La Dernière Neige

du 7 novembre au 14 décembre 2013
1h30

La Dernière Neige

Didier Bezace
Quelque part au milieu des montagnes, dans une petite ville, un jeune garçon rêve d’acheter le milan qu’il voit dans sa cage tous les jours en passant devant le magasin d’un brocanteur. Entre un père malade et une mère qui s’absente le soir, l’enfant s’accroche à son désir de posséder coûte que coûte ce rapace des grands espaces et des forêts sauvages. Un texte d'une grande beauté, d'Hubert Mingarelli.

Histoire d'un amour filial
La dernière neige, le dernier geste
Hubert Mingarelli par lui-même
Hubert Mingarelli, un auteur qui passe doucement à l'âge adulte
La presse

  • Histoire d'un amour filial

Quelque part au milieu des montagnes, dans une petite ville, un jeune garçon rêve d’acheter le milan qu’il voit dans sa cage tous les jours en passant devant le magasin d’un brocanteur. Entre un père malade et une mère qui s’absente le soir, l’enfant s’accroche à son désir de posséder coûte que coûte ce rapace des grands espaces et des forêts sauvages.

« Un soir, j’ai demandé à mon père ce qu’il aurait préféré acheter à mon âge, un milan ou un poste de radio. Il m’a répondu :
– Sans aucun doute un poste de radio.
Je lui ai dit que c’était dommage, car justement, depuis plusieurs semaines, moi je désirais acheter un milan. Il en a été surpris. »
Hubert Mingarelli, La Dernière Neige

  • La dernière neige, le dernier geste

Je viens vous dire au revoir comme un acteur qui salue avec gratitude le public qui l’a si chaleureusement soutenu pendant 15 ans. Je viens vous dire au revoir en vous invitant simplement à partager un texte que j’admire profondément et dont l’auteur m’est cher pour les livres merveilleux qu’il écrit depuis 15 ans. Vous ne le connaissez pas, il est discret, il a le talent de ceux qui savent nous faire regarder autrement le monde et les gens.

La Dernière Neige, un de ses premiers romans, est le récit intime de blessures secrètes que le temps n’efface pas et d’une liberté chèrement acquise ; c’est un livre précieux, j’espère vous le faire aimer avant de vous quitter.

Didier Bezace


  • Hubert Mingarelli par lui-même

Humain. «Moi je préfère raconter des histoires possibles, simplement humaines, à hauteur d’homme. Pas de grandes choses mais des choses justes et les plus vraies possibles. »

Uniquement les personnages principaux. « Les choses de la vie ne se passent pas à cinq cents ! On est deux, trois (...). Les autres, ça reste des figurants malgré tout. »

Baroudeur autodidacte, né en 1956, écrit depuis quinze ans et habite sur le plateau du Vercors.

Ecole quittée à dix-sept ans. « J’ai un brevet de timonier. Je me suis engagé dans l’armée. » Hommes sans mère « se rattache à mon expérience quand j’étais militaire, quand j’étais marin. » Quatre soldats est l’occasion de transposer cette expérience : « Comment on fait pour survivre dans un milieu hostile ? L’armée pour moi, c’est un milieu hostile. Comment on fait pour s’en tirer ? Pour survivre à ça ? »

Routes et trajets. L’écriture : « A priori, c’est une espèce de voyage. C’est comme... partir avec quelqu’un en voiture. On sait qu’on va dans une ville, on ne sait pas ce qui va se passer, si on va s’entendre. Mais c’est partir d’un point pour se rendre à un autre sans savoir comment va se passer le trajet. »

Travail. « Ça paraît un boulot de fainéant parce qu’on travaille deux, trois heures par jour, mais on va chercher loin. C’est un vrai travail. Faire une phrase qui tient la route, même la plus simple possible. Justement les plus simples possibles sont les plus difficiles à trouver. »

Machine à écrire et traitement de texte car « écrire, ce n’est pas du dessin, faire du graphisme, ce sont des pensées qui sont mises en mots. (...) J’ai une phrase qui me trotte dans la tête, qui ne me plaît pas pendant quinze jours, je me décide enfin à la retirer. Je suis constamment dans le texte, comme dans une structure, toujours en train de tourner autour pour refaire un truc. Ce que ne permettent pas les feuilles manuscrites, par exemple. »

Impulsion de départ ? Sur la route de Kerouac : « ça a été le déclic. Je n’avais jamais lu ça. Je ne savais pas qu’il pouvait y avoir des livres aussi extraordinaires. »

Nature : ses titres lui font déjà la part belle, sable, neige, rivière, lumière... Minimalisme des descriptions : « Je ne dis que ce qui est utile, que ce qui va servir. (...) Je veux retirer la décoration, ne pas mettre du volume de phrase pour en mettre, si ça ne sert pas, je ne le marque pas. C’est un effet de loupe peut-être. »

Grandir : « Je n’ai pas envie d’être un enfant. Ça me tue ça, dans les interviews, les gens qui sont contents d’être restés un enfant ; moi, je n’ai pas envie de ça, j’ai envie de grandir. » Ses personnages aussi grandissent : « Ce qui arrive maintenant ce sont des histoires où mes personnages enfants sont devenus adultes. Ils ont fini leur chemin initiatique et maintenant ils sont confrontés à la vie. »

Autobiographie ? Non, ce serait plutôt changer l’histoire, changer son histoire : « ça parle de soi tout le temps. Après, il y a l’art et la manière. Ce ne sont jamais des histoires au premier degré, vécues. Si ! Quelques petites parts, de petits épisodes dans des livres sont des choses que j’ai vécues, exactement comme ça. Mais la trame générale, c’est quand même une fiction. C’est une histoire que j’invente. Tout est inventé. Mais en même temps, je n’invente rien. »

Reprendre : « Chaque matin, je reprends ce que j’ai écrit, je recommence systématiquement, je reviens en arrière. Et après tu les sens... (...) C’est une espèce de musique sourde, c’est l’alchimie pour moi. De ma vie, je ne saurai jamais l’expliquer. C’est trouver une évidence. »

Écrire : « c’est peut-être un acte solitaire et égoïste, mais c’est aussi une manière de se trouver une petite place dans la société. »
Lecteurs qui lui répètent que c’est toujours le même thème : « Le vrai danger aussi, c’est qu’on m’explique ce que je fais. Parce que moi je ne connais pas le résultat ! Un lecteur sait mieux interpréter mon livre que moi. Il aura une vision neuve par rapport à moi qui suis dedans et qui ne sais pas trop comprendre ce que je fais, en fait. »

Littérature et obsession : « J’ai mis plusieurs livres à parler de la même chose, tant pis. Ça changera. Je mettrai encore plusieurs livres avant de changer à nouveau. Sinon, c’est comme si un mec qui aime bien faire du bateau n’en faisait qu’une seule fois... Écrire c’est un truc d’obsessionnels. Cette remarque qu’on me fait ne me gêne pas, j’assume. »

Impudeur de ceux qui voient ce qu’il a caché entre les lignes et qui le lui disent. « Je crois que je passe mon temps à cacher plein de choses dans mes histoires. Enfin, à écrire entre les mots, entre les lignes et tout ça... (...) moi pour écrire, c’est plutôt dans la pudeur, dans la retenue. » « La littérature, c’est pas se foutre à poil. »

Citations extraites de divers entretiens accordés par Hubert Mingarelli en 2002 et 2004
@ L’association Les Filles du loir

  • Hubert Mingarelli, un auteur qui passe doucement à l'âge adulte

Bourlingueur, Hubert Mingarelli a sillonné les mers puis les routes d'Europe avant de se poser à la montagne pour écrire. Ses romans, d'abord publiés en collection jeunesse, évoquent une intense relation père-fils. À mots comptés, précis.
C'est l'histoire d'un cancre, d'un de ces gamins pour qui l'école n'est pas faite, et qui fuit, à 17 ans, le lycée, la famille, Longwy, ses ciels de minerai et

ses hauts-fourneaux mangeurs d'hommes. Il s'appelle Hubert Mingarelli. Aujourd'hui, il a 44 ans et illumine la rentrée littéraire, en s'excusant presque, avec simplement cent vingt-cinq pages gorgées de coeur et de pudeur. Son roman La Dernière Neige défie les superlatifs. On pourrait dire qu'il nourrit l'âme du lecteur et comble l'amoureux de la langue française... L'interview n'est pas de mise avec cet ange rebelle. Les silences s'installent pour laisser s'éclore à leur rythme des paroles venues de loin. Mingarelli se raconte, par bribes, à mots tendus, à mots choisis, sans chichis, sans théories, comme lorsqu'il écrit.

A l'adolescence, le petit-fils d'immigrés italiens ne voit se profiler qu'une alternative : la sidérurgie ou l'armée. Aux laminoirs, à la fièvre de la Lorraine,

il préfère la Marine nationale, l'eau, les voyages, les rêves d'ailleurs. Mais trois années à naviguer, quartier-maître de 2e classe, du Pacifique à la Méditerranée, ont eu raison de l'enfance. L'humanité qui cohabite sur les navires - un concentré de chaleur et de férocité - lui donne des envies de liberté. Est-ce hasard ou signe du destin ? Mingarelli en sourit encore : il a 20 ans et, pour la première fois, achète un livre, un poche, Martin Eden de Jack London. " J'étais fasciné par ce type, ce marin à qui les éditeurs refusent les manuscrits. " 

Il repousse le grand large pour d'autres horizons, jette son pompon de marin, prend la route, sillonne l'Europe à ras de terre, une guitare dans une main, l'autre tendue pour la manche, puis se construit un port d'attache dans les montagnes de l'Isère. Il vit de petits boulots, se cherche une voie, une raison de vivre, refuse la prison du salariat, s'obstine à " faire ce pour quoi j'étais fait " . Il s'imagine illustrateur.
 " Je voulais raconter des histoires mais je n'avais pas encore trouvé le bon outil. Il y a une dizaine d'années, un peu candide, je suis monté à Paris, montrer mes dessins. Pour faire propre, j'avais écrit quelques légendes. Les dessins sont passés inaperçus. On m'a commandé un texte ! " Il en est encore tout étonné.

Ainsi commence pour Mingarelli une vie d'auteur. Mais elle repose sur un malentendu. Ses poèmes, ses romans sont édités en collection jeunesse. " C'était comme cela. Je n'ai pas protesté, j'attendais. Je continuais à écrire sans savoir pour qui - quelle collection, quel lecteur. Écrire suffit. " Si son talent n'échappe pas aux spécialistes - éditeurs pour la jeunesse ou lecteurs aficionados -, le " grand " public n'y a accès qu'en 1999, quand Le Seuil bascule son manuscrit d'un service à l'autre, d'une collection à l'autre. Une rivière verte et silencieuse, une fiction ardente, ténue, l'histoire d'un père et de son petit garçon, annonce La Dernière Neige, cette autre histoire de père et de fils, ou peut-être la même...

Hubert Mingarelli poursuit de livre en livre cette relation de foudre, d'amour et de douleur. Il croit parfois avoir éclusé cette source, mais dit se sentir toujours happé par le fil de l'écriture qui lui impose d'y revenir encore, par d'autres cheminements. Il a des vérités désarmantes : " Un roman, c'est comme la vie. On naît, on a des parents, on part, on se marie, on a des enfants. Mes livres suivent la même logique. Il leur faut aller jusqu'au bout d'eux-mêmes. " 

Mais Mingarelli, pas si naïf que cela, brouille les pistes. On pourrait croire que l'enfant, le narrateur de ses romans, n'est autre que lui-même. Ce serait ne pas faire confiance à la fiction, à la littérature. L'écrivain s'arc-boute, préserve le mystère de la création, préserve son intimité : " Moi, je suis obligé de prendre des détours, de passer par le pouvoir d'un filtre. Les événements que je raconte sont des images qui donnent à sentir ce que j'ai vécu, ce que je pense. Ma vérité est trop brute, trop forte, je ne peux pas l'écrire. Alors je réinvente une réalité, la transpose, et celle-là, je la contrôle. Si j'égrenais mes souvenirs, ils n'auraient aucune magie, ne serviraient à rien ni à personne. Je ne crois pas au talent. Je crois au labeur. J'ingurgite, je recrache, je travaille et c'est là que surgit l'écriture. " 

Extrait d’un article de Martine Laval © Télérama, 2000

  • La presse

« Une écriture qui coule comme une rivière verte et silencieuse, transparente et pudique, vive et apaisée, qui laisse entendre le bonheur sans le dire, qui laisse imaginer la douleur sans la décrire. Les mots sont précis, sonnent juste. Les phrases sont courtes, évidentes, et leur beauté résonne, longtemps. Son roman La Dernière Neige défie les superlatifs. On pourrait dire qu'il nourrit l'âme du lecteur et comble l'amoureux de la langue française... Hubert Mingarelli, prince de l'ineffable, va lui-même jusqu'à imaginer une âme aux histoires. Il les voit humaines, parfois belles, parfois tristes. Toujours désirables, nécessaires. Nous aussi ! » Télérama

« Un fort beau petit spectacle d'une heure, qui passe comme le rêve d'un soir d'hiver, quand la neige tombe derrière la fenêtre, et que l'on se raconte une histoire. » Fabienne Darge, Le Monde, 16.novembre 2013

« Un geste poétique simple et émouvant. Didier Bezace nous livre ce beau texte avec une générosité qui laissera des traces dans l'imaginaire. » Télérama Sortir, TT

« Avec une justesse et une délicatesse extrêmes, Bezace ne " joue " pas le narrateur. Il l' " est " . La Croix Didier Bezace n'est pas seulement un remarquable metteur en scène, mais aussi un interprète rare. » Le Figaro

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41 rue Lécuyer 93304 Aubervilliers

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  • Bus : Condorcet à 132 m, Condorcet à 155 m, Hôpital La Roseraie à 244 m
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Spectacle terminé depuis le samedi 14 décembre 2013

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