L'affaire de la rue de Lourcine

Nanterre (92)
du 27 avril au 28 mai 2000

L'affaire de la rue de Lourcine

CLASSIQUE Terminé

- « Ce matin, rue de Lourcine, le cadavre d’une jeune charbonnière a été trouvé horriblement mutilé... », - « C’est affreux !... Je reprendrai de l’omelette ! »

Présentation
Extrait de "Eugène Labiche" de Philippe Soupault
Extrait de "La maison Tellier" de Guy de Maupassant
Extrait de " moi ", d’Eugène Labiche

Présentation

- « Ce matin, rue de Lourcine, le cadavre d’une jeune charbonnière a été trouvé horriblement mutilé... »,
- « C’est affreux !... Je reprendrai de l’omelette ! »

Dans L’Affaire de la rue de Lourcine, Labiche nous ouvre les portes d’un monde clos, perclus dans son mobilier, au prise avec ses fantasmes : une sorte de description entomologique de la vie des fourmis. Lenglumé, paisible rentier a découché à l’insu de sa femme pour se rendre à un banquet. Il est fort surpris de trouver au réveil, couché dans son propre lit, un individu qu’il reconnaît comme un des convives de cette soirée. Les deux compères d’abord intrigués par les objets hétéroclites qu’ils découvrent dans leurs poches (un soulier de femme, des noyaux de prunes, des cerises, du charbon) s’affolent lorsque Madame Lenglumé lit dans le journal qu’une jeune charbonnière a été assassinée par deux hommes pris de boisson...

L’iconographie d’Egon Schiele (la pornographie hante la conscience de nos deux bourgeois), les descriptions de maisons closes de Guy de Maupassant, les films de Buster Keaton et de Fatty Arbuckle, les Variations Goldberg de Bach accompagneront notre travail.

Vous avez raison, écrivait Labiche en 1880 à Léopold Lacour, je me suis adonné presque exclusivement à l’étude du bourgeois, du philistin ; cet animal offre des ressources sans nombre à qui sait le voir. Il est inépuisable. C’est une perle de bêtise qu’on peut montrer de toutes les façons… " L’affaire de la rue de Lourcine est l’histoire de deux petits bourgeois au prise avec leurs fantasmes, dans un monde malade, soucieux de préserver les apparences, prêt à tout pour y parvenir ; une description entomologique proche du traité de Maeterlinck sur la vie des fourmis. Pour interpréter ces caractères, je souhaite travailler sur le rapport des corps entre eux, sur une " évidence " physique telle que celle de Laurel et Hardy. Le trio Philippe Clévenot (Lenglumé/Giacometti), Hervé Pierre (Mistingue/Ingres) et Christine Murillo (Norine/Rubens) répond à cette préoccupation. L’iconographie d’Egon Schiele (la pornographie hante la conscience de nos deux bourgeois) les films de Keaton et Fatty, les Variations Goldberg de Bach seront nos références et nos guides dans le travail d’interprétation.

Jean-Baptiste Sastre
18 décembre 1999

Extrait de "Eugène Labiche" de Philippe Soupault

Labiche commença par écrire des farces, puis, à la fin de sa carrière, des comédies. Les farces les plus réussies, si on les considère vraiment comme des farces, sont : Un jeune homme pressé, Edgar et sa bonne, L’Affaire de la rue de Lourcine, qui est un chef-d’œuvre (c’était aussi une des pièces préférées par Labiche). Bergson, pensant aux farces de Labiche, les a résumées en déclarant que l’auteur " fera que quelques-uns de ces personnages aient quelque chose à dissimuler, soient obligées de s’entendre entre eux, jouent une petite comédie va déranger l’autre, puis les choses s’arrangent et la coïncidence des deux séries se rétablit ".

L’Affaire de la rue de Lourcine et les farces types montrent en outre que leur auteur accorde à ses personnages des personnalités ; ce ne sont point des pantins ou des fantoches, mais des hommes entraînés par un courant irrésistible qui les fait se débattre. C’est la force de ce courant qui permet de mesurer la puissance comique. La fantaisie n’est qu’apparente. Les spectateurs apprennent que la destinée domine ces individus. Ce qui les fait rire, c’est que ces individus s’efforcent de la vaincre et que plus ils se battent, plus ils la provoquent et plus elle exerce sa puissance. L’auteur leur laisse à peine le temps de respirer, de se reprendre. La valeur de ses farces dépend de leur rythme. Jamais aucun écrivain n’était arrivé à imposer à ses œuvres cette rapidité du rire.

Philippe Soupault
in Eugène Labiche
Mercure de France 1964

Extrait de "La maison Tellier" de Guy de Maupassant

…Enfin la maison Tellier était une ressource, et rarement quelqu’un manquait au rendez-vous quotidien.

Or, un soir vers la fin du mois de mai, le premier arrivé, M. Poulin, marchand de bois et ancien maire, trouva la porte close. La petite lanterne, derrière son treillage, ne brillait point ; aucun bruit ne sortait du logis, qui semblait mort.

… Les deux bourgeois aussitôt s’enfuirent pour n’être pas compromis ; mais un léger " pss’t " les arrêta : c’était M. Tournevau, le saleur de poisson, qui, les ayant reconnus, les hélait. Ils lui dirent la chose, dont il fut d’autant plus affecté que lui, marié, père de famille et fort surveillé, ne venait là que le samedi, " securitatis causa ", disait-il, faisant allusion à une mesure de police sanitaire dont le docteur Borde, son ami, lui avait révélé les périodiques retours. C’était justement son soir et il allait se retrouver ainsi privé pour toute la semaine.

Les trois hommes firent une grand crochet jusqu’au quai, trouvèrent en route M. Philippe, fils du banquier, un habitué, et M. Pimpesse, le percepteur. Tous ensemble revinrent alors par la rue " aux Juifs " pour essayer une dernière tentative. Mais les matelots exaspérés faisaient le siège de la maison, jetaient des pierres, hurlaient ; et les cinq clients du premier étage, rebroussant chemin le plus vite possible, se mirent à errer par les rues.

Ils rencontrèrent encore M. Dupuis, l’agent d’assurance, puis M. Vasse, le juge au tribunal de commerce ; et une longue promenade commença qui les conduisit à la jetée d’abord. Ils s’assirent en ligne sur le parapet de granit et regardèrent moutonner les flots. L’écume, sur la crête des vagues, faisait dans l’ombre des blancheurs lumineuses, éteintes presque aussitôt qu’apparues, et le bruit monotone de la mer brisant contre les rochers se prolongeait dans la nuit tout le long de la falaise. Lorsque les tristes promeneurs furent restés là quelque temps, M. Tournevau déclara : " ça n’est pas gai. – Non certes ", reprit M. Pimpesse ; et ils repartirent à petit pas.

Maupassant
La maison Tellier

Extrait de " moi ", d’Eugène Labiche

DE LA PORCHERAIE. - Mon ami, laissez-moi vous le dire, vous êtes sur une pente déplorable… la pente du sacrifice qui illustra Don Quichotte…
ARMAND. - Vous en eussiez fait autant à ma place !…
DE LA PORCHERAIE. - Oh ! non !…
DUTRECY. - Je réponds de lui !…
DE LA PORCHERAIE. - Dans les circonstances suprêmes, je songe à moi !…
ARMAND. - Comment ?…
DE LA PORCHERAIE. - A ce joli petit moi… qui est tout notre univers…
ARMAND. - Qu’est-ce que c’est que votre moi ?…
DE LA PORCHERAIE. - Mais c’est un composé de tous les organes qui peuvent m’apporter une jouissance…
AUBIN, à part, écoutant. - Ils s’exprime bien, l’ami de Monsieur…
DE LA PORCHERAIE. - C’est ma bouche… quand elle savoure une truffe moelleuse, mes yeux lorsqu’ils se reposent sur une jolie femme…
AUBIN, à part, se passionnant. - Oh ! oh !
DE LA PORCHERAIE. - Mon oreille… quand elle m’apporte l’écho d’un musique… digestive et peu savante…
ARMAND. - Eh bien !… et le cœur ?…
DE LA PORCHERAIE. - Oh ! le cœur n’est pas de la maison… c’est un invité… un noble étranger qu’il est impossible de jeter à la porte, malheureusement… Mais qu’il faut rigoureusement surveiller, sans quoi il nous ôte le pain de la bouche et jette, par toutes les fenêtres, notre argenterie aux passants.
ARMAND. - Mon oncle, vous ne dites rien ?…
DUTRECY. - Moi ?… je suis indigné !… Quand tu me parleras du cœur… je serai toujours avec toi… contre de La Porcheraie… Oui, le cœur est un noble organe… un présent du ciel !… Nous devons le laisser régner…
DE LA PORCHERAIE. - Mais pas gouverner !…
DUTRECY. - C’est un roi constitutionnel… (A Armand) Vois-tu, dans ce monde… il ne faut pas être égoïste !… mais il faut penser à soi, à sa fortune, à son bien être… les autres n’y penseront pas pour toi, d’abord…
AUBIN, à part. - Il a raison, Monsieur…
DUTRECY. - Retiens bien cette maxime d’un sage… toute la science de la vie est là : On n’a pas trop de soi pour penser à soi !

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Informations pratiques

Nanterre - Amandiers

7, av. Pablo Picasso 92000 Nanterre

Accès handicapé (sous conditions) Bar Grand Paris Hauts-de-Seine Librairie/boutique Restaurant Vestiaire
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  • Bus : Théâtre des Amandiers à 7 m, Joliot-Curie - Courbevoie à 132 m, Liberté à 203 m, Balzac - Zola à 278 m
  • Voiture : Accès par la RN 13, place de la Boule, puis itinéraire fléché.
    Accès par la A 86, direction La Défense, sortie Nanterre Centre, puis itinéraire fléché.
    Depuis Paris Porte Maillot, prendre l'avenue Charles-de-Gaulle jusqu'au pont de Neuilly, après le pont, prendre à droite le boulevard circulaire direction Nanterre, suivre Nanterre Centre, puis itinéraire fléché.

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Plan d’accès

Nanterre - Amandiers
7, av. Pablo Picasso 92000 Nanterre
Spectacle terminé depuis le dimanche 28 mai 2000

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Spectacle terminé depuis le dimanche 28 mai 2000