De la Montagne et de la fin

du 4 au 28 juin 2009

De la Montagne et de la fin

Août 1923, Marina Tsvetaeva est éperdument amoureuse de Constantin Rodzevitch. Quelques mois plus tard, cet amour – qu’elle qualifiera parfois d’amour le plus fort qu’elle ait connu – est derrière elle, restent 31 lettres d’elle à lui et les poèmes De la Montagne et De la Fin.

Note d'intention par Nicolas Struve
Pourquoi ce spectacle ?
Mettre en scène les mots de Marina Tsvétaeva ?
Extrait

Août 1923, Marina Tsvetaeva est éperdument amoureuse de Constantin Rodzevitch. Quelques mois plus tard, cet amour – qu’elle qualifiera parfois d’amour le plus fort qu’elle ait connu – est derrière elle, restent 31 lettres d’elle à lui et les poèmes De la Montagne et De la Fin.

De la Montagne et de la fin de Marina Tsvetaeva, Correspondance avec Constantin Rodzevitch
Traduction & adaptation Nicolas Struve
Suivi du Poème de la Montagne, Traduction Ève Malleret

  • Notes d’intention par Nicolas Struve

Pourquoi ce spectacle ?

« Nous nous égarons dans les mots (moi, pas vous) - ce sont de profondes ténèbres et, parfois, d’effroyables bancs de sable, j’ai quelquefois la bouche desséchée par les mots, comme si j’avais avalé le Sahara. » Marina Tsvetaeva, Correspondance avec Constantin Rodzevitch, Lettre Huitième.

À l’origine de ce projet, il y a la rencontre d’une œuvre qui m’a parfois mené jusqu’à sa traduction et la conviction que la scène peut aider une poésie méconnue à se faire entendre, la certitude, aussi, tsvetaevienne, enfantine peut-être, que l’écrivain, le poète est un héros.

L’écriture de Marina Tsvetaeva est météorologique, elle en a toute l’imprévisibilité, toute la complexité chaotique. « Chaos originel », ainsi se définit-elle dans sa lettre du 22 septembre 1923 à .Rodzevitch. De cette complexité musicale, sa correspondance - examen de soi de la plus haute intensité, - apparaît comme un guide possible, une précieuse entrée. Nichée dans le texte de ces lettres, il y a la voix de Marina Tsvetaeva, voix souveraine et affolée, unique, profonde, continue, comme seule peut-être celles des jazzmen sait l’être. Voix tranchante et contradictoire mais ne renonçant jamais devant ce qui, habituellement, est tu.

Ici, il s’agit de la correspondance amoureuse d’un grand poète mais aussi, surtout peut-être, d’un état de sa passion d’écrire. Vivre – écrire, écrire – vivre, a écrit un jour Marina Tsvetaeva. Or les mots ne font pas que traduire (la rencontre, la passion, l’errance, les doutes, le quotidien, le désir), ils entraînent comme dans un conte.Iils entraînent le héros devenu on ne sait plus qui vers là où on ne sait pas. C’est cet entraînement que nous voudrions donner à voir. Le théâtre, un théâtre de Tsvetaeva, devra alors être la manifestation de ce transport là, une expérience qui est aussi celle d’un écartèlement, non entre l’amour (la vie) et son impossibilité mais entre l’amour (la vie) et son état transfiguré, son écriture, son apesanteur. Pourtant plus que de théâtre poétique, il devrait s’agir ici de théâtre documentaire, d’un reportage sur le travail poétique lui-même. Un document où se verrait la poésie à l’œuvre, telle qu’elle a – à jamais, saisit un être. « La poésie comme expérience», selon le titre du beau livre de Philippe Lacoue-Labarthe, voilà ce que nous croyons urgent de rendre manifeste.

Mettre en scène les mots de Marina Tsvétaeva ?

J’ai la conviction que l’écriture est ici menée par ses propres lois tout autant que par le désir amoureux de correspondre, s’expliquer, s’offrir. Rythmes, sonorités, jeux de mots, ruptures de ton et de style commandent ici l’écriture tout autant, sinon plus, que la relation à l’autre. Ceci implique, dans le travail, d’avoir à mener la comédienne, vers l’état contradictoire de ce qui doit répondre à deux maîtres : le mot, l’autre. Sans jamais céder à la psychologie ni… à la déclamation.

Il nous faudra donc chercher l’entraînement propre aux mots tout en rendant compte de la dramaturgie inscrite dans le contenu même des lettres : rencontre amoureuse, climat de la relation, premières fêlures, séparation. Tout les « états » propres à une relation amoureuse : « énamouration », joie enfantine, bonheur érotique, angoisse, désespoir devront ici pour ainsi dire être modalisés par le fait que celle qui les éprouve, les écrits. Ceci implique, une certaine liberté de forme où alterneraient l’esquisse d’une illusion théâtrale : concentration de l’espace sur la parole, travail des lumières, prise en charge par la comédienne de l’énonciation et la quasi annulation de la situation théâtrale : noir total ou plein feu, projection de texte non lu et à lire par le public.

Le spectacle comportera des projections de photos d’époque ; Prague, la Vlatva et les ciels qui la surplombent (ciels que nous voudrions voir s’animer), personnages évoqués (aux visages rendus flous ou remplacés par des silhouettes noires). Projections dans lesquelles, parfois, la comédienne serait prise. Il s’agirait, ainsi, d’introduire de l’hétérogène, la présence du monde avec lequel le poète a affaire. Les images fixes (sinon les ciels animés) devront renforcer le caractère vivant, survivant, de la parole tout en produisant cette nostalgie qui saisit chacun lorsqu’il se rend compte que la parole n’est pas le monde et que le monde n’est pas, comme pourrait le dire le poète Yves Bonnefoy, la pauvre langue du concept.

  • Extrait
    Lettre VIII,
    9 octobre 1923, le matin.

Mon tout proche,

Hier, j’ai aimé notre séparation, - se rencontrer est plus difficile que se séparer ! - Dans la séparation, je nous retrouve moi et l’autre et trouve les mots nécessaires et l’absence nécessaire de mots, la séparation est un complet empire et, si seulement - s’étant séparé il était possible d’aller ensemble…

Il y a quelque chose de plus grand que les mots, - par exemple, hier cette halte sous les arbres, - c’était plus juste que des mots, plus éternel que des mots, avec les mots nous ne faisons que tâter le fond, - souvenez-vous, votre : “ Enfin, de la profondeur ! ” (En mer.)

Les mots entraînent, comme des rimes, particulièrement moi qui connaît leur vie propre. Nous nous égarons dans les mots (moi, pas vous) - ce sont de profondes ténèbres et, parfois, d’effroyables bancs de sable, j’ai quelquefois la bouche desséchée par les mots, comme si j’avais avalé le Sahara.

J’admire votre calme. (Si vous saviez comme vous êtes merveilleux !) C’est que je désarçonnerais n’importe qui, je suis réellement une cavale, Radzevitch, - et peut-être - une horde entière, ce n’est pas facile avec moi, mais il faut que vous sachiez : je veux être humaine, le devenir, je veux pouvoir répondre de mes mots, je veux que cesse cette souffrance - et souffrir autrement. (…)

Bien sûr, il faut un miracle. Donnez-moi d’y croire. Oh, j’ai trouvé le mot : En amour je suis un chaos, et seulement en amour. Et un chaos - vous savez quoi ? - encore endormi, aux yeux encore clos. Chaos qui doit ouvrir ses yeux sur les étoiles.

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Spectacle terminé depuis le dimanche 28 juin 2009

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