Mary Prince

Saint-Maur-des-Fossés (94)
le 25 février 2017

Mary Prince

Mary Prince
N’ayant pas d’équivalent dans la francophonie, ce témoignage très fort, peu connu en France, nous donne à comprendre la vie de millions d’esclaves dans la Caraïbe.

L’esclavage est un crime contre l’humanité
La presse en parle
The History of Mary Prince. A West Indian Slave Narrative.
Note de mise en scène
Note d'intention
Entretien avec Emma Sudour, co-adaptatrice de Mary Prince

  • L’esclavage est un crime contre l’humanité

Premier témoignage d’une esclave sur sa condition, écrit avant l’abolition de l’esclavage en 1831 dans les colonies britanniques, Mary Prince raconte avec pudeur et retenue son incroyable odyssée.

Née aux Bermudes, vendue à l’âge de douze ans, elle est « ballottée » de maître en maître, d’île en île, jusqu’à Antigua. Puis elle suit son dernier propriétaire en Angleterre où elle demande son affranchissement.

Restituant son parcours et son combat, Mary Prince va dépeindre avec humanité la réalité, ou plutôt les différentes réalités de la vie des esclaves : le quotidien d’une esclave de maison, d’une esclave dans une saline ou encore des esclaves dans les champs. Elle nous fera ressentir l’enfer de vivre sous le joug de maîtres tout-puissants, qui ont tous les droits et peuvent donc, au gré de leurs caprices, battre, tuer, abuser, torturer…

Arrivée esclave, Mary Prince est devenue immédiatement libre en Angleterre puisque l’esclavage n’existait pas dans le Royaume Uni. Mais elle devra encore se battre pour retrouver son mari aux Antilles sans retourner à sa condition d’esclave, l’esclavage ayant toujours cours dans les colonies.

Dans le contexte de l’époque, Daniel Maragnès dans l’édition La Véritable Histoire de Mary Prince chez Albin Michel, souligne l’audace de cette prise de parole qui va bien au-delà d’un simple texte autobiographique. En effet, ce témoignage présente un intérêt exceptionnel tant du point de vue politique qu’historique : politique, car le XIXe siècle voit aboutir la lutte pour la suppression de l’esclavage historique, parce qu’il nous oblige à entendre une voix que l’on condamnait au silence.

La bouleversante histoire de Mary Prince nous rappelle que l’esclavage est un crime contre l’humanité.

  • La presse en parle

« Torturée, battue, brimée, elle trouvera dans son malheur l'amour d'un mari qu'elle ne retrouvera jamais une fois affranchie en Angleterre, L'esclavage : crime contre l'humanité, tel est le devoir de mémoire que s'est donné Alex Descas. » Le Figaro

« Souria Adèle s'est totalement investie dans ce projet d'adaptation scénique au plus près du texte original [...] pour donner voix à son terrible destin dans le cadre d'un théâtre mémoriel [...] » Froggy's delight

« Magistrale interprétation de cette histoire de Mary Prince par une Souria Adèle émouvante et criante de vérité dans ce rôle » Lex Times

« Un témoignage fort et très émouvant … » Lamuse

« Un spectacle d’une grande valeur historique (il n’existe pas de tels textes dans les colonies francophones), audacieux et émouvant. » TT Télérama

  • The History of Mary Prince. A West Indian Slave Narrative.

Afin de pouvoir retourner libre aux Antilles, Mary Prince entamera à Londres une procédure d’affranchissement, car ses propriétaires s’opposaient totalement à sa libération, en allant jusqu'à la calomnie.

Elle sera représentée par Thomas Pringle, avocat abolitionniste.

Il fera transcrire pour le juge, le récit de sa vie, sachant que ce récit serait publié et servirait de témoignage pour abolir l’esclavage dans les colonies et pour que Mary Prince puisse gagner sa liberté.

Voici un extrait de la préface à la 1re édition de 1831, rédigée par Thomas Pringle :
«  Ce fut Mary Prince la première qui suggéra l’idée d’écrire son histoire. Elle souhaitait, disait-elle, que les bonnes gens d’Angleterre puissent apprendre de la bouche d’une esclave les sentiments et les souffrances d’une esclave. … Le récit fut recueilli sous la dictée de Mary par une dame qui se trouvait alors l’hôte de ma famille elle le prie par écrit en entier. … Aucun fait d’importance n’a été coupé, aucun détail, aucun sentiment n’a été ajouté. »

Le récit de Mary Prince a été publié en 1831 à Londres, sous le titre de The History of Mary Prince. A West Indian Slave Narrative.

  • Note de mise en scène

Un plateau nu, entièrement vide.

Une femme (vêtue d'une longue robe, de style 18e siècle) rentre et livre son témoignage.

C'est le récit d'une femme, de Mary Prince sur sa vie d'esclave.

Il s'agit très vite de comprendre que ce n'est pas la peine d'imaginer un jeu de décor

Danse immobile.

Solo effroyable.

Notre attention est centrée uniquement sur Mary Prince, la force de sa présence durant la terrifiante histoire qu'elle porte à notre connaissance.

L'importance de la lumière qui participe à la transformation du personnage.

Dans le spectacle Mary Prince, au-delà de la vérité historique et politique, c'est la nécessité absolue pour Mary Prince de porter témoignage et cette voix qui est si loin et si proche témoigne aussi du présent et rappelle toujours la même nécessité de rester toujours vigilant.

  • Note d'intention

Après avoir découvert le récit « Mary Prince », je me suis dit que pour plusieurs raisons il fallait absolument retranscrire ce texte, le faire vivre.

Le vide historique
Trop peu de documents, de témoignages réels sur cette période de la traite négrière existent. Nous ne disposons que de peu de noms, peu de photos, peu d’éléments pour nous rappeler cette période. Seuls des dessins, des schémas de bateaux, le point de départ et le point d’arrivée nous offrent des repères concrets. Pour le reste, ce sont des écrivains ou des cinéastes qui arrivent de façon fictive, avec leur propre imaginaire, à restituer la vie des esclaves durant la traite négrière.

Moi-même, qui suit originaire de la Martinique, j’ai eu du mal comme bien d’autres à établir mon arbre généalogique. Il y a des vides qu’on ne peut pas remplir. Ce texte est comme une photo. Il est vrai, authentique. Il s’agit bien d’une femme qui parle de sa vie d’esclave et de son affranchissement lors de son séjour en Angleterre et ce à la première personne.

Un écho qui résonne encore
L’histoire de Mary Prince, est d’une modernité effrayante. Plus je le lis, plus il me ramène à la réalité de tant de personnes qui vivent ce que l’on appelle l’esclavage moderne.

C’est cette forme (un témoignage brut et immédiat), que je tiens à respecter. Je serai au plus près du texte de Mary, même si, vu la longueur du récit, je suis obligée de faire quelques coupes.

Je veux restituer toute l’intensité dramatique de ce texte, dans un seule en scène, avec très peu dartifices. Cette forme légère me permettra de tourner le spectacle plus facilement, sans être contrainte par un trop lourd dispositif.

Souria Adele

  • Entretien avec Emma Sudour, co-adaptatrice de Mary Prince

Emma Sudour est co-auteure de l'adaptation du texte de Mary Prince. Après avoir travaillé en tant que comédienne avec la metteure en scène Anne Delbée, sous la direction de qui elle a notamment joué le rôle d’Hermione dans Andromaque, elle commence à écrire pour le théâtre. Elle rencontre Souria Adèle, la comédienne incarnant Mary Prince, lors d’un stage d’écriture scénique. Quelques années plus tard, elles adaptent ensemble le récit de Mary Prince.

Comment le sujet du spectacle vous est-il venu ?
C’est Souria qui a eu l’idée de Mary Prince. Elle a d'abord fait des lectures du texte en public, après quoi le désir de le porter à la scène et de l’adapter en spectacle lui est apparu évident. Je me suis chargée de la traduction du récit, qui est originellement en anglais, et Souria s’est occupée du découpage. Nous avons ensuite travaillé sur la simplification du langage dans lequel le récit est raconté afin de le rendre plus vivant, plus oral. Bien que Mary Prince sût lire et écrire, ce n'est pas elle qui a rédigé son histoire mais une Anglaise au style très littéraire. Un tel style rendait plus difficile l'interprétation par un acteur.

Qu’est-ce qui vous touche dans l’histoire de Mary Prince ?
La force absolue de cette femme, sa capacité à se relever, même dans les pires situations. Ce qui m'émeut aussi, c'est de voir comment cette petite esclave sortie de nulle part a participé, grâce à la publication de sa biographie, au mouvement qui a permis l’abolition de l’esclavage. Cette publication a eu des répercussions extraordinaires. Bien sûr, il y a aussi le rappel historique de l'esclavage et de ses atrocités. Mais que cette histoire nous concerne en premier lieu ou non, elle devient la nôtre grâce à ce que nous transmet Mary Prince.

Avez-vous écrit d’autres spectacles avant Mary Prince ?
J’écris beaucoup pour les ateliers théâtre que je dirige dans le cadre de mon association, Edad Mestiza, à Niort. Je travaille sur des créations de pièces avec des adultes mais surtout avec des enfants. Nous décidons ensemble des personnages et des thèmes puis je fais le lien entre ces différents éléments. J’ai écrit de cette manière une quarantaine de spectacles depuis 2004, principalement dans le domaine amateur, mais aussi professionnel où j'ai créé un rendez-vous estival sur l'histoire de la ville.

Que souhaitez-vous inspirer aux spectateurs avec Mary Prince ?
Idéalement, j’aimerais que chacun perçoive le spectacle comme un message d’espoir. Cette histoire est la preuve que même la pire des situations peut être changée. Bien sûr, Mary Prince n’était pas seule dans son combat. Un grand mouvement avait été lancé depuis la révolte des esclaves noirs à Saint-Domingue et l’indépendance d’Haïti, depuis même la Révolution française où l’on avait proclamé l’abolition de l'esclavage, avant de le réhabiliter peu de temps après pour des raisons économiques à la demande des propriétaires de plantations. Mais Mary Prince était seule face à ses bourreaux, et elle est un véritable exemple. Elle n'a jamais cessé de se relever et de continuer à se battre pour sa dignité et sa liberté. Une telle force paraît hors du commun. Pourtant peut-être la portons-nous en chacun de nous.

J'espère vraiment que Mary Prince va toucher le public. Le film de Steve McQueen, Twelve Years a Slave, qui traite le même sujet, va bientôt sortir en France et cette coïncidence est très intéressante par son contraste. Tandis que Twelve Years a Slave est un film, ce qui implique une certaine distance du spectateur avec ce qui se passe à l’écran, Mary Prince est un spectacle seul en scène, dans une petite salle qui permet une réelle proximité de la comédienne avec le public, une transmission et une émotion en partage, un dialogue immédiat sur hier, aujourd'hui et demain.


Propos recueillis par Emily Jokiel

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Sélection d’avis du public

Mary Prince Le 21 décembre 2014 à 19h02

Un texte, témoignage historique, humain, porté à la scène avec une très grande économie de moyen.

Belle performance! Par Ariane A. - 21 décembre 2014 à 14h12

Je suis allée voir Mary Prince à la manufacture des abbesses avec une amie et j'ai trouvé que Souria Adèle a merveilleusement bien interprété le personnage. Cela ne doit pas être évident de se produire seule sur scène pendant plus d'une heure et de captiver son auditoire... Mais cela a été un succès car c'était un public de connaisseurs. Continuons de soutenir nos comédiens et artistes en allant voir leurs prestations. Encore bravo!

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Mary Prince Le 21 décembre 2014 à 19h02

Un texte, témoignage historique, humain, porté à la scène avec une très grande économie de moyen.

Belle performance! Par Ariane A. (1 avis) - 21 décembre 2014 à 14h12

Je suis allée voir Mary Prince à la manufacture des abbesses avec une amie et j'ai trouvé que Souria Adèle a merveilleusement bien interprété le personnage. Cela ne doit pas être évident de se produire seule sur scène pendant plus d'une heure et de captiver son auditoire... Mais cela a été un succès car c'était un public de connaisseurs. Continuons de soutenir nos comédiens et artistes en allant voir leurs prestations. Encore bravo!

Informations pratiques

Théâtre de Saint-Maur

20 rue de la liberté 94102 Saint-Maur-des-Fossés

Accès handicapé (sous conditions) Bar Grand Paris Val-de-Marne Vestiaire
  • RER : Le Parc de Saint-Maur à 837 m
  • Bus : Bibliothèque Municipale à 268 m, Avenue Victoria à 367 m
  • Voiture : prendre l’A4, sortie n°4 Joinville, Saint-Maur, et toujours tout droit, après Joinville, Bd Maurice Bertheaux, rue de la Varenne (à gauche après le lycée Berthelot), Bd Rabelais, avenue Foch et après le carrefour du 8 mai 45 à droite rue de la réunion et à gauche en suivant les panneaux.
    Parking
    gratuit et couvert au niveau du 47 avenue Miss Cavell. 130 places, sans ascenseur.

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Plan d’accès

Théâtre de Saint-Maur
20 rue de la liberté 94102 Saint-Maur-des-Fossés
Spectacle terminé depuis le samedi 25 février 2017

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