Quills

C’est dans un traitement jubilatoire que Doug Wright et Robert Lepage, dans une mise en scène et une interprétation jouissives, s’emparent du Marquis de Sade, personnage majeur de la littérature.
Quills raconte l’histoire imaginée du Marquis de Sade, aux derniers jours de sa vie. C’est dans un traitement jubilatoire que Doug Wright, auteur américain, et que Robert Lepage dans une mise en scène et une interprétation jouissives, s’emparent de ce personnage majeur de la littérature. Une pièce qui questionne à la fois la responsabilité de l’artiste face aux répercussions de son œuvre et la définition même de la morale. A partir de 16 ans.

A partir de 16 ans.

  • Robert Lepage joue le Marquis de Sade

« L'ordre moral est moins obtus qu'on serait tenté de le croire. L'ordre moral, c'est l'ordre de l'esprit. Il peut fort bien se servir de ce qui, apparemment, le conteste : l'érotisme, par exemple. » Bernard Noël

Quills raconte l’histoire imaginée du Marquis de Sade, aux derniers jours de sa vie, enfermé à la prison de Charenton. Alors que le directeur de l’établissement croit pouvoir réhabiliter cet homme qui toute sa vie durant a exploré par sa plume les interdits de l’être humain, ses pulsions sexuelles et ses désirs immoraux, Sade parvient par d’astucieux stratagèmes à faire publier ses récits sulfureux.

Jusqu’où l’un ira-t-il pour faire taire l’autre ? Qu’imaginera l’autre pour parvenir, jusqu’aux dernières limites du corps, à se faire lire et entendre ? Censure et liberté d’expression s’entrechoquent et s’affrontent dans cette pièce qui questionne à la fois la responsabilité de l’artiste face aux répercussions de son œuvre et la définition même de la morale, dont les repères ne sont pas aussi immuables qu’on le croit souvent.

C’est dans un traitement jubilatoire que Doug Wright, auteur américain, et que Robert Lepage dans une mise en scène et une interprétation jouissives, s’emparent de ce personnage majeur de la littérature.

  • La presse

« Sa scénographie élégante, inspirée d'une esthétique macabre à renfort de reflets et de spectres, s'organise autour d'un plateau circulaire. Elle cultive l'étrange impression de pénétrer le mécanisme d'une horloge. (…) De fait, elle active une réflexion plus actuelle qu'il n'y paraît sur la criminalisation de la sexualité et les dangers de la censure. » Alexis Campion, JDD, 6 février 2018

« Drôle d'objet théâtral que ce Quills signé du maître québécois Robert Lepage et du metteur en scène-circassien Jean-Pierre Cloutier. Moderne dans son propos, audacieux dans sa scénographie, « tradi » voire « old school » dans son jeu, il nous plonge à l'aube du XIXe siècle dans l'asile de Charenton où Sade finit ses jours, mêlant légèreté et gravité, vaudeville érotique et horrifique, histoire (très romancée) et fable philosophique. » Philippe Chevilley, Les Echos, 7 février 2018

  • Entretien avec Jean-Pierre Cloutier et Robert Lepage

La collaboration entre Jean-Pierre Cloutier et Robert Lepage

Jean-Pierre Cloutier. – Robert et moi nous connaissons depuis 2001. Nous nous sommes rencontrés alors que j’étais en tournée avec le cirque Éos et Robert réalisait La Face cachée de la lune. Ces dernières années, nous nous sommes rapprochés et nous avons cherché un projet qui nous animerait, qui nous mettrait en danger et nous stimulerait, tout en représentant une sorte de fantasme artistique. Lorsque j’ai découvert l’oeuvre de Doug Wright, j’y ai trouvé quelque chose, de très compatible avec la nature de Robert comme acteur, comme interprète.

Le propos
Robert Lepage. – Quills
est avant tout une prise de position sur la censure, qui est née du contexte dans lequel Doug Wright évoluait à la fi n des années 90 aux États-Unis. L’époque était marquée par un certain retour de la droite, qui s’exprimait à travers les décisions politiques de personnes comme le sénateur Jesse Helms, qui a, notamment, co-écrit la loi Helms-Burton renforçant l’embargo contre Cuba. Au même moment, des artistes en art visuel exploraient la sexualité à travers un art jouant avec les limites de la décence. Ils constituaient des cibles de choix pour Helms et autres politiciens « reaganiens », qui en profitaient pour discréditer le soutien financier à l’art. Le sénateur a réussi à faire couper les fonds du National Endowment for the Arts, et quelques expositions de photos homoérotiques de Robert Mapplethorpe, de Andres Serrano ont été fermées au public. Doug Wright s’est servi de l’histoire de Sade pour dénoncer cette vague de
censure, même si, dans la pièce, tout est extrapolé. Cette pièce est une métaphore sur la liberté d’expression de l’artiste, mais aussi sur les responsabilités qu’elle présuppose et les conséquences qu’elle engendre.
J.-P. C. –
Pour moi, même si l’action se déroule à l’époque de la Révolution française, où l’imaginaire sexuel a, en quelque sorte, explosé dans la littérature, je me rends compte que notre rapport à la sexualité n’a peut-être pas autant évolué qu’on voulait le croire, finalement. Même si on en parle beaucoup, on bouffonne sur le sujet, on s’en sert pour vendre, on la déforme... mais je me demande si on arrive à en parler avec autant de sincérité que le Marquis. Il dénonçait quelque chose qui fait partie de la nature humaine, que certaines personnes pratiquaient déjà depuis longtemps, mais il était le premier à amener cela dans l’espace public. J’aime aussi cette vision de la personnalité artistique qui est présentée dans la pièce comme étant une pulsion vive et incontrôlable. Même si le Marquis est conscient de l’impact de son écriture, il ne pouvait nier sa nature profonde.

La morale
R. L.
– La censure s’exerce d’abord et avant tout en défendant certains intérêts. La morale n’a rien à voir avec ça. À l’époque du Marquis de Sade, on voulait le faire taire. L’excuse était morale, mais la vraie raison était le discours du marquis sur la société française. La petite histoire démontre toutefois qu’à long terme, la censure dessert souvent les censeurs. En effet, la mise à l’index des écrits de Sade n’aura pas nui à sa réputation. Il est d’ailleurs davantage amoral qu’immoral : Le vrai Marquis était au début un vrai macho. Ses dérives sexuelles l’ont amené à inclure d’autres pratiques. À la fin, il est devenu un symbole de libération sexuelle pour tous. On parle de sadisme pour le décrire, mais, dans la vie réelle, il était beaucoup plus soumis, plus masochiste que sadique. Il évoque tout notre côté noir, obscur, caché et cela se situe au-delà de la morale.

Le rapport au film Quills réalisé par Philip Kaufman en 2000
J.-P. C.
– Nous voulions faire une adaptation plus mordante, plus puissante. Dans la pièce, les mécaniques et dynamiques des personnages débordent clairement davantage ; les idées philosophiques sont portées beaucoup plus loin.
R. L. –
La pièce est plus hardcore que le film, qui a été édulcoré pour le grand public… Au cinéma, il faut faire avec une certaine idée du réalisme, que les choses soient crédibles et vérifiables, tandis que le théâtre ne semble pas s’embarrasser de ces questions. Il y a dans la pièce une poésie, des permissions que le film ne pouvait pas se permettre, autour de la véracité notamment. La pièce a un pouvoir poétique qui lui permet de dire et faire ce qu’elle veut. Je pense qu’elle a une plus grande force principalement à cause de la forme.

Texte, traduction et écriture scénique
J.-P. C. -
Nous avons rencontré Doug Wright à New York, qui nous a dit : « Si j’avais été francophone, j’aurais écrit en français. Aussi, je vous donne carte blanche. »
R. L. —
Il était très heureux que l’on s’en empare. C’est d’ailleurs étonnant que cette pièce, qui a eu un très grand succès et qui a été montée plusieurs fois, ne l’ait jamais été en français… Le danger de cette traduction à partir d’un texte anglais vers le français, était de perdre un esprit. L’écueil de la traduction est de finir par trahir le propos… Avec cette pièce, on est dans un contexte français, on parle de la Révolution française, du marquis de Sade, de Napoléon, de la force de l’écriture et de la langue à cette époque-là. Doug Wright, un Américain, s’est senti obligé d’en faire une pièce jacobéenne avec des tournures de phrases à la britannique. C’était finalement à notre avantage de tout ramener au français. S’est présenté par ailleurs le défi de garder le wit anglais, cet esprit noir et froid, l’humour fl egmatique des Anglais dans les situations très graves.

Scénographie
J.-P. C.
— À l’origine, la pièce se déroule dans deux lieux seulement, le bureau et la cellule. Si le cinéma m’a influencé dans mes choix scénographiques, c’est parce que je souhaitais faire voyager le spectateur dans tous les recoins possibles de l’asile de Charenton. Nous avons travaillé un univers visuel inspiré des petites horloges allemandes qui représentent une foule de saynètes dans un tout petit espace. Comme on parle de censure, d’hypocrisie, de perception, de folie, on avait envie d’entraîner le public dans cette chute où les personnages perdent le nord. Les palais de glace et les labyrinthes de miroirs ont aussi été une grande source d’inspiration pour nous.

Extraits d’entretiens menés par Simon Lambert, Joëlle Bond et Mario Cloutier.

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La Colline (Théâtre National)

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Plan d’accès

La Colline (Théâtre National)
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Spectacle terminé depuis le dimanche 18 février 2018

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