Les avis de Spectatif

Spectatif le 21 mai 2016 à 12:39
Un spectacle d’une qualité artistique remarquable Mais c’est du délire que ce spectacle ! Et quand je dis délire, croyez-moi, ça en est : j’y étais, j’ai tout vu !... Un joyeux délire jusqu’au boutiste fleurant bon le grand n’importe quoi, jonglant avec le tout est possible et souriant avec des petites perles musicales, posées ici et là, servant de pauses bienvenues et charmantes dans la marche inéluctable de ce chantier nihiliste. Une pièce pleine de surprises et de plaisirs. L’auteure Julie Aminthe publie cette pièce en 2014. Elle rejoint ce torrent qui déferle sur notre théâtre contemporain, parmi les Jean-Michel Ribes, Evelyne de la Chenelière, Pierre Notte, Jean-Marie Piemme ou Pierre Guillois, par exemple. Torrent d’où giclent et courent ces propositions folles et trash qui remuent la vie comme on remue la terre pour faire voir et entendre les quatre vérités de notre réalité. Sortes de miroirs savants qui nous aident à réfléchir par le média du rire. Dans cette pièce, les préparatifs d’un repas de fête obligeant une famille à rester groupée, permet à l’auteure d’en disséquer tous les possibles. Des névroses de chacun aux difficultés de la parentalité, en passant par les mensonges, les espérances et les crises qui fondent une famille ordinaire… Tout est bon pour montrer l’improbable par l’imaginaire. Ça implose, ça explose, ça expose et ça part dans tous les sens ! On sourit et on rit (il y en a même qui crie !) de s’être laisser prendre et surprendre par ce pataquès énorme. La mise en scène de Thibault Rossigneux joue des effets avec efficacité et habileté, le tout au cordeau. Les comédiens Pauline Dau, Philippe Girard, Elisabeth Mazev et Antony Roulier font du beau travail. Ils dépotent, ils assurent, ils impressionnent. Ils sont vraiment bons. Une peinture trash des détours et des contours de nos manies et de nos fantasmes (enfin, surtout des autres !). Un spectacle d’une qualité artistique remarquable. Incontournable !

Spectatif le 18 mai 2016 à 13:38
spectacle joyeux et agréable. Écrite en 1755, cette pièce Le Massere (les cuisinières) est construite à partir d’un canevas simple aux allures de farce et aux accents de Commedia dell’arte. Nous retrouvons ici la verve du Carlo Goldoni de « Arlequin, valet de deux maitres », de « La Locanderia » ou des « Rustres ». Avec sa peinture acerbe et drôle des malices et des pirouettes vengeresses des femmes dans les maisons bourgeoises vénitiennes. Les situations centrées sur les personnages, leur grotesque et leur fourberie, font mouche. Philippe Lagrue, dans son adaptation et sa mise en scène, reprend cet esprit volontiers ironique et narquois en truffant la pièce de formules et de clins d’œil contemporains à la manière des lazzi de l’époque. Des rideaux blancs posés sur des tringles, qu’on ouvre ou ferme entre les scènes, et deux bancs de bois pour tout décor, renforcent cette idée de restitution des jeux improvisés sur des tréteaux de foire. L’absence de musique dans les parties dansées des scènes de carnaval surprend comme le rythme un peu lent donné à l’ensemble. Le divertissement est pourtant là, même si une impression se dessine de simplicité poussée à l’extrême, touchant presque à l’austérité. A l’image de cette singulière scène finale du dénouement, qui intrigue et émerveille à la fois comme si la pièce arrivant à son terme, la morale reprend ses droits et l’ordre son règne. La distribution et notamment les quatre cuisinières jouées par Zazie Delem, Françoise Pinkwasser, Pauline Vaubaillon et Isabelle Gardien (ce soir-là), sont pétillantes à souhait et nous offrent un spectacle joyeux et agréable.

Spectatif le 05 mars 2016 à 17:16
Un voyage fou et merveilleusement beau. Un spectacle magnifique aux performances circassiennes hors normes dont on sort émerveillé, des frissons à fleur de peau et des étoiles dans les yeux. Epoustouflants athlètes à l’énergie folle et à la précision démoniaque, ces 7 artistes aux mille talents pratiquent toutes les disciplines du cirque contemporain avec une aisance incroyable. Dès le début, les corps volent dans tous les sens, se confrontent les uns aux autres dans une sorte de Battle millimétré au cordeau. Ils nous font penser à une bande de copains qui se retrouve pour passer un moment ensemble et quel moment ! Tout y passe : De l’équilibre « mains à mains » aux jeux aériens (trapèze, roue, ruban) en passant par l’acrobatie (au sol, avec bascule, avec objets) sans oublier les contorsions multiples et… la musique ! On ne sait pas où donner de la tête, ça fuse de partout, le plateau ne semble pas assez grand. Le tout dans une ambiance presque onirique avec des séquences musicales et dansées, parsemées de vidéos. Un voyage fou et merveilleusement beau.

Spectatif le 02 mars 2016 à 13:01
Spectacle divertissant, plein de charme et de classe Les Divalala nous offre un joyeux pastiche de chansons de variétés connues, en polyphonie vocale a capella, très au point. C’est un spectacle original et drôle, doté d’une très jolie musicalité. Elles chantent trop bien, glamour et féminines à souhait ! L’orchestration vocale de Raphaël Callandreau joue sur les accords à trois sons, souvent jazzy et les effets de répétitions de syllabes savamment réussis, donnant une touche rythmique particulière et agréable. Avec l’art et la manière, ces trois dames nous surprennent par des vocalises, des glissades et des relais dans les phrases mélodiques, superbes sur le plan harmonique. Élevant ainsi le niveau musical des partitions originales jusqu’à nous les faire oublier tout à fait. Un humour un rien déjanté parcours le spectacle, la mise en scène de Freddy Viau l’ajustant comme il faut, sans trop ni pas assez. Ce trio vocal est sans conteste novateur. Angélique Fridblatt, Gabrielle Laurens et Marion lépine ont une signature artistique qui leur est propre. A suivre ! Que dis-je à suivre ? A poursuivre sans hésitation !... Avec toute l’élégance qui leur est due à l’instar de leur spectacle, divertissant, plein de charme et de classe !

Spectatif le 27 février 2016 à 20:10
Un divertissement musical déjanté et très plaisant. Une joyeuse troupe bien barrée qui s’amuse à raconter une histoire loufoque sur des airs d’Offenbach. C’est très chouette et bien fichu ! Seulement, quand je dis qu’ils sont barrés, ils sont vraiment barrés ! Tout commence à l’entrée de la salle. Nous sommes accueillis par deux invités de la soirée de la « Choufleuri » et nous formons un défilé pour rejoindre nos places dans la salle. Nous passons par le plateau où tous les personnages sont présents, figés dans une mécanique d’automates. Une tête de cerf nous parle, du haut de son mur, nous souhaitant la bienvenue et commentant ce qui se passe… comment ? je divague, je digresse, j’affabule ? Que nenni Mimi, c’est comme ça Eva ! Ils sont barrés, j’avais prévenu ! Et tout le reste est à l’avenant. Du non-sens, du burlesque, du presque grand n’importe quoi. Sauf que tout est en place, les parties chantées comme les scènes jouées. C’est propre, c’est calé et c’est drôle !... A noter, la très jolie voix de soprano de Romane Coumes et le superbe tempérament comique d’Ornella Petit. Un divertissement musical déjanté et très plaisant.

Spectatif le 07 février 2016 à 11:37
Déception cruelle pour moment tant attendu !... Un « Big Show » à l’américaine aux effets techniques brillamment rendus par une distribution et une scénographie impeccables sur ce point. Mais l’ensemble ne convainc pas, à l’image de certains décors de carton-pâte étonnamment désuets. Nous n’y croyons pas suffisamment pour être emportés. C’est long et ennuyeux, sans doute par le manque criant de musicalité propre au jazz et à la faiblesse des jeux de comédie. Les parties parlées, nombreuses et importantes dans l’histoire, ne semblent pas être jouées avec aisance. Nous assistons à beaucoup de surjeux ou d’entrées de clowns pas vraiment heureuses. L’interprétation musicale des lyrics et des numéros dansés fait défaut. Nous sommes loin de l’esprit de Cole Porter, de ses « ballets jazz », de ses célèbres mélodies solo comme « My Heart Belongs to Daddy » dans Let’s Make Love et des duos comme « Night and Day » dans l’une des séquences cultes les plus « glamour » avec Fred Astaire et Ginger Rogers dans The Gay Divorcee. Pas de swing ou si peu dans les chants solo, duos ou d’ensemble ni dans les chorégraphies. Les voix sont belles, propres et posées mais restent dans le registre de l’opérette, pas de la comédie musicale. Les danseuses et les danseurs semblent très concentrés sur leurs pas et sur leurs effets dans un style plus proche des acrobaties circassiennes que celui de la comédie musicale. Le numéro de claquettes en est un exemple : Au point techniquement mais aucune sensation. Par ailleurs, la soprano Christine Buffle et le baryton-basse David Pittsinger, très bons, sont plutôt des habitués des plateaux d’opéra. Ceci expliquerait peut-être cela… Trop peu de swing, de « bounce », de grâce, d’élégance et de comédie. C’est très beaucoup dommage, non ?

Spectatif le 04 février 2016 à 13:43
Du bel art que ce spectacle ! Quelle aventure que ce spectacle ! Comme sur un grand paquebot imaginaire, j’y ai fait un voyage agité, aux mouvements parfois doux mais souvent violents de vagues fâchées, hautes ou creuses et aux rares moments d’accalmie. Ferdinand Bruckner, de son écriture sombre et clinquante à la fois, presque ciselée, nous raconte les histoires croisées, jamais comblées, de jeunes étudiants en médecine vivant dans une sorte de cohabitation. Leurs attentes, leurs idéaux, leurs désirs, leurs essais et leurs erreurs qui fondent le grandissement, forment le lit de la pièce. Nous assistons à leurs plaisirs de vivre une jeunesse débridée, finalement confortable puis progressivement à leurs dévoilements respectifs, repoussant les limites de la pensée, de la souffrance et jouant avec la vie comme avec la mort. C’est tendu comme ambiance ! Même si l’insouciance présente par touches, fait sourire et rire, comme autant de bouffées d’oxygène dont nous aurions besoin pour respirer et poursuivre. La mise en scène de Philippe Baronnet ne fait jamais couler le paquebot, c’est heureux ! Pas de simagrées mais des postures précises, pas de mouvements inutiles ni de jeux alourdis, toujours justes dans la joie ou la détresse. La violence est présente évidement, sans sombrer dans l’exagération. Il y a comme un paradoxe ou plutôt un contrepoint entre la sobriété efficace de l’ensemble et les états souvent paroxystiques des personnages. La puissance des effets n’en ressort que plus fortement. Elle interpelle notre imaginaire. Nous comprenons ce qui se passe tout en ressentant les émotions en même temps. Tous les comédiens sont captivants. Leurs jeux brillent d’adresse et de sincérité. Ils nous accompagnent de bout en bout dans la jeunesse mouvementée de leurs personnages avec enthousiasme et précision. Très beau voyage rempli de réflexions, de sensations et de souvenirs. On en revient secoué mais content de l’avoir fait ! Du bel art que ce spectacle !

Spectatif le 23 janvier 2016 à 16:18
on s'amuse et on rit sans arrêt C’est ce qu’il convient d’appeler une pièce drôle dans la tradition du boulevard avec des traits de pantomime comique où l’éphémère prévaut à la profondeur des messages. Ajoutons que c’est un art difficile qui n’est bon que quand c’est bon ! Et là, c’est bon ! Un cabinet d’avocats véreux, des époux infidèles et vénaux, un psychorigide d’avocat qui ne se résout pas à mentir (et son double !)… On prend tout ça, on mélange et ça donne des éclats de voix, des mimiques, des portes qui claquent ou qui tombent. Le tout avec des répétitions de scènes, de phrases, de postures : un pur moment de drôlerie ! Bien sûr, il importe de se laisser porter par le rire des situations. Nous sommes, avant tout, dans un spectacle proche de la farce. La pièce de Sylvain Meyniac et Jean-François Cros est ficelée comme un rôti, tout est prévu pour que cela fonctionne : les gags à gogo ; les répliques ciselées, lancées au quart de tour ; les situations improbables et fantasmagoriques ; le décor et les accessoires astucieux emprunts de magie ; un huis-clos qui centre toute l’attention sur les situations. La mise en scène d’Eric Civanyan, sobre et efficace, ne laisse rien au hasard. Le tout est rythmé comme au métronome. Mais le spectacle repose essentiellement sur la prestation de la distribution, Laurent Gamelon en tête, en avocat psychorigide bourré de tics et de tocs. Il est très drôle, on ne peut s’empêcher de penser à d’autres grands acteurs comiques avant lui. La référence à Louis de Funes n’a pas échappé, avec le sifflement du « tea for you » de « La Grande Vadrouille ». Son double joué par Zinedine Soualem n’est pas en reste comme l’ensemble des comédiens. Précis, justes et drôles. Voici un spectacle bienfaisant, simple et hilarant où l’on s'amuse et on rit sans arrêt.

Spectatif le 20 janvier 2016 à 12:42
Impressionnant et savoureux spectacle ! Un grand rideau rouge avec des paillettes au fond. Au milieu du plateau, il y a un tabouret. Sur le tabouret, il y a la « Fille ». La « fille « ? C’est cette belle et pathétique femme, jouée par Jacques Michel, en quête d'une folle et vaine identité d'artiste de music-hall. Pas d'histoire dans cette pièce hormis la sienne, faite de salles minables en illusions d'espoirs. Un texte fort au parlé si particulier de Jean-Luc Lagarce, ponctué par les répétitions et les ruptures de phrases et rythmé par une forme de prose proche du récitatif. La mise en scène de Véronique Ros de la Grange centre toute l’attention du public sur les affres du personnage, ses joies passées, ses espérances impossibles, ses souvenirs meurtris et sa tangible solitude. Le choix de faire interpréter "la fille" par un homme, sans confusion transgenre, apporte un décalage habile permettant d'investir le texte pleinement et faisant ressortir son intensité et son univers quasi onirique. L’étonnante bande sonore d’Alain Lamarche accompagne adroitement les émotions de la « Fille » et la mise en lumière de Danielle Milovic sert la scénographie avec efficacité et délicatesse. Jacques Michel joue la « Fille ». Il nous captive et nous emporte avec une puissance, une sensualité, une tendresse presque et une maîtrise de haut talent. Un grand comédien pour un beau personnage. Il nous tient en haleine tout le long de ce récit fluide aux allures de poème. Nous sommes comme sur un nuage, portés par sa présence et le souffle musical d’une chanson « arrangée » de Joséphine Baker. Les nombreuses émotions ressenties couvrent une palette qui va de l’autodérision jusqu’à la souffrance, en passant par l’humour grinçant de ce splendide personnage. La justesse et la sincérité du comédien sont saisissantes. Ce spectacle est un petit bijou qui restitue toute la force et le charme poétique de l’univers de Lagarce. Il s’en dégage une surprenante et mélancolique sensualité. Incontournable rendez-vous de la saison.

Spectatif le 17 mai 2015 à 09:46
Quel texte ! Le personnage de "la Fille" est cette belle et pathétique femme en quête d'une folle et vaine identité d'artiste. Pas d'histoire dans cette pièce hormis la sienne, faite de salles minables en illusions d'espoirs. Un texte fort au parlé si particulier de Jean-Luc Lagarce. Jacques Michel campe ici "la Fille" dans un jeu juste et intense. Bravo !
Spectatif le 26 mai 2016 à 10:44
Spectatif le 09 mai 2015 à 11:42