Une nuit durant, dans le couloir d’une maternité... une femme en bataille.
Elle espère, désespère, espère de nouveau que son enfant née quelques heures auparavant va réussir à respirer toute seule.
Derrière la vitre qui les sépare, la mère parle à sa fille, lui raconte le monde pour lui insuffler le désir, l’attirer vers le monde des vivants.
Une nuit durant, dans ce couloir, une mère attend et oscille entre rage et supplique, animal doutant de ses forces, être humain qui croit éternellement à la vie.
« Tout est juste dans ce spectacle à l'équilibre parfait : les phrases, le jeu, la mise en scène. » Télérama sortir TTTT
En lisant ce texte, follement concret et poétique à la fois, j’ai été saisie du début à la fin comme par une vague. Sensation d’être emportée dans un thriller musical. Immédiatement j’ai pensé à Romane Bohringer, dont la voix, le corps et l’immense talent me semblent parfaits pour incarner ce personnage. J’ai ressenti comme une évidence la nécessité d’un accompagnement musical qui ne serait pas une illustration, mais plutôt un personnage dialoguant par instants avec cette femme éperdue d’amour et se battant pour insuffler la vie à son enfant. Les couleurs du piano et de la guitare, les sons classiques et électroalternent, ou se mélangent. Elio Di Tanna compose et crée l’espace sonore en lien avec Bruno Ralle qui interprète ce partenaire, image masculine mélodique ou dissonante.
L’écriture de Sophie Maurer est étonnante dans la mesure où son texte, construit comme une litanie, nous embarque dans un monde entre la vie et la mort qui nous est totalement familier. Sans complaisance, avec des fulgurances d’humour ou de poésie, elle décline le parcours de cette femme qui combat comme une tigresse, la peur au ventre mais avec une détermination implacable afin d’amener son enfant à accepter sa naissance. L’issue est incertaine et en découvrant le parcours nous sommes envahis d’empathie et haletants. Pour dérouler le fil de ce voyage immobile dans le service des soins intensifs aux nourrissons d’une maternité parisienne, la scénographie suggère plus qu’elle ne raconte. Avec Lucas Jimenez pour le décor et la lumière, Mélina Vernant pour l’image, nous travaillons sur une photo projetée, dont la transformation subliminale au cours du trajet suit l’émotion du personnage. Une simple rambarde en plexiglass construite en pointe comme la proue d’un navire, une passerelle transparente, un éclairage en diagonales et diffusé parfois de manière invisible, parfois en rupture souligne ou adoucit l’intensité des mots.
Panchika Velez
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