J'aurais été capable, en manteau de singe, de jeter des pavés dans une vitrine !
Quand au siècle dernier, je me mets à écrire ce sixième solo (au mois de septembre, ça fera dix ans), j'ai dans la tête de l'interpréter au plus près du texte. C'est-à-dire que dans mon esprit il n'y a absolument aucun écart entre l'écriture et le jeu. Disons que quand j'écris, je suis un peu comme un jongleur en train de fabriquer les balles qu'il va utiliser pendant son numéro.
Alors quand Philippe Fretun s'empare de mes accessoires, on assiste à un feu d'artifice. Il comprend tout, il saisit tout. C'est ce qu'on appelle la grâce, non ? Moi, je voulais être au plus près du texte, lui, il est dedans ! Complètement plongé dans les silences entre les mots. Il trace sur la scène une danse au-delà de l'étrange. Il se love dans les anfractuosités de mon cerveau, se balade dans les plis et replis de ma matière cervicale. Il est habillé en jeune marié, il a un bouquet de fleurs à la main et il nous regarde en train de mourir de rire !
Serge Valletti
Ce spectacle est dédié à la mémoire de Benoît Régent.
Paru avec Monsieur Armand dit Garrincha aux éditions L'Atalante.
2 bis, avenue Franklin Roosevelt 75008 Paris