Carton plein

Comédie truculente écrite sous forme de huis clos, Carton Plein est une pièce jubilatoire. Une intrigue impeccable, où la moindre goutte d’eau fait déborder le vase. Dans une maison du sud de la France, deux hommes partagent la même vie, Nathanaël Mérédick et Nicolas Del Monico. S’agit-il d’un maître et son employé de maison, d’un duo de tueurs, de deux frères ?

Dès les premières minutes du spectacle, les dialogues et le jeu des acteurs nous transportent dans le monde singulier de Valletti. Entre reproches permanents et surveillancemutuelle, l’envie demeurtre n’est pas loin. Tablant sur l’absurde et le comique des situations, Serge Valletti dévoile parfaitement le jeu d’influence et la mesquinerie qui sous-tendent le quotidien des rapports humains. La moindre fuite d’eau prend des proportions d’aventure. Faire un colis devient mission impossible…

Serge Valletti, le jongleur de mots, l’acrobate des associations d’idées, le truculent alchimiste du verbe, transforme en or le bois de sa prose. Valletti n’est pas un auteur régionaliste mais il se souvient qu’il est du sud. Son écriture doit beaucoup au goût de la conversation dont font preuve ses personnages, volontiers prolixes et toujours prêts à fournir nombre de détails. Cette loquacité s’accompagne souvent d’une logique obstinée, si bien que les textes de Valletti rompent avec le paysage théâtral contemporain et qu’on pourrait le classer du côté des auteurs comiques. Souvent son humour se double d’une nostalgie secrète, de quête intime qui rend son univers très particulier.

Un monde burlesque, peuplé de gens démobilisés, fou mais fou normal dixit Valletti. Un théâtre clownesque à la recherche d’un monde meilleur sans espoir d’y parvenir.