Le fils

On entre dans le mécanisme d’une radicalisation et de ses dégâts à travers une mère de famille, fascinante Emmanuelle Hiron.
David Gauchard commande un texte sans manichéisme à Marine Bachelot Nguyen. Ni condamnation ni préjugé, on entre dans le mécanisme d’une radicalisation et de ses dégâts. Emmanuelle Hiron, fascinante dans l’incarnation d’un bon sens aveugle, est cette mère que l’obéissance imposée conduira en enfer. Elle sombre dans une spirale pieuse sans pitié, sans pardon et sans Dieu.
  • Radicalisation catholique

Catherine, pharmacienne, travaille à l’officine de son mari, propriétaire des murs. Bretagne d’aujourd’hui. Deux fils : l’aîné glisse vers le Front National, le cadet préfère la musique, la douceur. Catherine suit un prêtre, manifeste contre un spectacle dont elle ne sait rien, Sur le concept du visage du fils de Dieu de Romeo Castellucci. « Blasphème ! », crie-t-on. Elle suit la pente des intégristes religieux, refuse de vendre des produits contraceptifs, rejoint la « Manif pour tous », se laisse convaincre que « l’homosexualité, ça se soigne », et que Marine Le Pen n’est pas le diable. Elle intègre une certaine bourgeoisie provinciale, caste combative qui veut le bien du monde et la paix sur la terre, débarrassée des déviants. Elle milite, elle revit, elle trouve sa place.

Des lumières chaudes, un clavecin. On voit la pharmacie, l’église, les chambres des garçons et le drame arriver. La mère, aveugle, précipite la catastrophe. Entre deux prières de rue organisées par les « veilleurs », elle perd pied. David Gauchard commande un texte sans manichéisme à Marine Bachelot Nguyen. Ni condamnation ni préjugé, on entre dans le mécanisme d’une radicalisation et de ses dégâts. Emmanuelle Hiron, fascinante dans l’incarnation d’un bon sens aveugle, est cette mère que l’obéissance imposée conduira en enfer. Elle sombre dans une spirale pieuse sans pitié, sans pardon et sans Dieu.

Par la Compagnie L'Unijambiste.

  • La presse

« Complexe et se refusant à toute forme de manichéisme, le spectacle s'adresse à un large public. » Emmanuelle Bouchez, Télérama TT

« Comment en arrive-t-on là ? C’est la question que pose avec finesse et fermeté une jeune auteure, Marine Bachelot Nguyen dans Le Fils, un monologue interprété avec une justesse remarquable par Emmanuelle Hiron. » Brigitte Salino, Le Monde, 22 mars 2019

« Interprété par Emmanuelle Hiron, Le Fils est une passionnante fiction sur les mécanismes de la radicalisation. » Anaïs Heluin, La Terrasse, 28 février 2019

« Le texte est incroyable, il démonte les mécanismes psychologiques et sociaux qui font pencher vers l’intégrisme. Alors évidemment comprendre ce n’est pas acquiescer mais le texte donne vraiment aussi de quoi affûter ses armes pour le combat. C’est porté par une comédienne merveilleuse Emmanuelle Hiron » Charlotte Lipinska, Le masque et la plume – France Inter, 23 juillet 2017

« De sa conception à sa réalisation, ce spectacle signé David Gauchard sur un texte de Marine Bachelot Nguyen est sinon exemplaire du moins d’une grande justesse. (...) On admirera le travail de grande précision de David Gauchard orchestrant le texte de Marine Bachelot Nguyen comme une partition musicale avec ses différents tempo, tranquille, modéré, vif, rapide… Un spectacle qui en dit bien plus que les lourdes charges frontales si courantes de nos jours. Et avec une redoutable efficacité. » Jean-Pierre Han, Témoignage Chrétien, 13 avril 2017

« Elle est la militante exaltée et narratrice. Calme, vite au bord des larmes, elle est plus vraie que nature, et l’histoire qu’elle nous raconte est rythmée durant 1h20, par des interludes joués au clavecin par un ado. Ce monologue écrit par Marine Bachelot Nguyen et mis en scène par David Gauchard pourrait être manichéen. Il ne l’est pas. Ce portrait de femme et de mère de famille est complexe. » Mathieu Perez, Le Canard Enchaîné, 12 avril 2017

« La comédienne ne force jamais le trait, ne perd pas la crédibilité du personnage, et c’est troublant. Car, effectivement, à travers elle, c’est tout un processus qui est interpellé. (...) La démonstration est implacable. Et seule la mise en scène, ponctuée par de fugaces et jolies interventions au clavier du jeune Séraphim Ruiz, apporte un peu d’humanité et de couleurs d’espoir. » Gérald Rossi, L'Humanité, 10 avril 2017

  • Notes d'Intention

Le sujet de la pièce me tient à coeur depuis très longtemps. C’est celui de la dérive. Comment de cercle d’amis en cercle d’amis une personne peut dévier de son chemin, de ses idéologies politiques et morales premières. Et ainsi devenir quelqu’un d’autre.

Deux évènements ont déclenché en moi la nécessité de travailler sur ce sujet aujourd’hui :
- le jour où il m’a fallu présenter une pièce d’identité pour aller récupérer ma fille à l’école maternelle en face du Théâtre National de Bretagne car la rue était bloquée à cause des manifestations de Civitas à l’occasion des représentations du spectacle de Roméo Castellucci Sur le concept du visage du fils de Dieu.
- le suicide en juin 2014 de Peter, jeune gay, membre de l’association Le Refuge.

Après des années à mettre en scène des oeuvres du répertoire, j’ai ressenti l’urgence de parler des clivages qui sous-tendent notre société, de toutes ces haines qui deviennent ordinaires. Au départ, je souhaitais travailler une adaptation du Bouc de Fassbinder (traitant du racisme dans une petite communauté) en y intégrant le monologue de cette femme modérée qui, par ses fréquentations, devient une militante très active pour La manif pour tous. C’est ainsi que nous avons commencé le travail de documentation et d’imprégnation du sujet avec Marine Bachelot Nguyen. Puis la nécessité de faire de ce monologue un spectacle à part entière s’est imposée à moi.

David Gauchard

L’histoire que je me suis proposée d’écrire est celle d’une femme de nos jours. C’est sans doute une femme banale, qui recherche les expériences. C’est une mère et une épouse qui veut s’affirmer autrement. Elle aspire à l’existence, elle aspire à la pureté. C’est une femme en quête de Dieu et de repères, dans la décadence contemporaine.

C’est une révoltée, capable d’éructation et de douceur. C’est une femme qui nous parle de ses sensations sexuelles, après la messe comme après la manif. C’est une angoissée, travaillée par la peur de l’Autre, hantée par l’idée du péché. Le prochain ne lui est pas entré dans la chair. Elle prône sincèrement l’amour de Dieu, et pourtant elle suinte la haine. Elle voudrait rendre justice, elle est prête à saisir le glaive. Suivre la foule, appartenir au groupe, combattre les manifestations de ce qu’elle nomme le Mal lui procurent un rassurement infini. Elle veut des certitudes et du dépassement.

Elle est pétrie de contradictions, d’affects, d’échafaudages délirants et rationnels. Elle va monter très haut, puis tomber au fin fond de l’abîme. C’est une femme banale, qui pourrait être notre voisine ou notre soeur. Elle nous est à la fois terriblement familière et lointaine. Le fils qu’évoque le titre de la pièce est aussi bien le fils de cette femme, mais aussi le fils de Dieu si puissamment évoqué dans le spectacle de Romeo Castellucci.

Si le parti pris de la pièce Le Fils est bien celui d’une fiction, cette fiction aura un fort ancrage documentaire, comme très souvent dans mes pièces. Un travail de recherche sur les mouvements catholiques intégristes en France et sur d’autres mouvements plus policés et ambigus, accompagne et précède l’écriture du texte. Car il me semble important que le parcours de cette femme et de ses proches s’inscrive dans une réalité historique et politique contemporaine précise.

Et si le tragique intervient dans la fiction, ce n’est pas pour célébrer l’inéluctable, ni provoquer une catharsis. Du théâtre, il faut ressortir la conscience aiguisée, intranquillle, et armée.

Marine Bachelot Nguyen

Sélection d’avis du public

LE FILS Par Dominique G. - 28 mars 2019 à 12h03

Un texte magnifique, servi par une interpretation très vraie et bouleversante. Un grand bravo !!

le fils Par Octave G. - 23 mars 2019 à 18h10

très beau texte,tantot drole ,tantot emouvant comté par l' auteure avec beaucoup de talent.

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LE FILS Par Dominique G. (2 avis) - 28 mars 2019 à 12h03

Un texte magnifique, servi par une interpretation très vraie et bouleversante. Un grand bravo !!

le fils Par Octave G. (2 avis) - 23 mars 2019 à 18h10

très beau texte,tantot drole ,tantot emouvant comté par l' auteure avec beaucoup de talent.

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Théâtre du Rond-Point

2 bis, avenue Franklin Roosevelt 75008 Paris

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Spectacle terminé depuis le dimanche 14 avril 2019

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