Molière 2019 du Comédien dans un spectacle de Théâtre public (François Morel).
- La même profondeur sous la même légèreté
François Morel-Raymond Devos, Raymond Devos-François Morel, et la boucle est bouclée à double tour ! Car la nouvelle création du comédien, Molière 2019, emprunte à l’illustre artiste le titre de l’un de ses fameux sketches où il interroge l’univers, la folie de l’existence, l’incommunicabilité avec son talent inégalé.
Fasciné par ce grand clown au « grain de folie capable d’enrayer la mécanique bien huilée de la logique, de la réalité, du quotidien », François Morel s’est plongé corps et âme dans ses textes pour inventer un spectacle musical en son hommage. Diablement réjouissant !
« J’ai des doutes ! Hier soir, en rentrant dans mes foyers plus tôt que d’habitude... il y avait quelqu’un dans mes pantoufles. Mon meilleur copain. Si bien que je me demande si, quand je ne suis pas là... Il ne se sert pas de mes affaires ! … J’ai des doutes ! … », Raymond Devos
Distribution en alternance.
« Un pur bonheur. » Télérama sortir TTT
« Quel bonheur de voir François Morel s’emparer des textes de Raymond Devos. (...) Parenthèse enchanteresse, hymne à l’humour, ce spectacle file à toute allure. On en voudrait encore de ces histoires, apparemment à dormir debout, mais qui disent tant de la condition humaine. Dans une mise en scène tout en sobriété et délicatesse, le comédien et son pianiste nous font (re)découvrir les jeux de mots et la dérision irrésistible de Raymond Devos. » Sandrine Blanchard, Le Monde, 15 décembre 2018
« Raymond […] pour faire bondir le rire là où on ne l'attend pas, dans ces dérapages de l'ordinaire, vecteurs d'une poétique du quotidien. Davantage que dans les pas ou dans l'ombre, c'est bien dans l'esprit de Raymond Devos que François Morel se place aujourd'hui. » Les Echos
« J'ai des doutes est un hommage à Raymond Devos ; Dans ce spectacle 90% de textes de Devos et quelques ingénieux saupoudrages de texte de François Morel ; La performance de l'artiste est là. » Sabine Daniel, France info
« Cette rencontre au sommet entre deux créateurs divins, François Morel la croque avec une malice d'enfer. De circonvolutions en jeux de mots, Morel chante, joue et enchante dans une farandole de gourmandises préparées avec amour. Ses mimiques et sa gestuelle, sa géniale gaucherie, il y a à jamais ce Deschiens en lui. » Sylvain Merl, Le Parisien
« J’ai des doutes se révèle d’une jeunesse - mais oui ! - et d’une fraîcheur rare. Une réussite due à l'alchimie parfaite entre l'absurdité poétique de Raymond Devos et la sensibilité lunaire d'un François Morel capable de réinventer des sketchs aussi connus. Un pur bonheur. » Michèle Bourcet, Télérama Sortir
« Morel comme Devos sont nativement poètes. » L’Obs
« Raymond Devos, mesdames et messieurs, est un miracle qui est apparu, singulier, sur la scène du music-hall français. Il ne ressemblait à personne. Personne, plus jamais, ne lui ressemblera. C’est comme ça. Il faut se faire une raison. Même si on n’est pas obligé… de se faire une raison. Il est plus opportun en évoquant Devos de se faire une folie. Un grain de folie capable d’enrayer la mécanique bien huilée de la logique, de la réalité, du quotidien.
Ceux qui l’ont vu s’en souviennent : Raymond Devos fut un phénomène rare. Comme les arcs-en-ciel de feu circulaire, comme les colonnes de lumière, comme les vents d’incendie, comme les nuages lenticulaires, il a surgi, miraculeux et mystérieux, derrière un rideau rouge qui s’ouvrait sur l’imaginaire. On n’avait jamais vu ça ! Et, devant cet homme en apesanteur, on avait le souffle coupé. » François Morel
Dernièrement,
il s’est passé une chose troublante
Qui m’a mis la puce à l’oreille !
Je me promenais avec mon chien que je tenais en laisse...
Je rencontre une dame avec sa petite fille.
Et j’entends la dame qui dit à sa petite fille :
« Va ! Va caresser le chien ! »
Et la petite fille est venue... me caresser la main !
J’avais beau lui faire signe qu’il y avait erreur sur la personne, que le chien, c’était l’autre... la petite fille a continué de me caresser gentiment la main...
Et la dame a dit :
- Tu vois qu’il n’est pas méchant !
Et mon chien, lui, qui ne rate jamais une occasion de se taire... a cru bon d’ajouter :
- Il ne lui manque que la parole, madame !
Ça vous étonne, hein ?
Eh bien, moi, ce qui m’a le plus étonné, ce n’est pas que ces dames m’aient pris pour un chien...
Tout le monde peut se tromper !
... Mais qu’elles n’aient pas été autrement surprises d’entendre mon chien parler... ! Alors là...
Les gens ne s’étonnent plus de rien.
Extrait de Mon chien, c'est quelqu'un
- Entretien avec François Morel
Vous fréquentez Devos dans les années quatre-vingt, mais à quand remonte votre désir de J’ai des doutes ? Qu’est-ce qui a tout déclenché ?
J’ai vu Raymond Devos plusieurs fois sur scène, à Caen notamment où j’avais compris qu’à l’entracte personne ne contrôlait pour le retour en salle, ce qui m’avait permis alors de voir le spectacle une fois en entier et trois fois la deuxième partie ! Je l’ai croisé ensuite, notamment à France Inter. J’avais écrit une chronique qu’il m’avait demandé de venir redire à la télé, à l’occasion de ses 80 ans...
J’ai des doutes est né d’une demande, celle de Jeanine Roze qui organise Les Concerts du dimanche matin au Théâtre des Champs-Élysées, et qui voulait rendre hommage à Raymond Devos à l’occasion des 10 ans de sa mort. Je me souvenais que Jeanine avait sollicité Jean Rochefort il y a quelques années pour qu’il réinterprète les sketchs de Fernand Raynaud, et le résultat était inattendu, émouvant, fameux ! J’ai trouvé que j’étais en bonne compagnie...
Vous sentez-vous de cette famille de grands clowns qui savent tout faire ? Musique, poésie, rires et larmes... Devos, Trenet, qui encore ? Qu’est-ce qui les caractérise et les différencie des humoristes ?
Je ne sais pas tout faire ! Mes compétences sont bien moins nombreuses que mes incompétences... Je suis trop maladroit pour jongler avec autre chose qu’avec des mots ; si je sais que le rire est souvent une question de rythme et de musicalité, je n’ai jamais eu la patience d’apprendre à jouer d’un instrument de musique... Trenet, Devos sont des références pour moi mais j’en ai tant d’autres, je n’ai jamais été avare de mon admiration. Plus que les humoristes professionnels, j’aime l’humour.
Sur scène, vous racontez ? Vous chantez ? Vous dansez ? Vous jonglez ? Jouez-vous Fernando Sor ?
Sur scène, j’imagine la rencontre entre Dieu et Devos qui l’un et l’autre ont créé des univers... Je dis des textes, j’en chante certains que mon indispensable et furieux complice, Antoine Sahler a eu la bonne idée de mettre en musique, je tente d’enfoncer des clous, j’écoute Raymond, je joue Devos, je tente de rendre compte de ses idées fixes, de ses obsessions, j’interprète Fernando Sor, mais pas à la guitare...
Comment organiserez-vous la mise en scène ? Est-ce un concert ? Un one-man-show, des numéros ? Un récital ou une pièce de théâtre ?
Ce sera un spectacle avec des numéros, ce ne sera pas une pièce de théâtre mais un récital avec comédien et pianiste.
Qu’est-ce qui vous rend heureux sur scène ? Qu’est-ce qui vous rend heureux chez Raymond Devos ?
Ce qui me rend heureux sur scène, c’est jouer avec un public, m’amuser, inventer, me sentir libre. Ce qui me plaît chez Devos, c’est sa capacité à nous entraîner vers l’imaginaire, à ouvrir des portes, des fenêtres, à nous permettre de nous échapper de la réalité, du quotidien, de la tristesse, à nous rendre plus sensible, plus léger. Oserais-je dire plus heureux ?
Propos recueillis par Pierre Notte
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