Ivresse(s)

Falk Richter écrit sur nos aliénations technologiques et économiques. Jean-Claude Fall met en scène des individus qui projettent et calculent leur vie plutôt que de la vivre. Une oeuvre réflexive radicale, humaniste et non dénuée d’humour. À voir absolument !
Falk Richter écrit sur nos aliénations technologiques et économiques. Jean-Claude Fall met en scène des individus piégés qui projettent et calculent leur vie plutôt que de la vivre. Dans un dispositif artisanal, le public entre en empathie avec les personnages de cette œuvre réflexive, radicale, humaniste et non dénuée d’humour.
  • Une nouvelle résistance

Auteur et metteur en scène allemand né en 1969, Falk Richter interroge la façon dont nous faisons face aux pressions économiques qui influencent aussi bien notre manière de penser et de ressentir que notre relation à l’autre. Sommes-nous voués à la seule ivresse de la consommation, du travail, de la Bourse ?

Drôle, caustique, cruel, rempli de colère et de rage, Ivresse(s) laisse entrevoir que dans la fugacité et la fragilité se dessine une nouvelle résistance : « Les gens et les esprits se remettent en mouvement... c’est ça, le sujet d’Ivresse(s). »

  • La presse

« dans ce spectacle, c’est le talent créatif des interprètes qui sublime l’usage des outils, simple feuille de papier, pince à linge, tablette électronique ou smartphone. La troupe réunie autour de Jean-Claude Fall (...) fait preuve d’un talent interprétatif remarquable et danse plutôt qu’elle ne joue cette partition des égarements. » Catherine Robert, La terrasse, 19 novembre 2017

  • Note d'intention

« Je pense qu’en ce moment, c’est sur cela que j’écris : le fait que l’on ne se sente plus responsable de rien ni de personne, le manque d’intérêt pour tout ce qui n’est pas son propre projet, ou en d’autres termes la fin de l’amour et de la relation humaine. Et aussi la lutte contre ces tendances et l’engagement pour de nouveaux mouvements politiques qui cherchent à redéfinir le collectif et à situer la vie hors du cycle du profit et de la destruction. »

De crise en crise, le capitalisme financier et spéculatif renaît de ses cendres encore renforcé. Cela se passe un peu comme dans la « logique » de la vente d’armes libre aux Etats-Unis. Remise en question à chaque drame absurde et meurtrier, elle ressort chaque fois renforcée dans sa « logique » jusqu’au-boutiste (« si la vente d’armes était plus libre encore ces drames ne pourraient pas avoir lieu »). La « logique » ultralibérale, faisant fi de toute réalité, nous dicte une loi inepte : un marché vraiment exonéré de toute réglementation et de toute contrainte serait le plus sûr moyen de permettre un juste partage des richesses et d’éviter les crises. Et chaque crise est le plus sûr moyen de renforcer ce discours. Nous vivons dans un monde devenu fou où cette fiction et son métalangage nous régissent, nous entravent, nous ligotent, nous font disparaître, nous, êtres humains. Nous sommes maintenus dans un état d’étourdissement, d’éblouissement, d’aveuglement par nos capacités nouvelles à manifester notre « personnalité » à travers ces réseaux de communications égocentrés, égotiques qui, au lieu de nous relier, nous enferment dans une solitude toujours plus grande. La vie réelle disparaît au profit du spectacle de la vie. La collectivité humaine disparaît et devient une juxtaposition d’individus solitaires et malades de solitude. Et pendant ce temps une partie infime (1%) de la population détient la moitié des richesses de ce monde.

Ivresse(s) est un montage réalisé à partir de trois textes de Falk Richter. Écrit en 2012, Ivresse est la colonne vertébrale de ce travail. Nous y avons intégré quelques extraits de Protect me et Play loud. Ces textes déclinent à l’infini un des thèmes récurrents de l’oeuvre de Falk Richter : Comment ce système en crise, ce système de la crise, ce système qui jouit de la crise vit en chacun de nous dans tous les instants de nos existences, un peu comme un alien que nous porterions en nous et qui nous dévorerait de l’intérieur.

Comment ce système en crise produit la crise dont il tire profit. Comment il produit l’écriture de l’auteur de théâtre. Comment il produit nos relations amoureuses. Nos relations sociales. Amicales. Professionnelles. Sexuelles. Nos relations au public. Nos relations à la production même. Comment il les guide, les induit, les empêche, les détruit, les démolit, les pourrit de l’intérieur. Comment il bouffe notre spiritualité, nos corps, nos désirs mêmes. Comment il récupère instantanément toutes nos tentatives de nous rebeller, comment nos tentatives de rébellion sont inscrites dans le programme de crise. Comment chacune de nos révoltes est toujours et déjà digérée et utilisée contre nous par ce système totalitaire. Désespérant ? Non pas.

Dans Ivresse(s) Richter lance un message « positif ». Dans les interstices, dans les moments fugaces de liberté sans but, dans les moments dangereux de détresse intime, dans les moments d’errance ou d’effroi, se trouvent peut-être les vrais moyens de résistance, d’ébranlement du système. Peut-être même que la fin de la pièce, dans un campement improbable de protestataires naïfs, un peu bêtas, sans aucun discours politique, sans idéologie précuite, sans expérience de la révolution, sans objectifs, sans activité autre qu’être là et s’arrêter un instant, peut-être que là se trouve notre vraie capacité à opposer un non timide, incertain, mais porteur d’espérance vraie. Changer le monde (qui en a bien besoin comme dit Brecht) se fera peut-être sans plan précis. Cela se fera peut-être parce que nous ne pourrons pas faire autrement sous peine de mort. Parce que nous n’en pourrons tout simplement plus. Une sorte d’épuisement salvateur, de « ne pas faire » entêté et muet, de transfiguration silencieuse et paisible.

Jean-Claude Fall

Sélection d’avis du public

Bravo Par Alexandre G. - 13 décembre 2017 à 21h27

C'est tout simplement pour ce genre de pièce que l'on a envi d'aller au théâtre : intense, extrêmement bien mis en scène, terriblement d'actualité, superbement joué... On assiste à un vrai moment !

Par Christine F. - 8 décembre 2017 à 11h35

Beauté du texte, originalité et sobriété de la mise en scène et jeu parfait des acteurs.

Par Deponfilly M. - 2 décembre 2017 à 16h48

Cruel, révolté, en colère, drôle, le texte ne laisse pas indifférent. Les comédiens sont excellent, on rit, on réfléchit. Un théâtre contemporain réjouissant ! Des lycéens dans la salle ont applaudi à tout rompre lors de la représentation. A voir absolument

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Bravo Par Alexandre G. (1 avis) - 13 décembre 2017 à 21h27

C'est tout simplement pour ce genre de pièce que l'on a envi d'aller au théâtre : intense, extrêmement bien mis en scène, terriblement d'actualité, superbement joué... On assiste à un vrai moment !

Par Christine F. (1 avis) - 8 décembre 2017 à 11h35

Beauté du texte, originalité et sobriété de la mise en scène et jeu parfait des acteurs.

Par Deponfilly M. (1 avis) - 2 décembre 2017 à 16h48

Cruel, révolté, en colère, drôle, le texte ne laisse pas indifférent. Les comédiens sont excellent, on rit, on réfléchit. Un théâtre contemporain réjouissant ! Des lycéens dans la salle ont applaudi à tout rompre lors de la représentation. A voir absolument

Informations pratiques

Cartoucherie - Théâtre de la Tempête

Route du Champ de Manœuvre 75012 Paris

Accès handicapé (sous conditions) Bar Cartoucherie
  • Métro : Château de Vincennes à 1 km
  • Bus : Cartoucherie à 174 m, Plaine de la Faluère à 366 m
  • Navette : Sortir en tête de ligne de métro, puis prendre soit la navette Cartoucherie (gratuite) garée sur la chaussée devant la station de taxis (départ toutes les quinze minutes, premier voyage 1h avant le début du spectacle) soit le bus 112, arrêt Cartoucherie.

    En voiture : A partir de l'esplanade du château de Vincennes, longer le Parc Floral de Paris sur la droite par la route de la Pyramide. Au rond-point, tourner à gauche (parcours fléché).
    Parking Cartoucherie, 2ème portail sur la gauche.

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Plan d’accès

Cartoucherie - Théâtre de la Tempête
Route du Champ de Manœuvre 75012 Paris
Spectacle terminé depuis le dimanche 17 décembre 2017

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