L'augmentation

du 8 janvier au 7 février 2010
1h15

L'augmentation

  • De : Georges Perec
  • Mise en scène : Christine Defay
  • Avec : Mechtilde Keryhuel, Rozenn Tregoat, Christine Defay
Demander ou ne pas demander une augmentation ? Chef de service dans son bureau ou pas dans son bureau ? Est-il de bonne humeur ?... A force de jouer avec les mots, les rythmes, la langue, se crée une mécanique absurde, allant jusqu’à devenir une inquiétante machine bureaucratique à l’intérieur de laquelle l’individu s’efforce d’exister.
  • Théâtre absurde

Comment, quelles que soient les conditions sanitaires, psychologiques, climatiques ou autres, mettre le maximum de chances de son côté en demandant à votre chef de service un réajustement de votre salaire.

Ce matin là, une employée seule chez elle dans sa cuisine, la radio allumée. Elle a mûrement réfléchi, a pris sa décision : va voir son chef de service, va lui demander une augmentation. Ou bien son chef de service est dans son bureau, ou bien son chef de service n’est pas dans son bureau. Si le chef de service est dans son bureau… Si le chef de service n’est pas dans son bureau… Supposons pour simplifier, car il faut simplifier…

Demander ou ne pas demander une augmentation ? Chef de service dans son bureau ou pas dans son bureau ? Est-il de bonne humeur ?...

A force de jouer avec les mots, les rythmes, la langue, se crée une mécanique absurde, allant jusqu’à devenir une inquiétante machine bureaucratique à l’intérieur de laquelle l’individu s’efforce d’exister.

  • Ballet d'hypothèses et d'alternatives

L’Augmentation porte un sous-titre qui à lui seul est toute un programme : Comment, quelles que soient les conditions sanitaires, psychologiques, climatiques, économiques ou autres, mettre le maximum de chances de son côté en demandant à votre chef de service un réajustement de votre salaire ?

Six « personnages » sont en jeu : la proposition, l’alternative, l’hypothèse positive, l’hypothèse négative, le choix et la conclusion. Le ballet des hypothèses et des alternatives rend impossible l’attribution de cette augmentation.

Perec jongle avec les acceptions du mot : financières, rhétoriques (empiler des séries d’arguments pour emporter la conviction), mathématiques (comme dans l’histoire des grains de blé sur l’échiquier qui doublent de case en case). L’Augmentation est une anti-arborescence : alors que dans un récit arborescent, tout est bifurcation, choix, pertes et gains, ici tout est mis à plat : aucune décision, aucune progression.

Tout est calqué sur le fragment que voici :
1- Vous avez mûrement réfléchi, vous avez pris votre décision et vous allez voir votre Chef de Service pour lui demander une augmentation.
2- Ou bien votre Chef de Service est dans son bureau, ou bien votre chef de service n’est pas dans son bureau.
3- Si votre Chef de Service était dans son bureau, vous frapperiez et vous attendriez sa réponse.
4- Si votre Chef de Service n’était pas dans son bureau, vous guetteriez son retour dans le couloir.
5- Supposons que votre Chef de Service ne soit pas dans son bureau.
6- En ce cas vous guettez son retour dans le couloir.

  • L’effet rire : une catharsis - Notes de mise en scène

L’actualité d’un texte écrit il y a quarante ans.

À part les quelques détails (on en est encore aux francs, aux marks…) on peut tout à fait situer L’augmentation aujourd’hui.La logique de l’argumentaire poussée à son extrême reflète l’absurdité du monde dans lequel on évolue.

Mon parti pris de mise en scène interroge la place de l’individu face à la logique d’entreprise : chez Perec les arguments se transforment peu à peu pour donner la priorité au développement de l’entreprise plutôt qu’à l’épanouissement de l’Homme…

Les personnages : sur scène, trois femmes.

Perec les nomme ainsi :
1 La proposition
2 L’alternative
3 L’hypothèse positive
4 L’hypothèse négative
5 Le choix
6 La conclusion
La Rougeole

Autrement dit, il n’y a pas de personnages au sens classique du terme. J’ai choisi de faire exister 3 personnages, ou plutôt 3 figures sur le plateau.

La première à entrer sur le plateau est une employée-type, d’une entreprisetype ou d’une administration-type, dans son appartement-type, prend son petitdéjeuner- type dans sa cuisine-type.

Puis les 2 autres surgissent. Elles prennent des poses empruntées aux mannequins des magazines de mode des années 1960. Elles évoquent aussi les premières publicités de la télévision. Elles composent une gestuelle précise et répétitive qui les distancie du quotidien. On les appellera les « Muses de l’Entreprise ».

L’espace : en marche vers l’absurde.

Alors que Georges Perec est coutumier des descriptions très précises des espaces dans l’ensemble de ses romans (La vie mode d’emploi, les choses…), de ses écrits (Espèces d’espaces, Tentative d’épuisement d’un lieu parisien…), dans sa pièce L’Augmentation il ne donne aucune indication.

Grâce à un décor épuré et mobile principalement constitué de deux portes sur roulettes, l’espace se transforme pour devenir de plus en plus absurde.

Le temps : des années 1960 à aujourd’hui

La cuisine de l’Employée est directement issue des années 1960. Les costumes, les couleurs, les coiffures aussi.

Alors que le temps paraît être celui de la représentation, il s’avère que quarante années se sont écoulées…

Ce qui fait que nous arrivons à aujourd’hui… Le choix de dater tous ces éléments permet de distancier le discours. L’effet boomerang opérant, une prise de conscience l’état de la société dans laquelle nous vivons s’impose.

Style de jeu : l’héritage du clown

Avec une juste naïveté, proche de celle du clown, le personnage de l’Employée suit diligemment les conseils que les « muses de l’entreprise » lui prodiguent. Celles-ci font preuve d’une assurance à toute épreuve renforcée par la mécanique de leur gestuelle.

Même si son attitude la rendait au premier regard quelque peu décalée, le spectateur se reconnaît au fur et à mesure dans le personnage de l’Employée. Le clown a cette magie, de susciter la moquerie, et dans un même temps de refléter l’humain.

Christin Defay

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Spectacle terminé depuis le dimanche 7 février 2010

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