Avec son sextet, le guitariste gitan Tomatito entraîne l’auditoire dans son univers à la fois rude et raffiné où tout repose sur l’écoute respective des musiciens. Né en 1958 à Almería, José Fernandez Torres, dit Tomatito (« petite tomate ») a grandi au milieu des guitares, dont celles de son père, connu sous le nom de Tomate, et de son grand-père, Miguel Tomate. Il est également le neveu du légendaire guitariste Niño Miguel, et sa mère elle-même n’en pouvait plus de l’entendre jouer dans toute la maison, jusque dans la cuisine. Il débute dans les grands festivals d’Andalousie, où il retient très vite l’attention du public et des critiques. Tout jeune, il accompagne déjà Enrique Morente, La Susi, Vicente Soto, José Menese ou Pansequito.
Mais ce qui le marquera le plus, c’est sa rencontre avec José Monge Cruz « Camarón de la Isla » avec lequel il jouera durant les dix-huit dernières années de sa vie. La Leyenda del Tiempo est le premier d’une grande série d’enregistrements où la guitare de Tomatito soutient la voix de Camarón. Dans Como el Agua, il joue pour la première fois aux côtés de Paco de Lucía. Après la mort de Camarón, Tomatito commence une carrière soliste fulgurante et internationale. Il obtient le Prix Giraldillo 2018 lors de la dernière Biennale de flamenco de Séville. Son style est très particulier, ses mains que l’on imagine rugueuses à force de concert sont pourtant celles d’un orfèvre. Irrésistible.
Rendez-vous désormais incontournable des aficionados, la Biennale d’art flamenco proposée conjointement par Chaillot et la Biennale de Séville souffle avec fierté sa quatrième bougie. Toujours soucieuse de proposer au public l’éventail le plus ouvert des flamencos, cette biennale se caractérise par la rencontre d’artistes venus d’univers et de cultures en apparence très éloignés.
C’est par exemple le cas d’Eva Yerbabuena qui, après un voyage au Japon, a intégré à son spectacle le chant d’Anna Sato, ou encore avec ce melting-pot détonant qu’est la réunion sur un même plateau de Marie-Agnès Gillot et d’Andrés Marín sous le regard de Christian Rizzo. Les tenants d’un flamenco plus traditionnel sont toujours présents. Certains, identifiés jusqu’à présent comme interprètes, tels David Coria ou Ana Morales, vont faire leurs premiers pas de chorégraphes.
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