverses. Ils ne sont pas rentrés au pays. La France est devenue leur pays, ils y ont apporté leurs rêves, mais ils sont devenus des fantômes. Ils ont asphalté les routes, construit les HLM, sorti des quantités de pièces détachées des chaînes et des machines-outils. Ils n’ont pas ménagé leur peine, ils ont bien contribué à ces « trente glorieuses », ces années de reconstruction accélérée de l’économie.

Mais dans l’inconscient collectif ces travailleurs étrangers sont immortels, parce que continuellement interchangeables. Ils ne sont pas nés, ils ne sont pas élevés, ils ne vieillissent pas, ils ne se fatiguent pas, ils ne rêvent pas, ils ne meurent pas, ils ont une fonction unique : TRAVAILLER.

Ils sont devenus des « invisibles », des travailleurs immigrés, écartelés entre les deux rives de la Méditerranée, qui ont vieilli ici. Ils sont restés seuls. Pour des raisons diverses, ils ne sont pas rentrés au pays. La France est devenue leur pays, ils y ont apporté leurs rêves, mais ils sont devenus des fantômes. Ils ont asphalté les routes, construit les HLM et sorti des chaînes des quantités de pièces détachées.

Pour moi, la nécessité de ce projet se trouve à un endroit très particulier : un endroit où je pourrais être un petit enfant assis sur les genoux d’un de ces vieux hommes qui me raconte des histoires, et qu’on puisse rire ensemble. Il faut respecter la pudeur, la fierté et la noblesse de ces ancêtres et aussi, avec délicatesse, brancher le détonateur et faire exploser des moments de vérité, avec toute la violence, la cruauté et la drôlerie qui s’imposent.

Nasser Djemaï

  • Note de mise en scène

Ce qui importe, c’est de voir vivre en direct ces chibanis, les voir se débrouiller avec leur quotidien, leurs petites habitudes, leurs manies, leurs phobies et tous ces réflexes conditionnés qui en disent tellement sur leur parcours. Ensuite et plus en profondeur, il y a des fantômes, des voix qui rôdent autour. Qui sont ils ? Que veulent ils ? Peut-être des frères, des mères, des ancêtres, des amours, des ennemis…

Toutes ces voix sont là et demandent à être écoutées. Elles veulent elles aussi raconter des histoires, chanter une berceuse, parler la langue des ancêtres, et rappeler qu’il existe un passé puissant qui conditionne le présent et dessine l’avenir… Cette dimension céleste sera importante pour illustrer toute la verticalité, le lyrisme du propos. Elle contribuera à insuffler une forte dose de vertige qui viendra contredire le côté terre-à-terre, le pragmatisme des personnages et participera à l’épaisseur du récit. Dans ce va-et-vient et à la dialectique de ces deux dimensions, la mise en scène viendra trouver sa place.

Nasser Djemaï

  • La presse en parle

« De souvenirs entendus en paroles récoltées aux portes des cafés, des mosquées ou des foyers Sonacotra de triste réputation, Nasser Djemaï a reconstruit les mémoires de ces vieux Chibanis, ces vieux émigrés des chantiers des Trente Glorieuses, jamais repartis au pays. » Télérama

« Avec leur jeu sensible, les cinq comédiens arabophones incarnent des hommes déracinés, tantôt faibles, tantôt grands. Chose rare et précieuse dans les oeuvres consacrées à l’immigration, ils le font sans misérabilisme. » Politis

« Voici des hommes dignes, lucides, en aucun cas dupes de leur condition, enfin mis en lumière dans leurs singularités respectives. Sur un écran défilent des images de femmes ; mères, épouses ou filles en qualité de fantasmes ou de souvenirs, tandis que des musiques de là-bas escortent ce voyage immobile. » L’Humanité

« Quelle est l’étrange force d’Invisibles ? Nasser Djemaï réussi un pari trop rare dans le théâtre français : entrer dans le vif d’un sujet de société, appuyer là où ça fait mal et faire rire en même temps. » Le Monde

« Les Invisibles gagnent à être vus. » Libération

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Spectacle terminé depuis le samedi 18 février 2012

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