Frida Kahlo Petit Cerf

• Ni historique ni biographique

Il ne s’agit pas d’une pièce historique ou biographique. Il ne s’agit pas d’un montage de textes écrits de la plume de Frida, ou de témoignages : il s’agit d’une divagation. Je rentre dans l’univers de la peintre par un tableau, « Le petit cerf ». Dans une clairière, un cerf tombe sous les flèches. Il a le visage de Frida Kahlo, un corps d’animal martyr et une figure humaine. Je sépare, Frida et le cerf : je féminise. Le cerf devient biche. Deux personnages pour un autoportrait. La recherche se porte autour du poème de l’incarnation.

• La presse

« Sans complaisance ni mièvrerie nostalgique, il ressort de cette pièce une tendresse qui semble être le fait d’une curiosité avide quant à la figure emblématique choisie. Une réussite. » Le Souffleur

« Sous la direction avertie de Mylène Bonnet, qui indique avoir placé sa mise en scène sous le signe de la transposition théâtrale du pas de deux chorégraphique, le duo de comédiennes fonctionne dans la synergie et la choralité. May Bouhada incarne avec passion et violence la femme douloureuse et transgressive. » Froggy's delight

« Le texte de May Bouhada est rempli de rage. Rage d’aimer, rage de vivre, rage de lutter, ce qui en fait sa force. La mise en scène de Mylène Bonnet est épurée. La lumière accompagne les personnages en leur offrant toute leur dimension. Une scène avec un projecteur parfaitement réussie se glisse dans cette mise en scène. » Paristribu.com

• Méditation n’est pas préméditation

Lorsque Gisèle Freund, qui photographia Frida Kahlo dans son jardin, est arrivée au Mexique, elle pensait rester quinze jours. Elle est restée deux ans.

Pour moi, je n’attendais rien de ma découverte de l’oeuvre de Frida Kahlo. Mais l’oeuvre de Frida, féroce, violente, vivante, aura planté sa puissante magie en moi, et elle aura définitivement fait sens : une fois surgie, le chemin artistique n’aura plus été le même. Il ne s’agissait pas d’admirer, il s’agissait d’être touchée, de voir. J’avais vécu ça, avant, avec la peinture de Matisse. J’avais 14 ans, tout était en train de s’effondrer autour de moi, et j’allais régulièrement m’assoir devant les gouaches collées de Matisse, je séchais les cours pour ça. J’avais des deuils et des effrois. J’avais des cauchemars, et l’espoir de l’amour. Frida et La Biche racontent tout cela. « Etrange compréhension de la lutte humaine » dit Frida Kahlo. Le premier amour, c’est la découverte de l’art. C’était ma première fois.

Plus récemment, ce sont les sculptrices Louise Bourgeois, Kiki Smith et Berlinde de Bruyckere, réunies dans une exposition en Avignon, qui m’ont saisies. Sans doute est-ce cela, une rencontre. C’est le temps qui passe que l’on ne voit pas passer, c’est le temps qui lie, mentalement, dans l’entêtement et la profondeur du travail. Sans doute est-ce cela qui est encore possible, dans le champ de la création. Le temps que l’on prend. C’est cela qu’il faut revendiquer absolument : oser regarder le monde, oser regarder une oeuvre en face, et construire une réponse, en prenant son temps.

May Bouhada