Insoutenables longues étreintes

du 18 janvier au 10 février 2019
1h45

Insoutenables longues étreintes

Galin Stoev met en scène un nouveau texte d'Ivan Viripaev.
Quatre trentenaires éprouvent leur relation au monde dans une confrontation plus ou moins violente à leur solitude intérieure. Errant au gré de leurs doutes et de leurs impulsions, ils flirtent avec le danger dans une quête effrénée de sens et d'amour. Un texte fort de l’auteur russe Ivan Viripaev servi par une belle mise en scène de Galin Stoev et interprété avec une justesse remarquable.

« Je te rencontre, tu me rencontres.
Ma tendresse rencontre la tienne,
et l’univers s’élargit. »
Ivan Viripaev, Insoutenables longues étreintes

  • Etre vivant

Tout commence dans le New York d’aujourd’hui où évoluent Monica, Charlie, Amy et Christophe, trentenaires aux amours brisées et aux destinées hasardeuses.

De New-York à Berlin, sur fond de fête, de drogue, de sexe et de violence, tous quatre parviennent à se croiser, se séduire, s’aimer puis se haïr. Ces errances témoignent d’un sentiment d’échec que peut ressentir une génération en quête effrénée du plaisir et redéfinissant radicalement les paramètres de la liberté.

Ivan Viripaev débute sa carrière théâtrale au tournant des années 2000, lorsque son texte Oxygène le place au rang des dramaturges russes les plus représentés dans le monde. Un long compagnonnage l’unit à Galin Stoev qui a mis en scène cinq de ses pièces traduites en français, parmi lesquelles Danse Delhi présentée en 2011 à La Colline.

Traduction Galin Stoev et Sacha Carlson.

  • La presse

« Et c’est un spectacle à la fois déroutant et fort (...) Déroutant, car c’est une sorte de pièce fractale que signe Ivan Viripaev en explosant la dramaturgie classique. (...) Il se pourrait qu’il faille aller jusqu’au bout du chaos pour pouvoir empoigner à nouveau l’existence, laquelle ne se laisse saisir, peut-être, qu’au prix d’une étreinte insoutenable et longue. » Fabienne Darge, Le Monde, 28 janvier 2019

  • Note d'intention

Une recherche de liberté
Ce texte de Viripaev se rapproche étrangement de ses premiers textes, et particulièrement d’Oxygène, puisqu’il s’agit d’une pièce écrite sous la forme d’un talk-show : les personnages se racontent dans un flux de paroles et les acteurs ne les incarnent pas de manière classique, c’est tout ce qui fait la particularité et la richesse de la dramaturgie de Viripaev. Concrètement, les personnages « racontés » dans la pièce viennent de pays différents. Leurs destins se croisent à New York, qui devient l’emblème d’un monde « global » où tout existe de manière dispersée, disloquée ou explosée.

On retrouve dans ce texte quelque chose de l’énergie vitale et furieuse des autres pièces de Viripaev, mais avec une plus grande compréhension et une infinie tendresse pour les personnages. Ce nouveau texte témoigne de plus de maturité, non seulement dans l’écriture mais aussi dans le regard émotionnel et idéologique. On y entend en particulier toutes les profondeurs de Danse « Delhi », accueilli à La Colline en 2011, mais dans une forme rappelant celle d’Oxygène.

Le texte affronte cette question fondamentale déjà en germe dans ses textes précédents : comment peut-on transformer la force destructrice du monde extérieur en une force intérieure de créativité ? Ivan Viripaev cherche à montrer comment, par des choix profondément intimes et secrets, nous pouvons construire une réalité commune et partagée. En un sens, la pièce témoigne aussi d’une puissante recherche de liberté, lorsqu’elle sonde la possibilité d’aimer et d’être libre quand cela paraît précisément inconcevable. Là se cache la force et la beauté de ce texte, dont la théâtralité jaillit aussi de sa capacité à nous inspirer.

Une intrigue multidimensionnelle
Au premier abord, le texte semble assez simple, dans la mesure où il se conforme à la logique d’une histoire linéaire. Mais en même temps, différents motifs, événements ou expressions diffractés dans l’ensemble du texte et de l’intrigue se mettent à résonner comme « par sympathie ».

Ainsi, il est remarquable que d’un point de vue géographique, l’intrigue se déroule entre deux villes très éloignées, mais qui semblent faire écho l’une à l’autre : « Berlin, c’est une ville exactement comme New York, mais sans les gratte-ciels et beaucoup moins chère ». Mais on peut déceler aussi une géographie parallèle, où un espace vient à s’ouvrir entre le « nouveau monde », et toute la puissance onirique et fantasmatique que celui-ci parvient à susciter dans l’imaginaire des personnages. Dans ce décor, ils commencent à vivre et à exprimer différents états de conscience, c’est-à-dire aussi différents états du langage, engendrés par la détresse, la drogue, le désir, ou même par le néant. Progressivement, au fil de l’intrigue, une voix – « la voix de l’univers » – se met à résonner dans leur tête : une voix tout à la fois tendre, ironique et surprenante, qui est aussi un outil dramaturgique puissant pour pouvoir déployer un « espace autre » où les personnages parviennent à tisser des liens beaucoup plus directs, dangereux ou inspirants ; précisément parce que dans cet espace, la logique et la langue changent leurs règles. Ainsi, dans l’architecture monocorde de son texte, l’auteur parvient à créer progressivement des percées à travers lesquelles on commence à ressentir un nouveau monde, qui peut se développer à travers les destins de nos personnages, avec toutes leurs fautes, leurs maladresses et leurs espérances.

Une langue paradoxale
La langue utilisée dans le texte, qui semble de prime abord très simple et très concrète, s’ouvre à une autre dimension. Cela demande aux traducteurs de trouver un glissement presque invisible d’un langage manifestement quotidien à un langage suffisamment paradoxal pour que puisse advenir à la fois l’humour et un souffle poétique. Chez Viripaev, les mots ont un pouvoir sur les corps, ceux des acteurs et ceux des spectateurs ; il bouleverse par ses textes les lois physiques et linguistiques, il fait bouger les frontières et donne par là même un sentiment de libération. Aussi, le premier enjeu de traduction semble se situer dans l’utilisation conjointe de la langue littéraire et d’une langue plus populaire et argotique, voire vulgaire.

En effet, l’intrigue se déroule au départ au moyen d’une langue conventionnelle, mais « trébuche » constamment à l’occasion d’« injures » qui sont comme autant de syncopes ou de contrepoints. C’est ce qui crée un état d’éveil, d’attention appuyée ou de vigilance constante. Mais en même temps, en injectant des bouffées d’oxygène à travers un sens de l’humour aigu et finalement paradoxal en regard de la gravité des événements relatés, cela crée aussi des ouvertures qui permettent au spectateur de garder souplesse et légèreté, essentiellement dans les moments où il est plongé dans les profondeurs sombres de l’histoire. Souplesse indispensable pour qu’une distance puisse émerger et le sens advenir.

Finalement, l’enjeu pour la traduction est de trouver tous ces points et contrepoints de la langue, de l’expression et du code, afin de pouvoir traiter la langue comme des notes, et créer ainsi une sorte de partition suffisamment claire pour le lecteur et le comédien, lui donnant les moyens d’interpréter toutes les facettes possibles de l’histoire.

Galin Stoev, octobre 2018

Sélection d’avis du public

Remarquable ! Le 29 janvier 2019 à 19h13

Un texte profond, touchant et drôle à la fois mais surtout tellement indispensable ! Des comédiens remarquables et une mise en scène belle et efficace... j’ai passé un moment fabuleux et marquant. Il faut y aller absolument.

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Remarquable ! Le 29 janvier 2019 à 19h13

Un texte profond, touchant et drôle à la fois mais surtout tellement indispensable ! Des comédiens remarquables et une mise en scène belle et efficace... j’ai passé un moment fabuleux et marquant. Il faut y aller absolument.

Informations pratiques

La Colline (Théâtre National)

15, rue Malte Brun 75020 Paris

Accès handicapé (sous conditions) Bar Gambetta Librairie/boutique Restaurant Salle climatisée Vestiaire
  • Métro : Gambetta à 73 m
  • Bus : Gambetta - Pyrénées à 53 m, Gambetta à 57 m, Gambetta - Cher à 144 m, Gambetta - Mairie du 20e à 150 m
  • Station de taxis : Gambetta
    Stations vélib  : Gambetta-Père Lachaise n°20024 ou Mairie du 20e n°20106 ou Sorbier-Gasnier
    Guy n°20010

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Plan d’accès

La Colline (Théâtre National)
15, rue Malte Brun 75020 Paris
Spectacle terminé depuis le dimanche 10 février 2019

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