La dame aux camélias

du 11 au 21 octobre 2018
2h45 environ

La dame aux camélias

C’est le récit d’un drame amoureux, celui d’un jeune bourgeois subjugué par la beauté d'une courtisane. Où l’on retrouve un Dumas fils, au complexe roman familial, tour à tour défenseur des filles perdues et pourfendeur de la dissolution des mœurs. Par la force sensuelle et poétique de son écriture scénique, Arthur Nauzyciel ouvre des espaces pour donner voix aux absents, corps aux disparus.

Déconseillé aux moins de 16 ans.

  • Récit d'un drame amoureux

C’est un récit hanté par ce qui a été, ce qui aurait pu être. Dans cet espace ambigu entre vérité et mensonge, réalité et illusion, Arthur Nauzyciel a souhaité mettre en scène La Dame aux camélias sans pathos, avec âpreté même, pour en faire émerger des dimensions parfois masquées : la place de l’argent dans les rapports d’oppression et de soumission entre les hommes et les femmes ; la dimension triviale du dialogue derrière un langage fleuri et romantique ; comment une classe sociale, la bourgeoisie de l’époque (le Second Empire), a conçu pour ses propres divertissements cette machine infernale, la marchandisation du corps et en même temps sa moralisation.

Où l’on retrouve un Dumas fils, au complexe roman familial, tour à tour défenseur des filles perdues et pourfendeur de la dissolution des mœurs. Par la force sensuelle et poétique de son écriture scénique, Arthur Nauzyciel ouvre ainsi des espaces pour donner voix aux absents, corps aux disparus.

  • La presse

« Arthur Nauzyciel devait frapper fort. C’est chose faite. A sa manière : fiévreuse, sensuelle, méditative. Sa mise en scène de La Dame aux camélias, d’Alexandre Dumas fils, dans l’adaptation de Valérie Mréjen (...) est un pacte avec la beauté. (...) D’ailleurs rien n’est le fruit du hasard dans cette représentation magistrale. Ni son esthétique, ni sa mélancolie, ni sa résolution étirée à l’extrême et qui n’en finit pas de finir. » Joëlle Gayot, Le Monde, 1er octobre 2018

« La saga est noire et sulfureuse. Elle renvoie crûment à nos pornographies d’aujourd’hui. Marie-Sophie Ferdane y est souveraine, fragile, blessée, mais indifférente à la laideur. Hedi Zada est un Armand inquiet, jaloux, souffrant. Le spectacle est triste et beau. » Fabienne Pascaud, Télérama TT

  • Entretien avec Arthur Nauzyciel

Comment est né le projet de La Dame aux camélias ?

J’ai pensé à La Dame aux camélias d’Alexandre Dumas Fils, alors que je préparais la mise en scène de Splendid’s de Genet. J’ai eu envie de travailler sur des textes de Genet, Ginsberg ou Fassbinder parce que ce sont des auteurs qui ont posé de manière frontale la question de l’intime, de la sexualité et de son rapport à la société. Ils ont été très subversifs en leur temps, et ils le restent. Ces grands poètes du 20e siècle ont réinventé une écriture et refondé la poésie. Ils ont toujours été à la marge et se sont intéressés aux marginaux. Ils ont donné une parole à ceux à qui la société ne voulait pas en donner. C’est ça qui m’intéresse. J’ai fait le lien entre La Dame aux camélias et Splendid’s sans doute parce que Genet, lui-même ancien prostitué, aborde dans son oeuvre la question de la marchandisation du corps, de l’échange que représente l’acte sexuel, tarifé ou non.

J’ai travaillé autour des questions de la prostitution des années trente-quarante et je suis remonté à La Dame aux camélias qui est de la fin XIXe. La préface aborde une question qui résonnait fortement chez Genet : comment la société bourgeoise a fabriqué la prostitution à son propre usage ? Et qui renvoyait à la question politique : comment la société fabrique le crime ? Est à l’oeuvre l’idée que la bourgeoisie a conçu pour ses propres divertissements cette machine infernale, la marchandisation du corps et en même temps sa moralisation. Par ailleurs, en lisant attentivement, le langage fleuri, romantique, cache en fait la dimension triviale du dialogue : on ne parle que d'argent. Tout est échanges, deals, calculs, et l'argent contamine ou domine tous les rapports, qu'ils soient sociaux ou amoureux.

Une dimension très intime croise donc une dimension évidemment politique ?

Dès la préface de La Dame aux camélias, il est question de l’oppression faite aux femmes, et de l’impossibilité pour elles d’accéder à une certaine forme d’indépendance, la prostitution étant pour certaines un moyen de survie. Et, d’une certaine façon, la bourgeoisie complaisante organise cela. L’histoire même du bordel est particulièrement intéressante. En lien avec les débuts de l’hygiénisme et les thèses, notamment, d’un Parent-Duchâtelet, médecin qui s’est appuyé sur la statistique pour enquêter sur la prostitution à Paris et en dresser un panorama très complet. L’origine et la condition des filles, le fonctionnement des maisons, les hiérarchisations… tout cela est extrêmement organisé et précis. C’est une organisation sociale et politique.

Marquée par les impératifs de salubrité et d’ordre public…

L’hôpital est aussi une pièce maîtresse de cette organisation, car les filles doivent se faire examiner régulièrement, ainsi qu’à la police, car elles doivent se déclarer. C’est un monde dans lequel, jusqu’aux années 70-80, le lien entre le politique, la police et le bordel est très fort. Cela s’ancre vraiment au milieu du 19e dans cette institutionnalisation de la prostitution.

Quelle Dame aux Camélias vous inspire ? Celle du roman publié en 1848, ou celle de la pièce, jouée pour la première fois, après démêlés avec la censure, en 1852 ?

La Dame aux camélias est marquée par une tonalité victimaire dont on voudrait s’émanciper, celle de la courtisane au grand coeur, qui se rachète mais qui est condamnée à la fin. On peut la raconter sans pathos, avec âpreté même, pour retrouver cette question des rapports hommes / femmes, des rapports d’oppression et de soumission, dans une lecture peut-être plus subversive. L'amour d'Alexandre Dumas fils pour la courtisane Marie Duplessis inspire La Dame aux camélias. Au théâtre il répare ce que la vie n'a pas permis, il se rachète en offrant une tombe glorieuse à sa maitresse, il la sanctifie après l'avoir abandonnée à sa solitude dans le roman. Je vais donc croiser le roman et la pièce, qui comportent des différences vraiment intéressantes. Dans la pièce, cette prostituée repousse un jeune homme tombé éperdument amoureux d’elle par sacrifice et pour éviter de lui nuire. À la fin, juste avant de mourir, elle révèle à Armand la vérité. Quelque chose est réparé. Le roman est beaucoup plus amer et commence par la vente aux enchères des affaires de Marguerite, donc la dispersion de ses biens. Elle est morte sans avoir revu Armand (…)

Propos recueillis par Raymond Paulet en juin 2017

Sélection d’avis du public

couvrez ce sein que je ne saurais voir Par Armand S. - 1° février 2019 à 22h31

La nudité dans ce spectacle, n'est pas dérangeante, ni même plaisante. Elle est accessoire. Je dirais la même chose de "l'accessoire" scénique de forme phallique, qui est offert à notre vue, sans aucun autre intérêt que de nous rappeler que nous sommes devant des scènes où la prostitution est monnaie courante. 3h c'est bien long. L'ennui arrive avant, devant un jeu poussif et monotone. De belles choses toutefois, Le décor, est bien construit, sobre et efficace, à l'exception, toujours, de l'accessoire phallique. La lenteur, si elle durait moins longtemps pourrait être poétique, mais le manque de point culminant rend difficile toute rencontre entre le poétique du texte et l'esprit du spectateur.

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couvrez ce sein que je ne saurais voir Par Armand S. (1 avis) - 1° février 2019 à 22h31

La nudité dans ce spectacle, n'est pas dérangeante, ni même plaisante. Elle est accessoire. Je dirais la même chose de "l'accessoire" scénique de forme phallique, qui est offert à notre vue, sans aucun autre intérêt que de nous rappeler que nous sommes devant des scènes où la prostitution est monnaie courante. 3h c'est bien long. L'ennui arrive avant, devant un jeu poussif et monotone. De belles choses toutefois, Le décor, est bien construit, sobre et efficace, à l'exception, toujours, de l'accessoire phallique. La lenteur, si elle durait moins longtemps pourrait être poétique, mais le manque de point culminant rend difficile toute rencontre entre le poétique du texte et l'esprit du spectateur.

Informations pratiques

Les Gémeaux - Scène Nationale de Sceaux

49 avenue Georges Clémenceau 92330 Sceaux

Accès handicapé (sous conditions) Bar Grand Paris Hauts-de-Seine Restaurant Salle climatisée
  • RER : Sceaux à 602 m
  • Bus : Les Musiciens à 103 m, Les Blagis à 210 m, Les Blagis à 321 m
Calcul d'itinéraires avec Apple Plan et Google Maps

Plan d’accès

Les Gémeaux - Scène Nationale de Sceaux
49 avenue Georges Clémenceau 92330 Sceaux
Spectacle terminé depuis le dimanche 21 octobre 2018

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