« Et l’original de votre acte de naissance, vous l’avez ?
Des heures d’attente dans les guichets.
J’y comprends rien, tu me traduis ?
Voilà votre récépissé. Signez en bas, au revoir merci. »
Le texte de Violaine Schwartz donne la parole à Io, princesse d’Argos, violée par Zeus, transformée en génisse blanche, puis pourchassée par un taon, dont le sort rappelle celui des migrants, chassés de partout. Ici, elle devient tour à tour BIO, qui vient du Kosovar ; DIO, qui a traversé le désert ; VIO, qui a payé 8000 euros son voyage jusqu’au centre de rétention du Mesnil-Amelot ; ZIO, en rade à Calais. Et parfois, elle n’a même plus de nom. Ou alors elle ne s’en souvient plus. Elle n’est plus qu’un numéro.
I0 467 retrace le parcours de ceux qui ont tout quitté pour venir ici, bravant la fureur de la mer, la police aux frontières. Mais aujourd’hui, les gardes-côtes ont remplacé les dieux de l’Olympe, la langue administrative s’est hérissée de barbelés.
La musique de l’altiste Séverine Morfin vient souligner, amplifier, scander, rythmer, enrager la parole de Io. Comme une voix supplémentaire dans ce monologue polyphonique.
5, rue du Plateau 75019 Paris