Tout public à partir de 3 ans (différents niveaux de lecture).
À quoi ressemblerait le Gulliver de Jonathan Swift s’il se retrouvait au beau milieu de nos villes ? La compagnie SKAPPA n’a pas voulu reprendre le conte du célèbre satiriste à la lettre. Elle en a saisi l’esprit, transposant les aventures de Gulliver au XXIe siècle. Le héros se trouve confronté à la naissance d’un monde virtuel qui se construit si vite qu’il défie l’entendement. Tout ce qui semble trop petit s’avère gigantesque... Où il est surtout question de rencontre, avec des peuples imaginaires, avec le désir d’adapter les récits de Swift à notre monde, ses merveilles, et ses aberrations.
Par la compagnie Skappa.
Les images nées des techniques croisées du théâtre d’ombres et de la vidéo interviennent comme autant de rencontres absurdes et fascinantes. Gulliver, pris au piège contemporain de ce défilé d’images, ne se trouve-t-il pas finalement confronté aux reflets de tout ce qu’il ne comprend pas bien, en lui même ?
La compagnie Skappa poursuit ses recherches autour des nouvelles technologies et de l’utilisation de la vidéo au théâtre. Trois écrans qui se hissent et s’affalent comme des voiles accueillent les visions volontairement désordonnées qui assaillent ce Gulliver moderne. L’ombre de Gulliver devient un terrain vierge où se projette la ville que lui-même se trouvera à habiter. Mais rien n’est à sa mesure et il doit faire face à des rencontres absurdes, fascinantes et monstrueuses. Et si cette ville qui ne lui ressemble plus était son œuvre ?
Le travail scénographique extrêmement élaboré est toujours dirigé par le souci d’enrichir la création théâtrale. Les images produites interagissent avec le corps du comédien. Le théâtre des débuts de la compagnie, fait d’ombres et de lumières, met désormais en miroir deux époques et deux manières de raconter. Telle est la gageure de ce nouveau spectacle.
Beaucoup d’éléments nous ont attiré dans l’oeuvre de Jonathan Swift pour imaginer, nous en inspirer, nous nourrir et nourrir les prémices d’une nouvelle création.
Avant tout, bien sûr, les aventures-mésaventures du personnage principal aux royaumes des gens trop petits ou trop grands, ce côté « science-fiction » qui nous a fasciné dans notre enfance et qui a influencé bien d’autres auteurs postérieurs à Swift, Edgar Allan Poe et Lewis Carroll entre autres.
C’est dans la perception des proportions différentes et des moeurs absurdes des habitants des contrées visitées par Gulliver, que réside le sens que nous cherchons en abordant en toute liberté l’interprétation de ces récits. Les Voyages de Gulliver, contrairement à ce qu’on peut en penser, ne sont pas des récits de voyage. Pas dans le sens que nous imaginons et que bien des écrivains nous ont transmis. Le voyage est à peine commencé, qu’il se termine déjà, sans qu’on ait pu goûter au vent, au bruit des vagues, à des scènes épiques de naufrage. Le voyage est dans le but, dans la rencontre avec des peuples imaginaires : non dans la géographie, mais dans la philosophie et la politique.
Swift, irlandais et pasteur, d’abord aux prises avec des luttes en tout genre dans son pays natal, puis entre l’Irlande et l’Angleterre, l’Angleterre et la France, nous livre un message de paix, de tolérance et de liberté des peuples. Il dit dans une lettre : « L’objet que je me suis principalement assigné est de tourmenter le monde plutôt que de le divertir ». Ce qui nous intéresse est d'essayer d’adapter ces récits à notre époque à nous, voyageant entre ce qui nous fascine et nous tourmente, artistes d’aujourd’hui aux prises avec le monde, ses merveilles et ses aberrations.
Paolo Cardona
Les voyages de Gulliver étaient un prétexte pour raconter le monde et l’Angleterre de l’époque de Jonathan Swift. S’inspirer de ce texte est pour nous l’occasion d’une transposition, un voyage dans notre monde et dans nos villes, aujourd’hui.C’est aussi l’envie d’un retour aux sources. Celles des contes qui ont marqué notre enfance en laissant des images très nettes gravées dans nos mémoires.
Mais aussi les sources de certaines racines «formelles», celles du théâtre de nos débuts, fait d’ombres et de lumières, un théâtre d’objet qui se joue et se manipule en même temps, où la technologie qui accompagne nos créations depuis plusieurs années et l’artisanat peuvent faire bon ménage. Le «mariage» entre l’ombre et la vidéo, entre une technique ancienne et une bien plus moderne, est la gageure de ce spectacle. A l’époque de Jonathan Swift, on aurait pu raconter l’histoire de Gulliver dans un théâtre d’ombre. Aujourd’hui, nous avons envie, en poursuivant notre recherche autour des nouvelles technologies et de l’utilisation de la vidéo au théâtre, de mettre en miroir deux époques et deux moyens de raconter.
Le personnage qui évolue sur le plateau se retrouve confronté à la naissance d’un monde, rapide et surprenante. L’ombre de son corps est un terrain vierge qui va contenir la ville que lui-même se trouvera à habiter. Pour lui, tout est trop petit, ou trop grand, ou trop incompréhensible. Il risque le naufrage.
Un bateau qui voyage sur des rails posés sur le plateau, comme un travelling de cinéma, accompagne le comédien dans ses déplacements. Il porte dans sa soute les sources lumineuses qui projettent l’ombre du comédien et de son environnement sur trois écrans consécutifs. Ce sont la plume et l’encre de ce Gulliver d’aujourd’hui, ses outils de travail pour raconter ses aventures et mésaventures.
Trois vidéoprojecteurs grand angle envoient les images sur les écrans sans que leur faisceau ne touche le corps du comédien. Son ombre est ainsi dissociée des images projetées et peut évoluer à sa guise au milieu des photos et des films. L’acteur se trouve ainsi confronté à des ombres et des images disproportionnées, trop grandes ou trop petites, et doit faire face à des rencontres absurdes, fascinantes et monstrueuses.
Cette histoire nous remémore des images d’antan, d’un cinéma à ses débuts, lorsque le mot artisanat prend là tout son sens. Nous pensons à Georges Méliès et à son cinéma «fait maison», à la qualité de ses images, de ses «voyages à travers l’impossible», petits films enchanteurs, mystérieux, naïfs, à la beauté poétique antique et moderne à la fois.
Ce spectacle, comme tout geste artistique, n’est pas là pour donner des réponses, mais pour poser des questions et inviter à réflexion. Que faisons- nous ici ? Comment vivons-nous ? Et avant nous, il y avait quoi ?
Et qui Gulliver va-t-il rencontrer au cours de son voyage ? Des inconnus ou le reflet de lui-même ?
Paolo Cardona
accessible même à celui qui ne connait pas les histoires de Gulliver dont ce spectacle est inspiré, il tient en haleine le public de tout âge, grâce au jeu d'un acteur absolument génial et aux installations des plus basiques actionnées avec des ficelles aux plus élaborées à base de montages vidéo.
Un spectacle surprenant - avec des objets, des ombres, des vidéos, une langue imaginaire - très visuel, très beau, et amusant. Mon garçon de 8 ans a beaucoup aimé (et moi aussi) !
Pour 2 Notes
accessible même à celui qui ne connait pas les histoires de Gulliver dont ce spectacle est inspiré, il tient en haleine le public de tout âge, grâce au jeu d'un acteur absolument génial et aux installations des plus basiques actionnées avec des ficelles aux plus élaborées à base de montages vidéo.
Un spectacle surprenant - avec des objets, des ombres, des vidéos, une langue imaginaire - très visuel, très beau, et amusant. Mon garçon de 8 ans a beaucoup aimé (et moi aussi) !
7, rue Louise Weiss 75013 Paris