Que diraient des enfants si - contrairement aux enfants de Médée - on les autorisait à parler ? Comment leur monde et le monde des adultes s’éclaireraient-ils mutuellement ?
La pièce sera jouée par un groupe de comédiens adultes et un groupe de jeunes issus de l’endroit où elle sera représentée. Le texte des adultes sera écrit, les jeunes devront créer la majeure partie du texte eux-mêmes. Mais la pièce les placera dans ces situations exigeantes et fondamentales que, d’une manière ou d’une autre, chacun doit en son temps affronter. Notre humanité dépend de la façon dont nous agissons dans ces situations, et dont nous répondons aux questions qu’elles suscitent.
La pièce permettra aux jeunes de parler en leur nom, de se mettre eux-mêmes à l’épreuve plutôt que de s’en voir imposer, de découvrir qui ils sont, et qui ils désirent être quand le temps changera les rôles et ils deviendront adultes.
Les adultes ont un texte, les enfants doivent improviser.
Edward Bond
Haut de pageLa Mère. Vas-y aux heures de jour. Assure-toi que tu reconnais la maison. Retourne quand il fait noir. Mets-y le feu. Brûle-la toute. Ton père a laissé ses vieux bidons dans la remise - une bonne action pour changer. Transporte l’essence dedans. Les ouvriers laissent traîner du bois et d’autres trucs. Tout est inflammable. Ils sont si paresseux qu’ils ont probablement laissé l’essence pour leurs machines. Emprunte-ça.
Joe. C’est la maison de qui ?
La Mère. On lit des histoires de maisons brûlées. Bureaux. Centres sportifs. C’est facile. Je ne peux répondre à aucune question. Ne fouine pas. Moins tu en sauras mieux c’est. Il y a des secrets qui ne peuvent pas être dévoilés. Je ne suis pas autorisée. Assure-toi que c’est la maison avec la porte mauve.
Joe. Pourquoi ? Qui vit dedans ? Je ne demanderais rien d’autre.
La Mère. Je le ferais mais c’est contre la loi. Ce n’est pas mal. Si tu connaissais les circonstances dont j’essaie de te préserver - tu dirais que brûler n’est pas assez draconien ! J’y ai réfléchi pour nous. Si tu étais pris - à ton âge ils s’attendent au pire. Ils le mettraient au compte d’un père absent. On ne te relèguerait que peu de temps. Je te rendrai visite. Si je le faisais moi ils me relègueraient pendant des années. Tu resterais seul. D’abord tu n’as pas de père, ensuite tu serais privé de mère - précisément à l’âge où tu as besoin d’autorité parentale. Ta vie serait gâchée. Ceci va nous maintenir ensemble. Nous rapprocher. Tu pourrais rentrer à toute heure - je ne me plaindrais jamais. (Joue à le menacer du doigt.) Et tu ne pourrais plus jamais me répondre mal - tu aurais trop peur que je dise à la police ce que tu as trafiqué ! (Petit ricanement.) Je suis contente de t’avoir parlé. Tu as suspendu la veste ?
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Voiture : périphérique Porte de Bercy / autoroute A4 direction Metz-Nancy sortie Alfortville.