Roses d'après la tragédie de Richard III de William Shakespeare

du 21 au 25 mai 2019

Roses d'après la tragédie de Richard III de William Shakespeare

Nathalie Béasse s'attaque à un terrain de mots géant : Shakespeare. Puisant dans son répertoire dramatique, elle retient Richard III et sa cruauté pour mettre en tension cette question : qui est Richard ? Au centre de la scène une table immense, comme un champ de bataille, comme un radeau où la fratrie dérive.
  • Une adaptation très libre

Depuis la découverte de Happy Child jusqu'à Tout semblait immobile, on a vu éclore de la parole dans le travail de Nathalie Béasse. Aujourd'hui, elle s'attaque à un terrain de mots géant : Shakespeare. Puisant dans son répertoire dramatique, elle retient Richard III et sa cruauté pour mettre en tension cette question : qui est Richard ? …

Dernier épisode de la Guerre des Deux-Roses, la pièce écrite vers 1592 raconte l'ascension d'un tyran, anéantissant sa famille pour accéder au trône. Dans Roses, c'est une histoire quotidienne de famille réunie pour un événement. Nathalie Béasse place au centre de la scène une table immense, comme un champ de bataille, comme un radeau où la fratrie dérive.

Dans cette adaptation très libre, musiques, lumières, objets jouent sensiblement la carte de la suggestion : entre les lignes, le sang coule.

Elsa Kedadouche

  • La presse

« Soutenue par la force cohésive d’une bande de sept comédiens en surrégime, la relecture bruit d’une belle ingéniosité scénographique, autour d’accessoires valsant à peu près autant que les interprètes » Gilles Renault, Libération, 28 janvier 2015

  • Entretien avec Nathalie Béasse

Propos recueillis par Elsa Kedadouche

C'est votre quatrième création, mais la première s'inspirant d'un texte de répertoire... Comment abordez-vous cette nouvelle étape dans votre travail ?

Mon travail est une continuité. Dans chacun de mes spectacles, on trouve des rideaux. Et c'est comme si, en ouvrant ces rideaux, on pouvait déjà voir le spectacle suivant... De la parole empêchée, contenue dans Wonderful World, à Tout semblait immobile un spectacle à texte improvisé, mon rapport aux mots a évolué. De la méfiance au défi, j'ai progressé vers le texte et, aujourd'hui, mon désir est de poursuivre avec un auteur. J'ai choisi Shakespeare qui me poursuit depuis vingt ans. Je me sens proche des thèmes traversés dans son œuvre. Son écriture est très inspirante, surtout en anglais. Et la traduction de Richard III de Jean-Michel Déprats me touche beaucoup. J'aime sa poésie et ses espaces de liberté dans l'écriture qui me permettent d'appréhender d'autres formes que le théâtre au plateau.

Richard III est donc un nouveau socle de travail. Je continue pourtant d'avancer avec les mêmes thèmes : la famille, la fratrie, trouver sa place dans un groupe... Au fur et à mesure des créations, je trouve des manières différentes d'avancer avec ces thématiques. Pour le moment, nous avons beaucoup travaillé à la table, en décortiquant le texte. Nous nous demandons : qui est William Shakespeare ? qui est Richard III ?

Que souhaitez-vous faire entendre de cette pièce ?

Dans Richard III, il y a beaucoup de cruauté et de grincements entre les personnages. C'est précisément ce qui m’intéresse dans le texte. Je me sens concernée par cette question de posture au monde, le rapport d'humanité que l'on crée, le lâcher prise possible ou impossible. Cela ne sera pas une pièce politique qui parlerait des présidents ou des dictateurs. Mon rapport à l’actualité fait confiance au public, il pourra se faire sa propre réflexion à ce sujet. Je reste dans la recherche d'un théâtre d’émotion, dans un rapport fort à l'intime. J’ai envie d’entendre le texte comme on me le dirait à l’oreille. Pour cela, je vais centrer mon travail sur le jeu des acteurs.

Je désire également parler de son rapport à la fratrie, à la mère. L’amour et la séduction ne seront pas au cœur de cette adaptation que j'aborde très librement. Je vais garder des morceaux du texte, mais couper beaucoup de scènes. On les retrouvera autrement, physiquement ou musicalement par exemple.

Enfin, je cherche à faire entendre, au-delà de la tragédie, le rire. Il est toujours subtilement présent dans l'écriture de Shakespeare. Car Richard III n'est pas seulement tragique : son cynisme provoque des décalages. J'adore l'absurde et le détournement de situations en comédies.

Quel est votre projet de mise en scène ?

Mon point de départ est précis : une table de huit mètres de long, centrale. Et autour, une famille, une réunion. Je souhaite remettre ce texte historique dans un quotidien. Je questionne d'abord les rapports entre ces êtres. Par leurs dialogues muets, par les regards et la suggestion, je veux travailler les sous-textes. J'engage les corps des acteurs pour faire entendre les non-dits de la pièce. Comme dans mes précédentes créations, le corps et le mouvement auront une place importante.

J'imagine un univers de couleur grise, avec des pointes de rouge. Pour moi, la matière, la couleur racontent des histoires. Un verre de vin qui tombe par terre sera comme un couteau dans le ventre... La création sonore par Camille Trophème viendra sous-tendre cet univers.

Je poursuis mon exploration du thème du glissement, de la perturbation. La violence de Richard III sera une succession de chutes sourdes, une dérive annonçant la tragédie, la fin d'un monde. Par exemple, je me représente sa bosse comme un état intérieur, une malignité, une difformité sournoise, que l'on devine sans la voir.

L’histoire se déroule sur une quinzaine d’années. Mais nous allons rester dans un rapport au présent, avec une action de la durée du spectacle. Le décor s'élaborera peu à peu, dans le temps de la représentation qui verra l'espace se remplir. Et la lumière sera sans doute travaillée en direct, au plateau.

Je pense que mon travail est juste lorsqu'il est proche du public. Je joue sur les détails, il est nécessaire qu'ils soient visibles. Par exemple, il pourrait y avoir une collection sur une table, des objets, des tissus... Ils pourraient devenir de véritables partenaires de jeu des comédiens.

Ce texte permet de travailler sur différents cadres. Comme au cinéma, on peut jouer sur des plans rapprochés, éloignés, hors champs... J'ai été formée en arts visuels aux Beaux-Arts, avant le Conservatoire à rayonnement régional en Art dramatique d'Angers, ce qui explique l'empreinte de mon rapport à l'image, au cadre, aux couleurs, etc.

Vous avez choisi sept comédiens, tandis que la pièce compte plus de trente-neuf personnages ?

Sur scène, quatre hommes se passeront le relais du personnage de Richard III et joueront également d'autres personnages masculins de la pièce. Trois femmes se partageront Marguerite, Elisabeth et la Duchesse. En restant dans l’instant présent, je ne suis pas inquiète pour la compréhension de la pièce, on pourra s’échapper de l’histoire pour nous adresser au public.

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Spectacle terminé depuis le samedi 25 mai 2019

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