La conversion ou l'épreuve d'un coeur

du 17 décembre 2002 au 18 février 2003
1H30

La conversion ou l'épreuve d'un coeur

CLASSIQUE Terminé

Nous sommes à la fin du XIXème siècle. « Dieu est mort », Nietzsche vient de le proclamer ; Rimbaud entame sa « Saison en Enfer ». C’est sûr, la science fera le bonheur de l’homme. C’est le triomphe des lois et de la nécessité : lois de la nature (naturalisme), de la science (positivisme), de l’argent (affairisme). Mais où donc est la liberté de l’homme ?

Introduction
Présentation
La Presse
Paul Claudel : La Conversion ou l'épreuve d'un cœur

Qu’est ce qu’une conversion ?
Pourquoi en faire spectacle ?
Pourquoi Claudel ?

Si l’on en croit la définition du Robert , la conversion serait le passage d’une croyance considérée comme fausse à une vérité présumée. C’est aussi le fait de se changer en autre chose. Ou bien encore un mouvement tournant, un changement de direction.

La conversion nous propose la découverte d’une vérité insoupçonnée, elle suppose et entraîne un changement de direction, elle provoque également un changement dans l’être.

Nous avons tous fait l’expérience d’une conversion. Qu’elle soit intellectuelle ( conversion à des idées, des opinions), morale ( à des valeurs, des pratiques, des comportements) ou spirituelle ( découverte d’une intelligence, d’un sens ou d’un principe supérieur).

Quoiqu’il en soit la conversion est une ouverture, combinée ou non, des yeux, du cœur….et de la main. 

Elle est donc un passage primordial dans la vie de tout homme, quel que soit le champ de ses engagements, fraternels, familiaux, politiques, sociaux. On ne fait jamais rien sans nouveau départ. On ne fait jamais rien sans se laisser toucher, émouvoir, bouleverser parfois. Sans laisser en nous se briser murs et carapaces.

Chez Paul Claudel la conversion fut d’abord spirituelle (Un fameux soir de Noêl à Notre-Dame). Elle devint intellectuelle. Puis enfin morale. Mais elle ne se fit pas sans heurts ni sans épreuves. Car toute conversion est une épreuve. A l’éblouissement d’une vérité, aux transports d’un sentiment, succède toujours le temps du combat. Il faut laisser derrière soi ; abandonner des parts de soi ; renoncer pour mieux consentir. Il ne suffit pas de vouloir, il faut se laisser être, se laisser faire. Et les résistances nombreuses, culturelles, familiales, sociales, ne s’évanouissent pas du jour au lendemain. 

C’est ce temps de la transformation que nous avons voulu suivre chez Claudel. De révoltes en abandon, de démissions en rémissions, nous avons voulu retracer ce temps du combat dans un être à la conquête de lui-même. Non par fascination égotiste ou simple souci d’entomologie clinique. Mais par ce que toute conversion n’a de sens que rapporté au don de soi. Don à l’autre. Don aux autres.

Sur le chemin des conversions de Paul Claudel c’est l’homme d’aujourd’hui que nous interpellons. Ce qu’il a le désir d’être. Ce qu’il veut donner de lui.

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A travers un montage et un entrecroisement d’interviews, de récits autobiographiques, d’extraits de l’oeuvre poétique et dramatique, nous découvrirons :

Un Paul Claudel à la première personne ; 

Un Paul Claudel comédien qui se raconterait lui-même à travers un récit où seraient convoquées quelques grandes figures de son univers poétique et dramatique ;

Un Paul Claudel s’amusant à confronter son œuvre et sa vie, à ressusciter dans cette évocation tout un peuple de personnages et de sentiments, embrassant, redécouvrant tantôt avec gourmandise, tantôt avec étonnement, parfois avec gravité, l’unité profonde de son inspiration et de sa recherche ; 

Un Paul Claudel tout à la fois complice et distant de ses créatures, attentif à leurs espoirs, leurs enthousiasmes, leur misères;

Un Paul Claudel contemplant et jaugeant, avec la tendresse et la saveur un peu forte de l’expérience, tous ces pans de vie imaginaire, toutes ces voix comme postées aux carrefours majeurs de son existence.

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L'itinéraire de Claudel

Le 25 décembre 1886, Claudel se convertit. À la fulgurance de la révélation succède l'épreuve d'un temps plus quotidien. C'est ce parcours de la grâce que Jean-Luc Solal nous invite à suivre avec bonheur.

La conversion peut être un moment privilégié dans la vie d'un homme, celle de Claudel eut lieu le 25 décembre 1886 à l'âge de dix-huit ans, elle n'en est pas moins l'épreuve de toute une vie. Car entre le moment où un homme se tourne vers Dieu et le moment où il est à Dieu, tout à Dieu, se déroule un long itinéraire de transformation personnelle qui passe inévitablement par le mystère de la mort et de la Résurrection du Sauveur.

C'est quelque chose de cet itinéraire dans la singularité du parcours de Paul Claudel que nous fait revivre Jean-Luc Solal à travers un choix de textes balisé en partie dans Les Mémoires improvisées désespoir de l'homme livré à lui-même, éblouissement de la Rencontre divine, enthousiasme devant le chemin qui s'ouvre, exigence de l'appel, drame de la tentation.

Jean-Luc Solal nous livre un Claudel à la première personne qui se raconte dans son oeuvre et dans sa vie sans ostentation pour nous rendre attentif à l'indicible secret de la trajectoire d'une âme que Dieu appelle.

Il le fait avec d'autant plus d'émotion, de retenue ou de fougue, toujours avec pudeur, qu'il partage à travers cette oeuvre la soif et le désir de son auteur. Dans un décor sobre, serti d'un jeu de lumière l'intérêt du spectateur est d'abord d'ordre spirituel. Celui qui mesure le puits sans fond du désir quand il est orienté vers le néant d'une création qui ne trouve pas sa relation au Créateur goûte la transfiguration de la vie quand toute chose peut être considérée à partir de son foyer divin.

Mais ce passage ne s'accomplit pas sans purification. Comme l'exprime Catherine Fantou-Gournay, qui met en scène le spectacle « Claudel exprime la déchirure entre l'absolu de sa foi et cette incapacité à larguer les amarres», le plus difficile étant de se quitter soi-même.

Intérêt spirituel qui s'accompagne d'un intérêt psychologique. Le travail de la grâce n'opère pas sans la prise en compte de la pâte humaine, de la dimension profondément charnelle dans laquelle s'opère cette oeuvre d'accomplissement divin de l'humain. En suivant Claudel, Jean-Luc Solal nous montre ce travail du Créateur qui ne cesse d'insuffler son esprit dans un corps qui, à la fois s'ouvre et résiste à la grâce. Résistance propre à la constitution de chacun, à sa terre..., mais plus encore résistance due à la tentation et au péché. C'est aussi l'effort créatif du chemin de la miséricorde dont nous sommes rendus témoins à partir de très beaux extraits du texte de Partage de Midi.

Pierre Durande
L'Homme Nouveau
n° 1276 - 17 mars 2002

Récit d'un converti

Les yeux dans les yeux de son public, Jean-Luc Solal incarne Paul Claudel. Chaque soir, grâce à ce passionné pour l’auteur de Tête d’Or et du Partage de midi, le spectateur-confident revit pas à pas la conversion de Claudel. Son épreuve spirituelle devrait-on plutôt dire. « Claudel se convertit à Noël 1886 à N.D, de Paris, explique le comédien. Mais après l’éblouissement, tout reste à faire.

La conversion est une oeuvre permanente.» Une lutte. On l'éprouve avec lui, grâce au florilège de textes de Claudel que Jean-Luc Solal dit avec une intense émotion, seul sur scène : extraits de correspondances, de romans, d'interviews, qui éclairent le parcours spirituel de l’écrivain. «Claudel est très entier, il conçoit sa conversion comme un déchirement, un renoncement aux livres et aux idées, comme il le dit, devant les exigences de Dieu. Une épreuve pour lui.» Jean-Luc Solal sait de quoi il parle, pour avoir vécu une conversion similaire en 1995 : «Jésus nous demande que notre oui soit un vrai oui. Pour le suivre, il y a des attaches à rompre.» Une radicalité troublante et qui fait réfléchir. D'autant que Solal dit les textes avec sincérité et ferveur. II va jusqu'à respecter le rythme du vers libre, les respirations, les liaisons. Du coup, l’illusion dure une heure et demie, elle est presque totale. Qui est Claudel, qui est Solal ? Un seul et même personnage ?

C. F.
Paris Notre Dame

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Voilà le texte qui manquait à l'Oeuvre complète de Paul Claudel, la mise en scène dramatique de sa conversion. La réussite de cette création ambitieuse ( comment n'y a-t-on pas pensé plus tôt ? ) tient à deux personnes. Catherine Fantou-Gournay a conçu la mise en scène, en musique et en lumière. Musicienne, actrice et auteur dramatique, elle est connue par ses émissions de radio (notamment pour enfants à Radio Notre-Dame), ses textes de théâtre (Jeshoua, le Galiléen, Sainte Geneviève, etc) et ses relations avec la ville de Sarov, en Russie,où elle envisage un colloque sur Claudel. Mais ses préoccupations vont bien au-delà de l'art, puisqu'elle anime des sessions "Art et foi" sur le thème "Chemins de libération, de guérison et de communion".

Jean-Luc Solal, 38 ans, acteur, auteur et metteur en scène, s'est découvert, un beau jour, atteint par le virus des planches. Il aborda Claudel, par Le Livre de Christophe Colomb, comme on aborde Molière ou Goldoni, pour se retrouver, vers 1995, dans une sorte de désert intérieur, les "nuits obscures" de Thérèse d'Avila et de Jean de la Croix. Il en sortit par deux chocs successifs : d'abord, le 15 août 1995, à Paray-le-Monial, la conversion, le retour à la foi vivante, la confession. "J'ai pris conscience de ma révolte, de mon péché, de Dieu. Je m'étais éloigné de Lui, mais Il était là, en moi, ne cessant de m'aimer" Ensuite, en 1999, un nouveau choc, le contact avec Claudel dont il avale l'œuvre, en découvrant un autre lui-même.

Le spectacle de Neuilly est né de là, d'une nécessité, du besoin de faire dire au poète, sur la scène, tout ce que son cœur a éprouvé dans l'histoire vécue de sa conversion. Il a fallu choisir, avec l'aide de François Claudel, toujours sur la brèche, dans une oeuvre énorme, parmi les vers et la prose, les simples récits et le débordement poétique, les témoignages et les prières en prise directe avec Dieu. Il a fallu structurer, de Tête d'or à Partage-de midi, un ensemble où les sentiments se croisent et s'entremêlent, de la douleur à la joie, de la révolte à l'apaisement, afin d'en faire jaillir les lignes de force : le désespoir d'un cœur livré à lui-même, l'éblouissement de la rencontre avec Dieu, la terrible épreuve de l'amour interdit, l'éternel conflit entre la chair et l'esprit, entre le péché et la grâce, entre les assauts de la tentation et les exigences de l'appel. Le décor est évocateur : un univers de livres. La mise en scène, toute au service de la parole et de la figure. Le jeu de l'acteur, éclatant d'inspiration. Nous sommes sans cesse renvoyés à nous-mêmes, à notre propre vécu, à nos aspirations les plus profondes parce que spirituelles et intérieures. A voir et à revoir. Il faut en saisir l’occasion.

Joseph Boly
Représentant de la société Paul Claudel sur La Belgique

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Sélection d’avis du public

La conversion ou l'épreuve d'un coeur Le 11 octobre 2002 à 18h10

Un superbe spectacle, qui m'a aidé à sentir à quel point une conversion est effectivement une épreuve. Jean-Luc Solal interprête avec beaucoup de talent ces différents états, du désespoir à la joie et l'émotion est là, simple et forte. Bravo également pour les choix musicaux ainsi que pour les jeux d'éclairage.

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La conversion ou l'épreuve d'un coeur Le 11 octobre 2002 à 18h10

Un superbe spectacle, qui m'a aidé à sentir à quel point une conversion est effectivement une épreuve. Jean-Luc Solal interprête avec beaucoup de talent ces différents états, du désespoir à la joie et l'émotion est là, simple et forte. Bravo également pour les choix musicaux ainsi que pour les jeux d'éclairage.

Informations pratiques

Espace Georges Bernanos

4, rue du Havre 75009 Paris

Saint-Lazare
  • Métro : Havre-Caumartin à 87 m, Saint-Lazare à 136 m
  • RER : Haussmann Saint-Lazare à 136 m, Auber à 300 m
  • Bus : Gare Saint-Lazare - Havre à 18 m, Rome - Haussmann à 61 m, Havre - Haussmann à 111 m, Gare Saint-Lazare à 132 m, Pasquier - Anjou à 137 m, Paris Saint-Lazare à 205 m, Gare Saint-Lazare - Rome à 291 m, Haussmann - Mogador à 320 m, Opéra - Scribe à 347 m, Opéra à 368 m
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Spectacle terminé depuis le mardi 18 février 2003

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