Il n'arrête pas. Terminer une chose. Déjà en entreprendre une autre. Louis Vanhaverbeke transporte. Empile. Articule. Démantibule. Il circule. Il produit. Son univers est en gestation permanente, qui prolifère, et qui captive. Là, tout provient du performer lui-même : actions, objets, lumières, espaces, sons. En expansions. En mutations. Et cela s'amplifie, et cela se prolonge.
Louis Vanhaverbeke chante, aussi. D'abondance, il active une poésie de commentaires et pensées – accessibles en français par voie de surtitrage. On y capte une mise en boucle des choses de l'esprit ; d'un esprit libre et mutin, toujours versé dans la mutation du coup d'après. Cela transporte, quelque part entre slam et sample.
Profondément insolite, prolifique et réjouissant, Mikado Remix est un solo qui s'amorce dans une boîte close. Au ras de l'intime. Plusieurs caméras en démultiplient la surpervision ; en orchestrent les débordements. Les technologies sont simples, à bas prix, dans Mikado Remix. Elles tiennent de la bricole. Ainsi agrippent-elles l'essentiel d'un geste dans le monde. Elles génèrent des limites. Elles les font jouer. Intérieur. Extérieur. Elles excitent cette translation.
Et c'est une métaphore de la loi sociale, du réputé normal, du désigné anormal, qui se jouent de part et d'autre de lignes, d'écrans et de barrières. Modeste en moyens, illimité en perspectives, Mikado Remix débute dans une boîte sur la scène du théâtre. Le théâtre : cette autre boîte. Malicieux, inventif, questionnant les enfermements, Louis Vanhaverbeke déboîte les emboîtements, jusqu'à déborder au-delà du théâtre en boîte. Son art simple, follement intelligent, ouvre des horizons vertigineux, par-delà la clôture des aliénations.
63, rue Victor Hugo 93100 Montreuil