Finnegans Wake - Chap. 1

du 17 janvier au 19 février 2012
1h30

Finnegans Wake - Chap. 1

Toute la pièce, tirée du roman de James Joyce, prend sa source dans une balade populaire irlandaise. Brillamment mis en scène par Antoine Caubet, le comédien Sharif Andoura est extraordinaire et révèle au théâtre ce texte foisonnant.
  • Une oeuvre immense et déroutante

Après le succès d’ Ulysse, Joyce commence son « Work in progress » à partir de 1922 ; il finit 17 ans plus tard et publie Finnegans Wake en 1939. Il meurt deux ans après à Zurich en prononçant ces paroles sur son lit de mort : « Mais enfin, est-ce que quelqu’un me comprend ? ».

Ironique interrogation si l’on en juge par les attaques constantes qu’il doit essuyer à chaque parution en feuilleton de son « work in progress » durant les 17 années d’écriture ! On crie à l’absurde, à l’abscons, à la folie, au n’importe quoi, et il faut toute la détermination et l’aide des amis Larbaud, Beckett, Jolas, H.Weaver, Williams, West et d’autres pour poursuivre la publication par épisode du Wake dans la revue Transition.

17 chapitres se succèdent en mêlant une cinquantaine de langues à partir de la matrice anglaise, inventant de nouveaux mots, de nouvelles compositions grammaticales, allant de digression en digression à partir d’une trame incertaine mais néanmoins reconnaissable. La dernière phrase de l’oeuvre se suspend sur « the », le mot faisant suite étant le premier de la première page – « riverun », signant alors le Wake comme un éternel recommencement fait pour un insomniaque idéal qui lisant la dernière phrase reviendrait illico à la première ! 900 pages qui nous racontent « l’histoire » de la famille Earwicker, en commençant par Finnegan lui-même, ou encore HCE, sa femme Anna Livia, ALP, ses enfants Shem et Shaum et leur soeur Issy.

« L'Histoire est un cauchemar dont j'essaie de m'éveiller » disait Stephen Dedalus dans Ulysse. C'est le sujet de Finnegans Wake : nous sommes embarqués en un long rêve confus traversant l'Histoire depuis le crépuscule du péché originel jusqu'à l'aurore de la résurrection.

Traduction de Philippe Lavergne.

  • Note de mise en scène

Finnegans Wake a la réputation d’être l’un des textes les plus difficiles qui soient. Proposer cette oeuvre sur un plateau ressort d’une certitude : ce texte existe par et dans la parole, il ne prend vie véritablement que lorsqu’il est métamorphosé par la voix, le corps et le souffle de l’acteur face aux spectateurs. C’est la grâce du théâtre : créer, avec ses outils (corps, voix, jeu, sons, lumières, espaces, matières), les conditions d’écoute et de partage d’une oeuvre sinon fermée, réservée, lointaine, « difficile » comme on dit.

Aller vers cette oeuvre de Joyce, c’est défendre et l’exigence de l’oeuvre, et le plaisir du spectateur, et la nécessité du théâtre.

Le pari : que le théâtre avec ses outils, en premier lieu l’acteur-conteur, et l’espace théâtral, les objets, le son, la lumière rendent présent et partageable cette langue, sans prétention, de façon surtout joyeuse et drôle, comme l’est ce texte !

Á l’inventivité et à la fantaisie de Joyce doivent répondre l’inventivité et la fantaisie du jeu de l’acteur Sharif Andoura, et celle-ci sont grandes. La scénographie propose une sorte d’arène, de piste de cirque où le récit se déploie ; elle est composée d’éclats de liège, sorte de terreau brun d’une épaisseur de 10 cm. Par endroits, sous le liège apparaissent des mots, en grec, cyrillique, des lettres d’alphabets différents : l’histoire de Finnegan est l’histoire du monde entier, dont les langues ont conservé les traces, les empreintes sous le sol. « Fossilités de passage. »

Au fond du plateau se dresse une grande toile (10mX7m) où un film est projeté durant la majeure durée du spectacle ; on voit les berges d’une rivière en noir et blanc, prises du milieu de la rivière sur un bateau : celui-ci avance très lentement (3 Km/h), le paysage change alors très lentement, mais se transforme pourtant sans pour autant venir gêner la vision sur le plateau lui-même. C’est un plan-séquence étiré qui rythme le temps du spectacle et du conte, c’est la Liffey-femme rivière qui traverse Dublin, c’est le rêve : « d’erre rive en rêvière » sont les 6,7et 8e mots du livre...

Enfin, suspendu et animé des coulisses, un pantin (1,30 m de hauteur), HCE-Finnegan lui-même, apparaît, disparaît, est manipulé par l’acteur, puis recouvre de son ombre tout le plateau, dessinant une géographie au sol qui sera celle de Dublin, nommée par le texte. Ces éléments sont autant de matériaux qui permettent d’ancrer le regard et l’écoute du spectateur, de créer un relief et de proposer à l’acteur des partenaires de jeu.

Antoine Caubet

  • La presse en parle

« Joyce n’a jamais été autant Joyce que dans ce texte irracontable, fouillis à souhait, bordélique, obscur, provocant, glouton, mais d’une rare portée poétique, comme si la musique des mots déclamés étaient la clé d’entrée permettant d’accéder à la caverne d’Ali Baba où repose une langue magique, créée de toutes pièces. » Jack Dion, Mariane

« Sharif Andoura se révèle un conteur exceptionnel. Il porte, transporte, dispense ce qui se présente simultanément comme une épopée mentale et une élégie unanimiste pour dire et vivre à un instant la présence au monde et qui puise dans la poétique, dans le rêve et dans l’imaginaire, l’imaginaire d’un auteur fortement ancré dans celui de son pays, la légendaire, archaïque et éternelle Eirinn. » Froggy's Delight

« On est devant Finnegans wake comme un homme devant un dieu ou comme un animal devant un homme. On ne comprend rien, mais on sent tout. » Pierre Cormary

« Bien plus qu’une histoire, c’est une langue inventée : c’est 'garanti pur Joyce' dit-il avec humour ! (...) Un tournoiement de mots tronqués, télescopages syllabiques, associations extravagantes de noms, mais allusives, mots-valises et autres jeux de langage tant sonores que lexicaux. Déconcertantes, cette création de mots et les phrases gonflées de sens par une recherche savante, ou simplement poétique ! » - Anne-Marie Watelet, Un Fauteuil pour l'orchestre

« Sharif Andoura, de père belge et de mère syrienne, campe ce personnage avec tant d’appétence que malgré la frontière de la langue, il est déterminé à nous faire passer ce texte. (...) Il s’empare de cette parole et la fait étonnamment sienne. Et nous, perdus dans toute cette décomposition textuelle, nous l’admirons gambader sur ce terrain de jeu dont il ne néglige aucune attraction. Sous le regard bienveillant de son metteur en scène, il nous transmet cette épopée sans relâche, maîtrisant à lui seul tous les accents de la pièce. » Audrey Chazelle, Les Trois coups

« [...] En osant mettre en scène, en son et en image le livre le plus difficile du monde, Antoine Caubet a fait que l’illisible devienne visible et audible. [...] voici un spectacle beau comme un rêve dont on ne voudrait pas se réveiller. » Pierre Cormary

« Antoine Caubet met au service de ce texte l’acteur Sharif Andoura, qui déploie son talent sur scène en multipliant les nuances de son jeu. Pour passer du papier au théâtre, Caubet propose aussi ombre, vidéo, son et marionnette, mais le spectateur peut s’y perdre malgré tout. » Tamara Bousquet, Reg'arts

« Antoine Caubet a conduit avec intelligence le comédien Sharif Andoura, qui donne vie et sens atout au long du spectacle. D’abord le mémoriser impliquait dit-il, de le « transférer » en soi, de chercher des échos personnels, d’imaginer à partir de ça. Il a su, et avec un naturel savoureux, dégager la légèreté et l’humour inhérent au récit, tout en manipulant le pantin de temps à autre. Coïncidence heureuse : son visage, ses cheveux, correspondent à l’image que l’on a de l’Irlandais-type ! Jamais statique, mais usant de son corps souple avec une subtile économie, son jeu et sa gestuelle sont très nuancés. Essentiel : il déploie les phrases et les sonorités nouvelles dans un rythme adapté qui exalte le texte, en restituant son sens. Le ton met en valeur ce qui doit nous faire réagir. C’est, comme pourrait écrire l’auteur, émerveillant ! » Un fauteuil pour l'orchestre

« Traduite de l’anglais au français, l’adaptation revient à la langue d’origine par bribes d’enregistrement sonores, ou par l’acteur lui-même, à la croisée d’autres langues. Au total, c’est environ une cinquantaine de langues qui sont utilisées par Joyce pour se raconter. Ecouter, il ne s’agit que de ça ici, quand la parole est en acte et la lettre en jeu. En s’attaquant à cette exception littéraire, Antoine Caubet fait preuve d'une audacieuse inconscience et offre l’occasion de découvrir ce texte méconnu de Joyce. » Audrey Chazelle, Inferno

« Rares sont les interprètes de cet acabit ; rares sont les spectacles de cette qualité. [...] Huile bouillante de la torture imposée à l’esprit qui s’essaie à comprendre, et miel sauvage d’une expérience inédite, lorsque l’entendement accepte enfin le secours des sens pour se repérer dans les entrelacs sémantiques, les circonvolutions référentielles, les crases poétiques et les audaces linguistiques de ce texte incroyable, auquel le théâtre sert de révélateur. » Catherine Robert, La Terrasse

Vous avez vu ce spectacle ? Quel est votre avis ?

Note

Excellent

Très bon

Bon

Pas mal

Peut mieux faire

Ce champ est obligatoire
Ce champ est obligatoire

Vous pouvez consulter notre politique de modération

Informations pratiques

Théâtre de l'Aquarium - La vie brève

La Cartoucherie - Route du Champ de Manoeuvres 75012 Paris

Accès handicapé (sous conditions) Cartoucherie
  • Bus : Cartoucherie à 103 m, Stade Léo Lagrange à 618 m
  • En voiture : A partir de l'esplanade du château de Vincennes, longer le Parc Floral de Paris sur la droite par la route de la Pyramide. Au rond-point, tourner à gauche (parcours fléché).
    Parking Cartoucherie, 2ème portail sur la gauche.

Calcul d'itinéraires avec Apple Plan et Google Maps

Plan d’accès

Théâtre de l'Aquarium - La vie brève
La Cartoucherie - Route du Champ de Manoeuvres 75012 Paris
Spectacle terminé depuis le dimanche 19 février 2012

Pourraient aussi vous intéresser

Partenaire
- 29%
- 20%
Big Mother

Théâtre des Béliers Parisiens

La Loi du marcheur

Théâtre de la Bastille

Oublie-moi

Théâtre Actuel La Bruyère

La réunification des deux Corées

Théâtre de la Porte Saint-Martin

Spectacle terminé depuis le dimanche 19 février 2012