« Un » qui veut traverser est un héros sans identité précise. Il se définit juste par cette volonté de quitter son foyer. Il représente à lui seul la masse des migrants illégaux, d’où qu’ils partent. Sa nationalité importe peu, elle n’est jamais donnée. Il est d’un pays d’où il est interdit de partir. Il sera aussi bien ouvrier d’usine, géographe, journaliste. Au fil du récit, c’est comme s’il se démultipliait selon différentes trajectoires, comme s’il pouvait mourir et renaître. Ce texte est un récit choral où la narration est tissée dans les dialogues, sans que l’on puisse démêler tout ça en distinguant bien l’action de la parole. Si son sous-titre est « didascalie », c’est qu’il se définit avant tout comme la description d’un « geste » (un peu au sens épique) décrivant les actes et les circonstances dans lesquelles ces combats – sans arme mais bien mortels, ont lieu. Le nombre de corps nécessaire pour incarner la pièce est libre. Le soliloque est la solution la plus commode, elle revient à mettre en scène un « messager au présent », une sorte de conteur, incarnant et vivant chaque situation, étant à la fois l’observateur et l’observé. Mais il est clair aussi que la pièce appelle des voix multiples, sans que l’on puisse faire une distribution très stable. Ce texte laisse donc au metteur en scène sa part de dramaturgie.
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